Même si la dégradation de la situation ne filtre qu’au compte-gouttes dans la presse officielle, les troubles entre les forces de l’ordre et les populations des banlieues n’en finissent pas de se reproduire. Des vidéos amateurs, des témoignages fusent de partout : de Villeneuve-la-Garenne, bien sûr, l’allumette qui a mis le feu aux poudres, mais aussi de Grigny, d’Evry ou de Rillieux-la-Pape… tout le territoire national est concerné.

Pas encore une révolution, mais l’on est déjà passé du stade des « violences » à celui « d’émeutes ». Et face à une telle situation, les forces de l’ordre ne peuvent être que désemparées, devant les ordres qui viennent d’en haut. Déjà, en mars, une visioconférence entre la place Beauvau et les préfets des zones de défense, dévoilée par Le Canard enchaîné, révélait que Laurent Nuñez, secrétaire d’Etat à la Sécurité, n’avait nulle envie de serrer la vis dans les banlieues. Trop dangereux. Un écho confirmé par des syndicats de police, formels, à l’image du syndicat Alliance : « les policiers ont bien ordre de ne pas aller dans certains endroits ! » se révoltait Fabien Vanhemelryck, le secrétaire du syndicat de police Alliance, dans les colonnes du Parisien. Puis l’on a appris l’existence d’un telex de la direction départementale de la sécurité publique du Calvados, donnant des instructions restreignant les conditions d'intervention et de patrouille de la police nationale pendant la période du ramadan. Le Directeur général de la Police nationale a exigé un rapport d’explications… on l’attend toujours. Plus récemment encore, une association de policiers a diffusé sur les réseaux sociaux un message radio de consignes transmis aux forces de police, les invitant explicitement à éviter toute confrontation avec les « perturbateurs ». Laurent Nuñez, lui, assure qu’il n’y a aucune espèce de consigne d’allègement. Comment le croire ?

Comment exercer son devoir de maintien de l’ordre dans ces conditions ? Les fauteurs de troubles écoutent les informations comme vous et nous… et ne peuvent prendre que comme des encouragements ces déclarations et ces consignes officielles qui sonnent comme de terribles aveux de faiblesse. On ne compte plus les guet-apens dans lesquels les policiers, tout comme les pompiers, peuvent être attirés, pour se faire caillasser et injurier. En réaction, les « gardiens de la paix » ont ordre de baisser les yeux, de se retirer, et de laisser les caïds, comme toujours, faire la loi à leur place au détriment des habitants des banlieues, qui cette fois, récoltent en plus de la violence la contagion de la part de ceux qui s’estiment racialement au-dessus du virus. Mais le plus grave est que les policiers ne peuvent dans cette lutte sans espoir et sans issue compter sur aucun soutien de leur hiérarchie, ni des médias, qui font de la surenchère pour pointer du doigt leur propension à la bavure. Leurs nerfs sont mis à rude épreuve, ils sortent de leurs gonds parfois mais que l’on se rassure : dénoncer leur racisme supposé fait, là, en revanche, partie des priorités du gouvernementales car « le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine », twitte Christophe Castaner. Il est en revanche certain que le mal de fond, à savoir une intégration ratée des populations en révolte, puisant dans l’islam le mépris et la haine pour la France qui les accueille, ne saurait être nommé par nos dirigeants.

François Billot de Lochner

Président de Liberté politique, du collectif France Audace et de Stop au porno