Académicien demande droit d'asile !

Accueillir les migrants, oui. Honorer un Académicien d'une sépulture dans la terre de Paris, non : les priorités de Mme Hidalgo sont comme les voies de Dieu, impénétrables.

La maire de Paris veut faire de la capitale de la France une métropole cosmopolite et accueillante. Mais, selon, le bon vieil adage révolutionnaire, pas de liberté pour les ennemis de la liberté, et pas d'accueil pour les ennemis du socialisme : l'académicien Michel Déon, décédé il y a maintenant plus d'un an, se voit ainsi refuser une sépulture dans un cimetière parisien.

Hélène Carrère d'Encausse s'est fendu d'un coup de téléphone à l'hôtel de ville, rien n'y fait, Mme Hidalgo est intraitable. Cent écrivains se mobilisent à leur tour dans une tribune parue dans Le Figaro pour implorer la grande prêtresse de l'ouverture au monde qui, l'été dernier, allait jusqu'à demander une loi en faveur des migrants.

Michel Déon ne migrera plus, il est vrai, il aspire juste au repos éternel en terre de France. Requête qui frise le national-(socialisme). Le nazisme, si vous préférez. Mais la mobilisation du monde des lettres en faveur du noble et vieil homme est impressionnante, et n'en déplaise à la maire, ce ne sont pas tous des suppôts du maurrassisme ou d'apprentis collabos : dans cet appel vibrant, on trouve côte à côte, Milan Kundera et BHL, Houellebecq et Yasmina Reza, Pierre Nora et Erik Orsenna, qui fut jadis un nègre de François Mitterrand. Preuve que la noblesse des lettres et de l'esprit se soucie bien peu des mesquineries idéologiques dont est coutumière cette piètre gauche parisienne.

Votre humble servante a eu la chance, jadis, de connaître M. Déon et de deviser avec lui à une table du Montalembert, à deux pas de Gallimard, ou d'échanger quelques mots tandis qu'il dégustait un cigare sur le trottoir de la rue de Beaune. Il avait un petit sourire en coin assez irrésistible pour saluer les travers d'un monde contemporain tissé d'absurdités ; il était bien au-dessus de tout cela, et je gage, que de là où il est, il doit bien s'amuser du petit tourbillon qu'il suscite post-mortem. 

Correctif : à l'heure où nous publions notre infolettre, Mme Hidalgo a fini par céder... Entre Michel Déon et les voies sur berge, une semaine lourde de démenti pour la dirigeante socialiste !

Constance Prazel