Annoncée dans la circulaire de préparation de la rentrée d'avril dernier, la lutte contre l'homophobie [1] va faire l'objet d'une grande campagne d'information dans les lycées à partir d'octobre. Derrière la lutte contre les discriminations, cette campagne est une véritable opération de propagande.

Le dispositif annoncé par Xavier Darcos comprend une campagne d'affichage et la diffusion d'une brochure réalisée par Sida Info Service.

Les affiches seront placardées dans les établissements et des cartes seront distribuées mentionnant le n° de téléphone de la "Ligne Azur". On s'attend à ce que cette ligne soit un lieu d'écoute anonyme et propose également l'aide nécessaire pour mettre fin aux violences dites "homophobes" subies par les jeunes de la part de leur entourage. Il n'en est rien : la Ligne Azur se définit comme un "forum d'entraide et de soutien sur les questions liées à l'orientation et à l'identité sexuelles". Où est donc la prétendue lutte contre l'homophobie ?

Les objectifs poursuivis par le personnel répondant aux adolescents sont les suivants: "valoriser l'orientation ou l'identité sexuelle", "dédramatiser la situation", "élaborer des stratégies pour qu'il puisse s'accepter et se faire accepter". L'objectif n'est donc pas de faire cesser les persécutions mais simplement de rassurer les consciences en légitimant l'homosexualité. On peut raisonnablement craindre que nombre de jeunes qui appelleront parce qu'ils souffrent de discrimination ne trouveront pas de solution à leur problème ; et ce qui est pire, peut-être trouveront-ils des réponses avant de se poser des questions.

Deuxième opération : la diffusion de la brochure Homophobie : savoir et réagir dans tous les établissements (CDI, salles des professeurs, infirmeries...). Le document comprend des témoignages d'adolescents présentés comme victimes d'homophobie (insultes, rejet par la famille...) et des propositions pour les aider notamment dans les domaines juridique et psychique.

La réelle souffrance des adolescents confrontés à des questionnements identitaires y est bien décrite, mais sous prétexte de "protéger" les jeunes, le document fait en réalité la part belle à la valorisation de l'homosexualité. Exemple :

"L'adolescence est une période charnière pour beaucoup: ambiguïtés relationnelles mélangeant amitié profonde, sentiment amoureux et pulsions sexuelles parfois homo-érotisées. [...] Il faut entendre les difficultés que les adolescent(e)s ont à se repérer et à se construire car il y a souvent un manque d'identification à des images valorisantes. Pourtant, des gays et lesbiennes sont reconnus dans leur domaine professionnel : Bertrand Delanoë, Elton John, Amélie Mauresmo..."

Là encore, on est loin de l'objectif affiché de lutte contre l'homophobie et les explications proprement a-morales (et se targuant d'être telles !) n'ont rien d'édifiant : on se contente d'y légitimer et d'y encourager les tendances de chacun.
La personne vaut infiniment mieux que ses actes. Le parti-pris de la campagne risque d'enfermer le lycéen dans ses désirs parfois à peine conscients. Pourquoi les réponses apportées aux adolescents devraient-elles manquer à ce point d'exigence, et faire l'économie de toute recherche de la vérité et de la liberté ? Si Xavier Darcos a tenu bon pour exclure les collégiens ("trop jeunes") de ce dispositif, il semble qu'il n'ait pas pu éviter la récupération par le lobby homosexuel de sa campagne de lutte contre l'homophobie. Faiblesse ou compromission ? [Sources : LEtudiant.fr, AFP, Libération, Ligneazur.org]
[1] Rappelons que l'utilisation de ce mot est incorrecte puisqu'il signifie étymologiquement "peur de l'identique".
>>> La brochure Homophobie : savoir et réagir (pdf)

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