Charles de Meyer de SOS Chrétiens d’Orient : « On nous reproche de ne pas avoir soutenu des islamistes ! »

L'association SOS Chrétiens d'Orient est visée par une enquête en France pour « complicité de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » commis en Syrie. Charles de Meyer, président de cette association, réagit au micro de Boulevard Voltaire.

Votre association est soupçonnée dans un article de Mediapart de complicité avec des proches de Bachar al-Assad en Syrie. Comment réagissez-vous ?
C’est une enquête un peu datée, particulièrement mal ficelée parce qu’elle a été faite par des pigistes qui avaient obtenu une bourse spécifique pour cet article. On est plus proche du château de sable que de la construction journalistique de première qualité. La stupeur s’est évidemment emparée de nous. SOS Chrétien d’Orient aide les chrétiens d’Orient à vivre, à se maintenir et prospérer sur la terre de leurs pères. Nous aidons à panser les blessures de ces chrétiens d’Orient, notamment ceux qui se sont sentis tellement isolés, abandonnés sur le territoire syrien, ceux qui ont vu l’ensemble de leurs soutiens presque disparaître au moment où les islamistes s’en prenaient à eux. À la poche d’Idleb, vous croisez l’internationale djihadiste dans toute sa splendeur. Les deux derniers chefs de l’organisation de l’État islamique ont été tués à Idleb, à quelques hectomètres de certains points de frontière.
On nous dit : « Vous avez aidé un village chrétien qui a une force d’auto-défense et que vous auriez voulu approvisionner en je ne sais quoi ». Je tiens à dire que je suis écoeuré par ces propos. Ils visent à dire que, lorsqu’on aide un village chrétien en Syrie harcelé par les islamistes qui viennent de Tchétchénie ou des confins du monde, on est un criminel. Lorsqu’on aidait les chrétiens d’Orient, on recevait une médaille et aujourd’hui, lorsqu’on les aide sur le terrain, on a un procès médiatique de Médiapart.

Cela fait plusieurs années que SOS Chrétiens d’Orient est régulièrement la cible d’enquêtes de médias. On vous reproche une trop grande proximité avec le régime syrien de Bachar al-Assad.
Tous ceux qui considèrent que les chrétiens syriens ne sont pas coupables parce qu’ils n’ont pas émigré au début du conflit sont accusés d'apporter une caution au gouvernement en place en Syrie : ils sont finalement sous le feu médiatique. J'ai l'habitude d'entendre cela depuis le début de SOS Chrétiens d'Orient.
La ville de Maaloula a été prise par l’équivalent d’Al-Qaïda en Syrie. Au même moment, la France réfléchissait à envoyer le porte-avions Charles de Gaulle pour aider la rébellion qui était déjà en train de devenir puissamment islamiste. Évidemment, notre rôle en tant qu’organisation de soutien et de charité pour les Chrétiens d’Orient n’est pas de prendre une position exclusive et aveugle sur le conflit.  En revanche, notre rôle est de dire qu’ à Maaloula, il y a bien eu des gens flingués en sortant de leur maison parce qu’ils étaient chrétiens. À Mardes, il y a bien des gens qui sont orphelins ou veuves parce que les djihadistes ont décidé qu’il fallait en finir avec eux. C’est une réalité qu’on entend trop peu dans le monde médiatique français et que l’on entend quasiment que sur Boulevard Voltaire et des sites approchants. Je ne comprends toujours pas pourquoi il n’y a pas d’actions menées pour s’attaquer aux racines idéologiques de ceux qui ont voulu relativiser cette souffrance des chrétiens.
Lorsqu’on voit le passif d’Edwy Plenel avec les Palestiniens terroristes, avec Tariq Ramadan, avec tout ce qui s’est fait autour des Frères musulmans en France, je me demande si, finalement, les reproches qui nous sont faits ne se résument pas au fait de ne pas avoir soutenu la rébellion islamiste.

Vous êtes une association humanitaire. On vous soupçonne d’avoir aidé et armé ces milices. Dans la réalité, même si c’est pour la bonne cause, l’avez-vous fait ?
Non pas du tout. Comme partout ailleurs, nous avons distribué des vivres, des médicaments et des couvertures à un village qui était harcelé par des islamistes. Je connais bien ces villages et je vois bien ce qui se passe chez eux. Pour des Français, il est difficile de l’imaginer. 

 

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