Loi immigration : le symptôme du mal politique français

Source [Atlantico] : L'immigration est l’un des domaines dans lesquels il y a le plus grand hiatus entre le discours et la réalité.

Atlantico : Alors que l’examen au Sénat de la loi immigration va débuter ce lundi, ce projet n’est-il pas devenu une bataille symbolique ? Pourquoi l’immigration est-elle le sujet où la vacuité de la vie politique se voit le plus ? A quel point cela est-il dû au « en même temps » macronien ?

Christophe Boutin : La bataille politique engagée autour de la question de l’immigration était dès le début symbolique, puisque le choix qui est fait d’agir par une loi limitait nécessairement les effets du texte.

L’immigration est un des sujets sur lesquels effectivement cette vacuité du pouvoir politique est la plus flagrante, peut-être parce que c’est l’un des domaines dans lesquels il y a le plus grand hiatus entre le discours et la réalité. Lorsque le discours officiel nous dit qu’il n’y a pas eu de changement dû à l’immigration en termes de population en France, il suffit de marcher dans les rues non plus seulement des banlieues périphériques des grandes villes, mais dans celles des villes et villages de France pour constater qu’il n’en est rien. C’est logique : chaque année, une population étrangère équivalente à celle d’une ville comme Mulhouse, Caen ou Nancy (autour des 100 000 habitants) acquiert la nationalité française, ce qui fera un million de personnes durant les deux mandats d’Emmanuel Macron - un chiffre qui, précisons-le, a baissé par rapport aux années Chirac. On nie par ailleurs la part de cette immigration dans l’insécurité, ou son poids dans les dépenses de l’État, et on interdit pour cela l’usage des instruments statistiques, ce qui laisse la part belle aux fantasmes les plus malsains et qui interdit toute politique cohérente.

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