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Ces croyants qui ont fait le siècle

Ces croyants qui ont fait le siècle
  • Auteur : Pierre Pierrard, Nicolas Pigasse
  • Editeur :
  • Nombre de pages : 0
  • Prix : 0,00 €

À première vue, les Figures catholiques du XXe siècle de Jean Peyrade et Ces croyants qui ont fait le siècle de Pierre Pierrard et Nicolas Pigasse poursuivent un but semblable : mettre en relief les personnalités catholiques remarquables de ces cent dernières années.

Pourtant derrière les préférences des auteurs, deux visions différentes du catholicisme se dévoilent et c'est la douloureuse division de l'Église qui apparaît.D'emblée, Jean Peyrade propose les biographies de dix témoins exceptionnels de la foi catholique : des poètes et des écrivains, Marie-Noël et Patrice de La Tour du Pin, Maxence Van Der Meersch, Georges Bernanos et Thomas Merton ; un journaliste, Jean Lecour Grandmaison ; un homme politique, Robert Schuman ; deux clercs, le cardinal Saliège et Frantz Stock ; une carmélite, Alessandra di Rudini. Ces portraits entraînent le lecteur à la contemplation sinon à l'imitation de la vie de ces chrétiens fervents qui connurent parfois une étonnante conversion.C'est une démarche très différente qui inspire les auteurs de Ces croyants qui ont fait le siècle. Ce n'est pas à cause du rayonnement de leur foi qu'ils ont choisi leurs personnages, mais en considération de leur action. De plus, ce sont des " croyants " et pas seulement des catholiques et, quand ils sont catholiques, ils sont parfois très en marge de l'Église sinon en rupture avec elle. Au sein d'une nébuleuse aux contours imprécis il a fallu exercer un choix. Ont été retenus " les hommes et les femmes qui ont fait "bouger" l'histoire de ces cent dernières années ". Ceux-ci ont été soutenus et inspirés par la " vie spirituelle ". L'imprécision des termes permet de citer des centaines de noms dont il est difficile de trouver le dénominateur commun. Au fil des pages, on rencontre aussi bien Françoise Dolto que Georges Bernanos, Jacques Delors que le père de Foucauld. Il a donc fallu constituer des regroupements plus ou moins pertinents pour se repérer dans cette foule de célébrités : le progrès, la République, le syndicalisme, la justice sociale, le journalisme, la place des femmes dans la société, l'œcuménisme, le dialogue inter-religieux. Hétéroclite. Pour les auteurs, on a progressé dans tous ces domaines au cours d'" un siècle riche, foisonnant, inattendu ". Leur vision est résolument optimiste. Elle n'est troublée par aucun examen critique. Toute rupture avec le passé est bonne par définition et tout ce qui a fait " bouger " l'Église et la société est excellent. Ce parti pris empêche malheureusement toute mise en perspective historique. Ceci est patent dès le " Rappel des grandes étapes du siècle ". La chronologie qui ouvre le livre s'appuie sur une sélection de dates et d'événements totalement arbitraire. Pourquoi citer l'arrivée au pouvoir d'Hitler et pas celle de Staline ? L'élection de Mitterrand et pas celle de Pompidou ? De Pie XI, on passe directement à Jean XXIII : Pie XII est aux abonnés absents. La seule encyclique de Jean-Paul II mentionnée est Centesimus annus. Parmi les nombreux journalistes cités, il n'est question ni de Jean de Fabrègues, ni de Lecour- Grandmaison, ni de Marcel Clément. Que de jugements ex abrupto comme " l'influence jugée très directive et peu libérale du père Doncœur "... ! Que de choix discutables (une notice sur Mgr Riobé, aucune sur le cardinal Gerlier) !Malgré l'abondance des noms cités, c'est un éclairage particulier qui est projeté sur l'action de certains chrétiens, et le reste de la scène politique et religieuse demeure dans l'ombre. C'est un hommage à ceux qui agirent au nom d'une certaine idée de l'Église et de la société. Au fond, c'est le titre qui est mauvais : il faudrait remplacer " ces " croyants par " des " croyants... et ne pas prendre la partie pour un tout.Mais qui fait changer le monde ? Les journalistes, les hommes politiques ? Une autre tradition dans l'Église attribue les changements les plus essentiels (mais pas les plus visibles) aux saints. C'est dans cette tradition que s'inscrit Figures catholiques au xxe siècle en partant de ce constat : " Le xxe siècle n'a pas été seulement un siècle de déchristianisation accélérée, [il] est aussi celui qui a donné à l'Église ses plus nombreux martyrs et nombre de ses plus grands saints. " HELENE FRUCHARDArticle paru dans Liberté Politique N°12


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