Semaine Sainte : entre renouveau spirituel, incertitudes et espérance

L’augmentation des baptêmes et de la fréquentation des églises durant le Carême est une nouvelle réjouissante. Dans des périodes d’incertitude, le retour vers la religion apparaît souvent comme un réflexe naturel pour beaucoup. Ce mouvement, encore marginal, doit toutefois être accompagné avec soin pour ne pas s’essouffler comme un feu de paille.

Cette année, plus de 10 384 adultes seront baptisés lors de la nuit de Pâques, soit une hausse de 31 % par rapport à 2024. Au total, ce sont 17 788 personnes, incluant 7 404 adolescents âgés de 11 à 17 ans, qui recevront le Sacrement. Ces chiffres permettent à l’Église catholique en France de retrouver un souffle d’espérance dans un contexte médiatique particulièrement difficile.

Les scandales, qu’ils soient avérés ou non : maltraitances dans l’enseignement catholique, implication d’ecclésiastiques, de communautés, voire d’évêques, auraient pu entraîner un rejet massif de l’institution. Pourtant, contre toute attente, le nombre de catéchumènes explose, même si ce phénomène reste loin d’être majoritaire et concerne principalement les zones urbaines.

Que ce soit dans des communautés traditionnelles ou plus modernes, les baptêmes suscitent un vif intérêt. Cette dynamique peut s’expliquer, en partie, par un effet de rattrapage : le baptême des jeunes enfants, en forte baisse depuis des décennies, laisse place à des engagements plus tardifs.

 

Il appartient désormais à l’Église d’accueillir pleinement ces nouveaux fidèles. Sans céder à l’enthousiasme parfois excessif des néophytes, elle devra leur offrir, au-delà de la voie du Salut qui est sa mission première, une communauté vivante où ils se sentiront aimés et soutenus dans des temps incertains. Pour y parvenir, plusieurs défis se posent. Tout d’abord, l’Église doit poursuivre ses efforts pour mettre fin aux scandales qui l’ont ternie et veiller à ne pas s’exposer à de nouvelles controverses, notamment en ne confiant pas ses affaires à des personnes et des structures nuisibles. Ensuite, elle doit tirer les leçons de ses erreurs passées. Par exemple, trop de prêtres vivent encore isolés, alors qu’ils gagneraient à être soutenus par une vie communautaire.

 

Enfin, l’Église devra favoriser une coexistence harmonieuse entre ses différentes sensibilités internes et s’ancrer résolument dans une démarche évangélique, centrée sur le Salut. Elle devra éviter de se laisser détourner par des considérations politiques, comme elle a pu le faire par le passé en soutenant l’Union européenne ou en prenant position sur des échéances électorales. C’est à ce prix qu’elle pourra accompagner les nouveaux baptisés et faire rayonner son message d’espérance.

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique