Taïwan et Ukraine : Emmanuel Macron s’embrouille

Source [Polémia] : Nos médias obnubilés par l’Ukraine ont bien du mal à analyser d’autres problématiques internationales. La tentation est grande d’examiner à travers le prisme ukrainien par exemple la crise de Taïwan. Dans les deux cas, un régime autoritaire, présenté comme totalitaire, met en danger par des visées impérialistes des États indépendants. Mais le rapprochement s’arrête là, sauf si on y ajoute celui, effectif, entre Poutine et Xi initié par un autre impérialisme, celui des Américains et de leurs clients européens.

Suivisme et volonté d’indépendance : l’étrange ballet de Macron

Empire du bien contre empire du mal à Taipei comme à Kiev donc. Mais gare aux comparaisons qui ne sont pas raison. Le président Macron aurait dû y penser. Une nouvelle fois, son « en même temps » s’est fracassé sur la réalité. Il est allé en Chine parler de l’Ukraine alors que Pékin ne s’intéressait qu’à Taïwan. Le président qui n’avait pas vu, comme beaucoup d’ailleurs, l’intervention russe en Ukraine n’avait pas vu non plus les manœuvres chinoises autour de l’ancienne Formose des Portugais, plus faciles cependant à anticiper.

Alors que, bien sûr, il n’obtenait rien sur l’Ukraine, il a décidé de commenter Taïwan, alors que personne ne lui demandait rien. Dans un entretien réalisé avant les manœuvres militaires qui ont secoué l’île de Taïwan, le président français a souligné la nécessité de ne pas « entrer dans une logique de bloc à bloc ». L’Europe ne doit pas « être suiviste » des États-Unis ou de la Chine sur Taïwan, a-t-il dit, s’attirant les critiques de ses alliés occidentaux.

Les bras en tombent. Celui qui suit Biden avec quelques ratés sur l’Ukraine se veut indépendant au nom de l’Europe à Taïwan. Et quand il poursuit, on croit rêver : « le grand risque » que court l’Europe serait « de se retrouver entraînée dans des crises qui ne sont pas les nôtres, ce qui nous empêcherait de construire notre autonomie stratégique ». « Le paradoxe, a-t-il poursuivi, serait que nous nous mettions à suivre la politique américaine, par une sorte de réflexe de panique. » Le sénateur républicain de Floride Marc Rubio s’est étonné de ce positionnement diplomatique après « six heures de visite ». « Nous avons besoin de savoir si Macron parle pour Macron, ou s’il parle pour l’Europe. Nous avons besoin de le savoir rapidement, parce que la Chine est très enthousiaste à propos de ce qu’il a dit », a-t-il écrit de façon cinglante sur Twitter.