Source [Un résumé de l’intervention de Sébastien Laye de l’Institut Thomas More à l’occasion de la sortie d’une note parue sur les 10 ans de la crise économique.
Le 18 septembre, l’Institut Thomas More organisait un débat sur les dix ans de la crise, après la parution d’une note par Sébastien Laye 2008-2018 : avons-nous tiré les leçons de la crise. Ce débat réunissait Jean Marc Daniel, Christian Saint Étienne et Sébastien Laye. Voici un résumé de l’intervention de Sébastien Laye.
« Ma propre vie étant au carrefour de l’investissement et de l’analyse économique (je travaillais dans un fonds d’investissement new-yorkais lors de la crise), je vais essayer d’apporter un point de vue empirique mais informé, tout en restant attaché épistémologiquement, à la distinction wébérienne, le Savant d’un côté, le Politique ou l’empirique de l’autre, sans prétention à être l’intellectuel que je ne serais pas.
L’intérêt principal de notre dernier travail pour Thomas More réside en l’application d’un certain canevas de compréhension des crises à la prochaine déflagration financière, qui n’est pas pour nous, un événement lointain, mais un sujet d’inquiétude pour les deux prochaines années, au risque d’obérer toute ambition sur ce quinquennat.
Répétition de 2008, crise de plus grande ampleur ou sévère récession du type 1993, peu importe le scénario exact dans la mesure ou un certain nombre de milieux économiques et surtout politiques se laissent actuellement bercer par la douce illusion d’une croissance élevée de manière permanente, la drogue de l’intervention des banques centrales et une période de grande modération (peu de croissance mais disparition des récessions cycliques qui normalement ont lieu tous les six ans environ).
En réalité, pardon de citer Marx en ces milieux plutôt libéraux, mais « l’histoire se répète toujours deux fois, la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ». Or la crise de 2008 n’a jamais été résolue, juste contenue par l’arme monétaire et le déversement de liquidités par les banques centrales. Dans la note, nous utilisons le canevas intellectuel d’un économiste redécouvert justement en 2008, Hyman Minsky. Ce canevas permet de comprendre la crise de 2008 mais aussi les déséquilibres actuels qui conduiront à la prochaine (je signale que je sortirai un article complet sur la pensée de Minsky dans le prochain numéro du Journal des Libertés).
Le concept central chez Minsky est l’Hypothèse d’Instabilité Financière résumée en cette formule sibylline : « la stabilité peut déstabiliser ». Minsky analyse finement le monde de l’investissement (mon univers) et nous explique que le crédit, la finance, est l’adjuvant, l’huile essentielle dans le moteur de nos économies. Il n’y a pas un cycle économique, et un cycle financier, le cycle des affaires EST bien le cycle financier, il y a identité entre les deux.
Lors de longues périodes d’expansion, en particulier des expansions soutenues par les banques centrales avec des taux d’intérêts trop bas, les banques et les investisseurs ont tendance à être dans un environnement de plus en plus lénifiant, abandonnent les critères d’analyse financière, placent sans discernement leurs liquidités, surtout quand elle est quasi gratuite et fournie par les banques centrales.
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