Une page se tourne. Le système, que nous savons pourtant moribond, se défend avec une énergie rare. Pour reprendre les mots célèbres que l’on attribue à Soljénitsyne : « Nous savons qu’ils mentent, ils savent aussi qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons aussi qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent et pourtant, ils persistent à mentir. »

Ils persistent à mentir, et surtout, ils persistent à bâillonner ceux qui font entendre la voix de la vérité. Après l’éphémère victoire de la relaxe lors du procès d’Eric Zemmour en appel, pour ses propos à la Convention de la droite, le système s’est aussitôt vengé : le CSA, inventant le concept sur mesure de « présumé candidat », a choisi de décompter le temps de parole de l’éditorialiste, et a fini par obtenir son renvoi de CNews et de son émission phare, Face à l’info.

Depuis lundi, c’est donc une nouvelle équipe qui occupe le plateau de ce qui était devenu un rendez-vous incontournable pour tous ceux qui ne supportaient plus la tyrannie du politiquement correct. La première émission sans Zemmour, mais aussi sans ses compagnons de fortune, a été présentée par la très digne Christine Kelly qui n’a pas eu peur de mettre des mots sur la censure injuste dont ils ont fait l’objet, avec sobriété et émotion. En revanche, il n’est pas sûr que le choix de la rédaction pour remplacer la vedette ait été le bon. Un plateau féminisé, rajeuni, mais sans le sel de la bande des compères qui avait su conquérir le cœur de tant de Français. Si Charlotte d’Ornellas fait preuve d’une réelle combattivité, Eugénie Bastié marmonne un propos sans vie, très scolaire, qui en quelques secondes nous fait regretter amèrement les plus grandes heures de l’émission… Le nouveau plateau n’a ni la maturité, ni la profondeur historique et philosophique, ni l’immense culture du précédent, tiré vers le haut par Zemmour, qui permettait de ciseler une pensée puissante, faisant mouche, et séduisant un nombre toujours plus grand d’auditeurs.

Tant pis, ou tant mieux ? Ses qualités n’en ressortent que mieux. Dans quelques jours, les chiffres parleront certainement d’eux-mêmes. La bataille de l’audience se joue désormais ailleurs. Le polémiste doit désormais passer à autre chose et achever sa mue. Le CSA a fini par avoir la peau – momentanément – de l’émission où il brillait, mais a bien tort de se réjouir de cette victoire à la Pyrrhus. Il n’est jamais bon de pousser un adversaire dans ses ultimes retranchements. Résultat : jamais la presse, les médias, n’ont autant parlé d’Eric Zemmour. Ses faits et gestes, son bannissement ont éclipsé le congrès de rentrée du Rassemblement National qui se tenait à Fréjus les 10 et 11 septembre. Ces derniers jours, son nom caracolait en tête des recherches Google, laissant tous ses potentiels concurrents loin, très loin derrière lui. La France s’ennuie à en mourir en compagnie de Michel Barnier et de Valérie Pécresse, se gausse de Sandrine Rousseau, s’agace d’Anne Hidalgo. Le phénomène Zemmour la réveille et la stimule. Voilà un absent qui sait extraordinairement bien faire parler de lui, et c’est une très bonne nouvelle.

François Billot de Lochner

Jeudi 16 septembre verra la sortie officielle du livre d’Eric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot. Il est d’ores et déjà disponible en précommande chez notre partenaire, Livres en famille.