En France, aujourd’hui, les victimes de la violence sont toujours plus jeunes. La semaine dernière, dans l’Essonne, en région parisienne, deux adolescents de 14 ans étaient poignardés à mort en moins de 24 heures, tandis qu’un troisième, âgé de 13 ans, était sauvé de justesse après avoir reçu un coup de couteau à la gorge. 

Des vies fauchées trop tôt, à la suite de sordides règlements de compte de bandes tentaculaires, formant de véritables petites armées que plus rien n’arrête. La première victime, une collégienne, a reçu un coup de couteau dans le ventre en tentant de s’interposer. L’autre victime a été tuée au cours d’un affrontement auquel participait une trentaine d’adolescents, munis de bâtons, de béquilles et d’armes blanches.

Peut-on classer de telles horreurs comme de simples « faits divers » ? La classe politique, en tout cas, ne semble guère s’émouvoir de cette surenchère de barbarie. Huit ans déjà se sont écoulés depuis que Laurent Obertone publiait son essai-choc, La France Orange mécanique, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la situation ne s’est guère améliorée.

Cette situation dramatique, son intensification et son accélération, est le fruit d’une triple responsabilité, tristement partagée.

Responsabilité des familles, pour commencer. Encouragées en cela par l’Etat et par l’école, elles sont les fruits d’un système qui prône le laxisme et la démission. Les enfants, les adolescents sont livrés à eux-mêmes, et l’exemple ne venant pas d’en haut, il n’y a aucune espèce d’autorité familiale à attendre pour venir les encadrer. Ils poussent et croissent ainsi que des arbustes sauvages, et nul ne songe jamais à les « tailler » par une éducation structurée pour leur donner une forme et une âme humaine.

Responsabilité de l’Education nationale, en second lieu. Le ministère de la rue de Grenelle n’instruit pas plus qu’il n’éduque, et laisse en friche les enfants qui lui sont confiés. Les professeurs n’ont ni les moyens moraux (pour les meilleurs d’entre eux), ni la volonté (pour les plus idéologisés) de leur donner une colonne vertébrale par le savoir. Pire, l’Education nationale entretient les adolescents dans le sentiment bien commode que s’ils sont en si piètre posture, c’est que la « société » est responsable de leur malheur. Ils ont toutes les excuses, et tous les droits. Envisager de les rééduquer, avec un peu de muscle, il n’y faut point songer : ce serait assimilé à du fascisme…

Responsabilité de l’Etat, enfin, matrice des autres responsabilités. Il n’est pas anodin que ces actes de violence surviennent à proximité de grandes agglomérations déshumanisées, cibles de politiques publiques à répétition qui sont capables de larguer par avion des millions, mais qui ne s’attaquent jamais aux problèmes de fond, situés bien en amont, à commencer par une immigration dérégulée qui a permis à des populations déracinées de s’y installer, sans horizon, sans idéal et sans travail. Les subventions dont bénéficient ces territoires, qui ne sont pas perdus pour tout le monde, sont inversement proportionnelles à l’autorité de l’Etat qui s’y exerce, ou aux moyens policiers et judiciaires destinés à faire régner l’ordre.

La solution pour mettre fin à ce tragique état de fait existe bel et bien, mais elle exige un changement de logiciel politique plus que radical… copernicien !

François Billot de Lochner