Le centenaire de l’Irlande du Nord assombri

Source [Thierry Martin pour Atlantico] Fresques, affiches, ici en Irlande du Nord, le peuple n’est pas muet, les murs parlent, et les murs ne manquent pas. Côté face, unioniste, on y fête les 100 ans, côté pile, des affiches rouge vif dénoncent un centenaire d’oppression​.

Bill un commerçant du quartier de Sandy Row à Belfast se réjouit : « On a prévu des fêtes de quartier tout au long du mois de mai, avec des feux de joie et des défilés de nos groupes de flûtistes. Ils seront habillés comme en 1921. Une nouvelle fresque sera même inaugurée au coin de la rue !​ » Ce lundi 3 mai 2021 marque les 100 ans de l’Irlande du Nord.

Mais bien des nuages assombrissent déjà la fête, le moindre problème d'approvisionnement, de délai, de rupture est interprété par les nord-irlandais comme le résultat du « protocole » (de l’accord du Brexit) même si la grève des contrôleurs douaniers et sanitaires soi-disant menacés par les anti-frontières au sein du Royaume (paramilitaires loyalistes) y a mis fin avant même l'application du dilatoire article 16. Les ports nord-irlandais deviendraient de fait les frontières de cette mer d’Irlande qui sépare la Grande-Bretagne de l’Irlande du Nord si le protocole signé par Londres et Bruxelles dans le cadre du Brexit était appliqué. L’éventualité d’une frontière au sein du Royaume-Uni entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne ne passe pas, et Arlene Foster, premier ministre et chef du parti unioniste DUP pro-Brexit vient d’en faire les frais. 

Les premières salves furent lancées par les électeurs de droite du DUP qui se sont dirigés vers le parti Traditional Unionist Voice, tandis que les unionistes plus modérés se dirigeaient vers le parti pro-Union, l’Alliance. Même si globalement les unionistes restent en tête quel que soit le type d’élection, les électeurs d’Irlande du Nord qui ont soutenu le Brexit voient bien que les tenants de la désunion gagnent du terrain dans les sondages et attendent tranquillement le prochain référendum d’autodétermination en comptant désormais sur la démographie catholique, ce qui paradoxalement attise les tensions et l’insécurité. Ce que craignent les loyalistes, c’est une tentative d’annexion à terme de l’Ulster, leur nation, du nord de l’île par le sud irlandais sous prétexte de ne pas rematérialiser la frontière terrestre. 

Ainsi le départ d’Arlene Foster de l’exécutif, qui ne sera effectif qu’à partir de la fin juin, à la différence de sa démission immédiate du DUP, n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Elle avait rencontré le Loyalist Communities Council (LCC), qui dit parler au nom de l’Ulster Volunteer Force, du Red Hand Commando et de l’Ulster Defence Association, pour planifier une campagne contre les règles du Brexit. Elle savait que le DUP faiseur de rois sous Theresa May, parce que nécessaire à la majorité conservatrice à Westminster, n’était plus incontournable depuis l’élection de la majorité conservatrice écrasante qui triompha avec Boris Johnson à sa tête. 

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