Source [Politique Magazine] Prédictions étonnantes, réunions inquiétantes, décisions étranges… En dépit de ses extrapolations et de son manque de cohérence, le discours complotiste s’appuie sur de nombreux événements sur lesquels il est difficile de faire l’impasse.
«Il ne fait pas de doute qu’il y aura un challenge pour la prochaine administration dans la sphère des maladies infectieuses. À la fois sur les maladies infectieuses chroniques déjà en cours […] mais il y aura aussi une éclosion surprise ». Ces phrases ont été prononcées quelques jours avant la prise de fonction de Donald Trump, le 10 janvier 2017, à l’Université Georgetown (États-Unis). Le forum était consacré à la préparation aux pandémies, et le prédicateur n’était autre qu’Antony Fauci, le « Monsieur épidémies » des présidents américains. L’homme affirmait se fonder sur sa longue expérience : il dirige depuis 1984 l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIH). La mission affichée de cette agence gouvernementale au budget sans cesse croissant (6,1 milliards de dollars en 2021) est de financer la recherche pour mieux comprendre et traiter les maladies infectieuses et les allergies.
Les NIH ont joué un rôle particulier dans cette crise, et pas seulement en raison des nombreuses conférences de presse durant lesquelles Antony Fauci contredisait Donald Trump durant les premiers mois de l’épidémie : ils sont les principaux financeurs de la recherche sur les coronavirus. Mieux : le Dr Fauci a fermement défendu, il y a dix ans, la pratique des « gains de fonction », ces manipulations génétiques en laboratoire destinées à améliorer l’efficacité des virus pour mieux en comprendre l’évolution future. Dans le Washington Post, en décembre 2011, il avait plaidé pour « un risque de virus grippal qui vaut la peine d’être pris », ajoutant que « des informations importantes peuvent provenir d’un virus potentiellement dangereux généré en laboratoire ». L’institut public dirigé par Anthony Fauci a par exemple déversé des dizaines de millions de dollars au laboratoire d’un certain Ralph Baric, spécialiste dans la création de coronavirus “augmentés”, et principal partenaire de l’Institut de Virologie de Wuhan. Ensemble, Baric et son partenaire chinois ont publié des articles relatant leurs recherches dans des revues spécialisées comme PLOS Pathogens, en 2015 ou encore en 2017.
Avant la pandémie, d’autres parties prenantes ont fait preuve de capacités d’anticipation étonnantes. Dans son dernier livre, Philippe de Villiers a révélé qu’un « exercice de simulation d’une épidémie planétaire » avait été mené à New-York, le 18 octobre 2019, sous le patronage du Forum économique de Davos et de la Fondation Bill et Melinda Gates. Celui-ci est visionnable sur internet. Cet exercice se basait sur un scénario précis : la propagation d’un coronavirus de porc provoquant des symptômes pulmonaires. Il anticipait la mort de 65 millions de personnes dans les dix-huit premiers mois, prévoyait des restrictions commerciales, anticipait de gigantesques plans de relance économiques par les gouvernements, et discutait de l’émergence des fausses informations. La présidente de séance, la directrice-adjointe du centre Johns-Hopkins sur le risque sanitaire, conclut l’exercice en affirmant que « ces dernières années, le monde a connu un nombre croissant de pandémies […]. Des experts s’accordent à dire que ce n’est qu’une question de temps pour que ces épidémies locales deviennent une menace globale ». Les intervenants poursuivaient l’argumentation avec une rhétorique quelque peu téléphonée : « Sommes-nous, en tant que communauté globale, prêts à travailler dur et à faire le nécessaire pour se préparer à la prochaine pandémie ? ».
Philippe de Villiers remarque que les États étaient absents de cet exercice de simulation. En revanche, « on y retrouve des puissances privées, qui viennent de l’entre-soi du capitalisme mondialisé : Big Pharma, Big Data, Davos, Bill Gates ». Les révélations de l’ancien député européen ne s’arrêtent pas là. Ainsi, le 12 septembre 2019, un Global Vaccination Summit réunit la Commission européenne et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il y fut notamment discuté d’un « passeport vaccinal » pour tous les européens en cas d’épidémies. Le déroulé programmatique est présenté dans une roadmap officielle publiée en octobre. « Tout avait été prévu : le calendrier, avec une date butoir en 2022, les sondes eurobaromètres pour prendre le pouls de l’opinion et mesurer la ‘vaccine hesitancy’. Les commissaires ont même inventé une action dite ‘numéro 9’ qui appelle à traquer la ‘vaccine misinformation’. Ainsi la résolution est-elle déjà prise de lutter ‘contre les informations erronées et trompeuses, notamment en intervenant sur les plateformes des médias sociaux et auprès des entreprises technologiques’ ».
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