Jupiter a tranché : pour sortir du marais covidique dans lequel il ne cesse de s’embourber, il a choisi de tirer au sort 35 citoyens qui n’ont rien demandé, afin qu’ils donnent leur avis sur une stratégie vaccinale qui, avant même de décoller, a déjà sérieusement du plomb dans l’aile

Emmanuel Macron est coutumier du fait : 150 citoyens avaient déjà été sollicités pour nous dessiner un avenir plus vert et former une « Convention citoyenne pour le climat ».

Les gens qui nous gouvernent ont-ils donc perdu toute confiance en la démocratie, ou ce qu’il en reste, qu’ils se sentent obligés de convoquer des assemblées de substitution, qui ne doivent rendre de comptes ni à Dieu ni à diable ? Nous sommes censés vivre sous le régime de la Ve République, une démocratie représentative, avec un Parlement élu, des députés, des sénateurs, et un gouvernement responsable devant ce même Parlement, dont la mission est de représenter le peuple. La durée du mandat présidentiel a même été modifiée justement pour, pensait-on, favoriser l’adéquation entre le président, le Premier ministre et son gouvernement, et l’Assemblée nationale élue dans la foulée. On se demande bien à quoi tout cet arsenal peut servir si, en période de crise, la parole de Monsieur Leguignon, lampiste, fait office de boussole pour des dirigeants qui ne savent plus diriger. Tout cela ressemble fort à une parodie de démocratie…

Quel paradoxe : d’un côté, ministres et président se méfient comme de la peste du référendum, ou du référendum d’initiative populaire, ne songent qu’à dissoudre le peuple, à se défausser de leurs responsabilités sur des bataillons de technocrates et d’organisations internationales ; de l’autre, ils exhibent de pauvres gars sortis de nulle part mais qui seront habilement manipulés pour dire ce qu’il faut dire, tout cela pour se donner l’impression d’être proches du peuple.

En d’autres termes, cela s’appelle de la démagogie. Ou du populisme, si vous préférez. Poussons le raisonnement jusqu’au bout : ira-t-on, un jour, tirer au sort un « panel représentatif » chargé de déterminer la stratégie de Défense de notre pays ?

Nous pourrions être tentés de penser que ce n’est « que de la com’ », comme on dit familièrement. Que de la communication ? La situation est bien plus grave. Il s’agit bien évidemment d’une pitoyable stratégie de communication, mais qui révèle un vice plus profond : une vision cynique et désabusée du pouvoir, pour laquelle ne comptent ni le mandat électif, ni la responsabilité du dirigeant, ni la puissance du corps constitué, ni la maîtrise des rouages de l’Etat. Un scepticisme profond à l’égard du fonctionnement traditionnel de nos institutions.

Elections après élections, journalistes et politiciens se lamentent sur le discrédit qui frappe la classe politique, et sur la montée inexorable de l’abstention, scrutin après scrutin. Comment s’en étonner ? L’exemple vient d’en haut. Par le choix d’une politique du loto, le gouvernement est le premier à envoyer le signal que le processus électif n’est qu’une mascarade, et que le contrat social censé nous lier est en état de liquéfaction avancée.  Tout cela a un effet incontestable : renforcer le pouvoir de notre dictateur à la petite semaine, tout seul à gesticuler pour son bon plaisir, face à 35 individus isolés, choisis au nom de rien, qui n’ont tout simplement pas les moyens de mettre un coup d’arrêt à son irresponsabilité politique. Pour se relever de ce champ de ruines, il va falloir employer les grands moyens : que l’année 2021 nous donner l’opportunité de nous préparer intelligemment à la bataille !

François Billot de Lochner