Le Voyage extraordinaire de Seraphima, un film d'animation russe à voir !

Source [Bruno de Seguins Pazzis] URSS en 1943. La jeune Séraphima, qui a perdu ses parents au tout début de la guerre, vit dans un orphelinat en Union Soviétique. Elle garde secrètement autour du cou une croix qui lui rappelle sa famille bien-aimée. Accompagnée dans sa solitude par le grand Saint Séraphim de Sarov, elle commence un voyage initiatique et onirique qui va l’aider à percer le secret de l'orphelinat et à éclairer le sort de ses parents… 

Première séance E-cinéma : samedi 6 mars à 17H.

Le film Le Voyage Extraordinaire de Séraphima sera disponible en séances E-cinéma, à partir du 6 mars, sur la plateforme   https://ecinema.lefilmchretien.fr/  de Saje Distribution. Pour réserver votre place dès maintenant, inscrivez-vous sur : https://ecinema.lefilmchretien.fr/billetterie/seraphima/ Avec les voix d’Alina MikhaylovaAleksandr MikhaylovAlyona Kishchik. Scénario : Sergey Antonnov. (2015) RUSSIE

Sortie le 27 août 2015 en Russie, Le Voyage extraordinaire de Séraphima est projeté dans pas moins de 850 salles et connaît un grand succès. Le spectateur français doit également savoir que ce film d’animation hautement chrétien a reçu le soutien financier du fond caritatif Saint Séraphim de Sarov et de la société cinématographique « Central Partnership », mais surtout du ministère de la Culture de la Fédération de Russie, ce qu’on a beaucoup de peine à imaginer en France ! Film chrétien donc, qui s’ouvre sur une séquence à l’église le jour du dimanche des rameaux, mais qui nécessite quelques explications pour que le spectateur français en apprécie toute la saveur car nous sommes ici dans l’univers de l’Orthodoxie. Le personnage principale est une petite fille chrétienne, Séraphima, surnommée Sima,  qui pendant la seconde guerre mondiale est séparée de ses parents. Son père qui est prêtre est déporté et sa mère emmenée on ne sait où. Sima est alors placée dans un orphelinat parmi d’autres filles de son âge d’origines différentes. Sans dévoiler le récit, la situation devenant difficile pour Sima, elle est aidée par son saint patron, Séraphim de Sarov que nous, catholiques d’Occident, ne connaissons évidemment pas beaucoup et dont il faut dire quelques mots tant il interfère dans le film au point d’en être le second personnage principal après Séraphima. Saint Seraphim de Sarov (1754-1833) compte parmi les saints les plus populaires de l’Eglise orthodoxe. Il a été moine, eut de nombreuses apparitions de la Sainte Vierge et également du Christ, et commis de nombreux miracles. Prenant acte de la vénération dont le starets est l’objet, « persuadé de l'authenticité des miracles attribués aux prières du starets Seraphim, et rendant grâce à Dieu glorifié dans ses saints », le Saint-Synode de Russie procède à sa canonisation en 1903 en présence du tsar Nicolas II, d'un clergé nombreux et d'une foule immense.

Un épisode supposé de sa vie qui est montré dans le film est celui de la chute qu’il fit, alors enfant, du clocher d’une église en construction sous la direction de son père. Il arriva indemne au sol aux pieds de sa mère. Son « don de préconnaissance » est également évoqué au travers d’un autre épisode. Il est au centre de tout le film au travers de la vénération que lui porte l’ancienne propriétaire des murs de l’orphelinat et devenue servante dans ses propres murs sous l’autorité soviétique. Egalement au travers de l’aide que va lui demander la petite Sima au milieu des difficultés auxquelles elle est confrontée à l’orphelinat. Le film étant destiné à un public d’enfant russe, c’est là qu’intervient le rôle de l’icône qui, dans la religion orthodoxe sert de support à la prière des fidèles comme les statues de saints pour les catholiques. L’icône de saint Séraphim de Sarov raconte des épisodes de sa vie et va servir de lien pour faire glisser le film dans des passages oniriques et spirituels à la fois très jolis et émouvants par la paix, la sérénité qu’ils dégagent et qui proposent au spectateur de se laisser transporter aux portes du Paradis.

Les anges sont également très présents et notamment un ange séraphin qui va guider la petite dans son voyage initiatique au bout duquel l’attend une belle surprise. Difficile d’en dire plus sur l’intrigue au risque de déflorer le sujet. Mentionnons toutefois que lorsque la petite Rita invite Séraphima à aller dans un placard mystérieux sous l’escalier de l’orphelinat pour observer un fantôme, beaucoup de spectateurs feront un rapprochement avec l’armoire magique du livre de C.S. Lewis, « Le Monde de Narnia » (sept tomes) et des trois  films qui en ont été tirés. Dans les deux cas, c’est bien du franchissement d’une limite qui amène le ou les protagonistes dans un univers mystique. Très intelligemment, le film est à la fois bien ancré dans une réalité historique, celle de 1943 en URSS avec ses horreurs qui ne sont pas éludées, opposant sans complexe le régime stalinien et l’ancien régime, ce qui permet de donner encore plus d’efficacité au contraste introduit par la partie onirique. Les plus âgés observeront et apprécieront la qualité de la psychologie des personnages, adultes ou enfants, et qui est très nuancée.

Qu’il s’agisse de l’officier handicapé qui a hérité malgré lui de la direction de cet orphelinat et qui est un honnête patriote plus qu’un convaincu de l’idéologie stalinienne, d’Olga Semeniovna, la responsable des études qui est une communiste convaincue, des petites pensionnaires qui sont élevés dans une détestation de la religion… tous sont observés avec une bienveillance bien chrétienne.et font éviter au film de sombrer dans le schématisme. L’autre référence cinématographique qui viendra à l’esprit du spectateur est le film d’animation mexicain Le Grand Miracle (2011) de Bruce Morris qui lui, transportait le spectateur au cœur des mystères et de la profondeur de la Sainte Messe. Les deux films d’animation proposent une expérience de cinéma mystique.   L’égale qualité du dessin, des choix chromatiques et des choix de support musicaux s’ajoute aux qualités précédemment évoquées pour faire de ce Voyage extraordinaire de Séraphima  un film d’animation pour les plus jeunes, non seulement beau sur le plan esthétique mais théophanique.

Bruno de Seguins Pazzis