Dans l'attente de Noël, et dans la joie du Seigneur qui vient, nous vous proposons la méditation du pape Benoît XVI sur le mystère de la Nativité, et sur la "vigilance de l'Avent", qui "signifie vivre sous le regard du Juge, nous préparer ainsi nous-mêmes et préparer le monde à la justice".

Catéchèse prononcée à l'audience générale, mercredi 19 décembre, dans la salle Paul VI du Vatican.

Chers frères et sœurs !

Alors que nous nous approchons de la grande fête de Noël, la liturgie nous encourage à intensifier notre préparation, en mettant à notre disposition de nombreux textes bibliques de l'Ancien et du Nouveau Testament, qui nous incitent à bien cerner le sens et la valeur de cette fête annuelle. Si, d'une part, Noël nous fait commémorer le prodige incroyable de la naissance du Fils unique de Dieu de la Vierge Marie dans la grotte de Bethléem, de l'autre, il nous exhorte également à attendre, en veillant et en priant, notre Rédempteur lui-même, qui au dernier jour viendra juger les vivants et les morts .

Peut être qu'aujourd'hui, nous aussi en tant que croyants, attendons réellement le Juge ; nous attendons cependant tous la justice. Nous voyons tant d'injustice dans le monde, dans notre petit monde, chez nous, dans notre quartier, mais également dans le grand monde des Etats, des sociétés. Et nous attendons que justice soit faite. La justice est un concept abstrait : on fait justice. Nous attendons que vienne concrètement celui qui peut faire la justice. Et nous prions en ce sens : Viens, Seigneur, Jésus Christ comme Juge, viens à ta manière. Le Seigneur sait comment entrer dans le monde et instaurer la justice. Nous prions afin que le Seigneur, le Juge, nous réponde, qu'il instaure réellement la justice dans le monde. Nous attendons la justice, mais cela ne peut pas être seulement l'expression d'une certaine exigence à l'égard des autres.

Attendre la justice au sens chrétien,

c'est s'ouvrir au Seigneur qui vient

Attendre la justice au sens chrétien indique surtout que nous commençons nous-mêmes à vivre sous le regard du Juge, selon les critères du Juge ; que nous commençons à vivre en sa présence, en réalisant la justice dans notre vie. Ainsi, en réalisant la justice, en nous mettant en présence du Juge, nous attendons la justice dans le monde réel. Tel est le sens de l'Avent, de la vigilance. La vigilance de l'Avent signifie vivre sous le regard du Juge et nous préparer ainsi nous-mêmes et préparer le monde à la justice. De cette façon, en vivant sous le regard du Dieu-Juge, nous pouvons ouvrir le monde à la venue de son Fils, prédisposer notre cœur à accueillir le Seigneur qui vient .

L'Enfant, que les pasteurs adorèrent dans la grotte de Bethléem il y a environ deux mille ans, ne se lasse jamais de nous rendre visite dans la vie quotidienne, alors que nous marchons en pèlerinage vers le Royaume. Dans son attente, le croyant se fait alors l'interprète des espérances de l'humanité tout entière ; l'humanité aspire à la justice et ainsi, bien que parfois de manière inconsciente, elle attend Dieu, elle attend le salut que Dieu seul peut nous donner. Pour nous chrétiens cette attente est marquée par la prière assidue, comme cela apparaît dans la série particulièrement suggestive d'invocations qui nous sont proposées lors de la Neuvaine de Noël, que ce soit dans la Messe, dans le chant de l'Evangile, ou dans la célébration des Vêpres avant le cantique du Magnificat.

Chacune des invocations, qui sont des implorations pour la venue de la Sagesse, du Soleil de justice, du Dieu-avec-nous, contient une prière adressée à l'Attendu des nations, afin qu'il hâte sa venue. Invoquer le don de la naissance du Sauveur promis, signifie cependant également s'engager à lui préparer le chemin, à lui préparer une demeure digne non seulement là où nous vivons, mais surtout dans notre âme. En nous laissant guider par l'évangéliste Jean, cherchons donc au cours de ces journées à tourner notre esprit et notre cœur vers le Verbe éternel, le Logos, la Parole, qui s'est faite chair et de la plénitude de laquelle nous avons reçu grâce après grâce (cf. 1, 14.16). Cette foi dans le Logos Créateur, dans la Parole qui a créé le monde, en Celui qui est venu comme un Enfant, cette foi et sa grande espérance apparaissent aujourd'hui malheureusement lointaines de la réalité de la vie vécue chaque jour, publique ou privée. Cette vérité semble trop grande. Nous nous arrangeons nous-mêmes selon les possibilités que nous trouvons, c'est au moins ce qu'il semble. Mais de cette façon, le monde devient toujours plus chaotique et même violent : nous le voyons chaque jour. Et la lumière de Dieu, la lumière de la Vérité, s'éteint. La vie devient sombre et sans boussole.

Notre devoir d'évangélisation :

affirmer la vérité du don inouï de Noël

Comme il est alors important que nous croyions vraiment et qu'en tant que croyants nous réaffirmions avec force, à travers notre vie, le mystère du salut qu'apporte la célébration du Noël du Christ ! A Bethléem s'est manifestée au monde la Lumière qui illumine notre vie, la voie qui nous conduit à la plénitude de notre humanité nous a été révélée. Si l'on ne reconnaît pas que Dieu s'est fait homme, quel sens cela a-t-il de fêter Noël ? La célébration devient vide. En tant que chrétiens nous devons tout d'abord réaffirmer avec une conviction profonde et sincère la vérité du Noël du Christ, pour témoigner à tous de la conscience d'un don inouï, qui est une richesse non seulement pour nous, mais pour tous. C'est de là que naît le devoir de l'évangélisation qui est précisément la communication de cet eu-angelion, de cette bonne nouvelle .

C'est ce qui a récemment été rappelé par le document de la Congrégation pour la doctrine de la foi, intitulé Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation, que je désire soumettre à votre réflexion et à votre approfondissement personnel et communautaire.

Chers amis, dans cette préparation désormais immédiate de Noël, la prière de l'Eglise devient plus intense, afin que se réalise l'espérance de paix et de salut dont aujourd'hui encore le monde a un besoin urgent. Nous demandons à Dieu que la violence soit vaincue par la force de l'amour, que les oppositions cèdent le pas à la réconciliation, que la volonté de domination se transforme en désir de pardon, de justice et de paix. Que les vœux de bonté et d'amour que nous nous échangerons ces jours-ci touchent tous les domaines de notre vie quotidienne.

Que la paix soit dans nos cœurs, afin qu'ils s'ouvrent à l'action de la grâce de Dieu.

Que la paix demeure dans les familles et que celles-ci puissent passer Noël unies devant la crèche et l'arbre décoré de lumières.

Que le message de solidarité et d'accueil qui provient de Noël, contribue à créer une sensibilité plus profonde à l'égard des anciennes et des nouvelles formes de pauvreté, envers le bien commun, auquel tous sont appelés à participer.

Que tous les membres de la communauté familiale, en particulier les enfants, les personnes âgées, les personnes les plus faibles, puissent sentir la chaleur de cette fête et qu'elle demeure ensuite tous les jours de l'année. Que Noël soit pour tous la fête de la paix et de la joie : la joie pour la naissance du Sauveur, Prince de la paix. Comme les pasteurs, hâtons dès à présent notre pas vers Bethléem. Au cœur de la Nuite Sainte, nous pourrons alors nous aussi contempler le nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire , avec Marie et Joseph (Lc 2, 12.16). Demandons au Seigneur d'ouvrir notre âme, afin de pouvoir entrer dans le mystère de son Noël. Que Marie, qui a donné son sein virginal au Verbe de Dieu, qui l'a contemplé enfant entre ses bras maternels, et qui continue à l'offrir à tous comme Rédempteur du monde, nous aide à faire du prochain Noël une occasion de croissance dans la connaissance et dans l'amour du Christ. Tel est le souhait que je formule avec affection pour vous tous, ici présents, ainsi que pour vos familles et tous ceux qui vous sont chers.

Bon Noël à tous !

Benedictus pp XVI

Pour en savoir plus :■ Note doctrinale sur certains aspects de l'évangélisation

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