Et si le palmarès olympique n'était pas ce que l'on croit ? La Chine a certes remporté un grand succès — autant par l'organisation impeccable que par les performances — mais peut-être pas si éclatant qu'elle l'espérait.

 

Au décompte total des médailles, elle est devancée par les États-Unis (100 contre 110) même si elle mène pour les seules médailles d'or (51 contre 36). Des médailles d'or concentrées dans certaines disciplines traditionnelles (tennis de table) ou dans les concours faisant appel à une jeunesse très disciplinée (gymnastique, plongeon). Malgré ses espoirs et ses efforts, la Chine n'a pu décrocher de médaille d'or en athlétisme, la discipline reine des jeux.

A-t-on noté que si l'URSS existait encore, elle devancerait très largement le reste du monde par le nombre des médailles : 171, dont 43 d'or. C'est le résultat auquel on arrive en additionnant ceux de toutes les ex-républiques soviétiques, Russie en tête, un calcul que, n'en doutons pas, on aura fait à Moscou.

Toujours en comptant l'ensemble des médailles et pas seulement les médailles d'or, la France arrive à une septième place très honorable. C'est mieux que dans bien des jeux du passé, notamment au cours du passage à vide des années soixante et soixante-dix ; c'est à peu près le rang qu'elle occupe dans la plupart des classements, économiques, militaires, etc. (à l'exception du stupide classement de Shanghai des universités !).

La surprenante quatrième place de la Grande Bretagne (47 médailles dont 19 d'or) reflète moins le redressement économique du pays qu'un habile investissement dans des disciplines, comme le cyclisme sur piste (8 médailles d'or !), où la mise en œuvre de puissants moyens techniques et financiers permet de se hisser assez facilement au premier rang. Ne doutons pas que dans ce pays réputé libéral, cela ne soit le résultat d'une volonté délibérée. Investir très fort certaines spécialités, c'est curieusement la même politique que la Chine !

Passions françaises

La France reste faible en athlétisme : il n'y a là aucune fatalité. Le désordre qui règne dans cette fédération appelle des réformes en profondeur. Notre pays reste mieux placé au nombre total de médailles (7e) qu'à celui des médailles d'or (10e). Pourquoi ? L'incapacité des Français à donner le coup de rein final qui permet de l'emporter ? On en doute. Les arbitrages ? Parfois. Le stress entretenu par une presse chauvine qui transforme aisément en des vedettes de premier rang des athlètes seulement bons ? Ou moins de tricheries, pharmacologiques notamment ? Peut-être.

Moins que le résultat d'une politique, le palmarès français semble une collection de réussites — et donc de passions — individuelles, dans les grands classiques (100 mètres nage libre, hand-ball) mais plutôt dans certaines spécialités attendues (escrime) ou moins attendues (BMX, VTT). Nous remontons en natation, nous nous maintenons dans les sports de combat, mais n'existons plus guère en équitation.

Au total, la France défend un peu mieux son rang que l'Allemagne — dont la réunification, et sans doute le vieillissement démographique, ont dégonflé les palmarès aussi sûrement que les biceps artificiels des nageuses de la RDA —, l'Italie, le Japon, le Canada (largement devancé par l'Australie) ou les pays scandinaves (aucune médaille d'or pour la Suède, nation sportive s'il en est).

Le Brésil, la Thaïlande, les pays d'Europe centrale et orientale et même l'Afrique noire prise dans son ensemble tiennent leur rang. La Corée du Sud fait beaucoup mieux.

Derrière les grandes nations pluridisciplinaires, les résultats confirment des spécialités régionales déjà connues : l'Afrique de l'Est pour les courses de fond, les Caraïbes (dont la surprenante Jamaïque) pour le sprint.

Si le classement olympique reflète grosso modo la place des différents pays dans le monde, certaines nations pourtant importantes demeurent étrangement absentes des podiums : l'Inde et le Pakistan, le Vietnam, Israël et la plupart des pays arabes. À quand les Jeux Olympiques à Bombay ?

Pour en savoir plus :■ Le tableau des médailles par pays sur le site de l'Équipe.fr

Illustrations : la première médaille d'or française, Steeve Guénot, en lutte gréco-romaine ; l'équipage français Nicolas Charbonnier-Olivier Bausset, médaille de bronze en 470 (photos l'Equipe.fr et FFB)

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