Les obsèques du Pape Benoît XVI marquent non seulement le point final d’une longue vie au service de l’Église mais aussi la fin d’une époque. Présent lors du Concile de Vatican II et proche de son prédécesseur Jean-Paul II, il était un enfant de l’Europe et avait vécu la seconde guerre mondiale. Son décès laisse de nombreux catholiques orphelins.

Un théologien sensible

 

Le cardinal Ratzinger a été le pape de l’époque moderne le plus critiqué, que ce soit par les médias ou les badauds. Érudit et peu perméable aux provocations, il a su apaiser les tensions nées des dérives liturgiques de Vatican II mais aussi favoriser le dialogue avec l’orthodoxie. Ferme sur les principes non négociables, il avait également une sensibilité touchante pour ceux qui l’approchaient.

Son analyse de la crise de l’Église l’a amené à un exercice d’autocritique de l’institution qui paraît aujourd’hui plus que jamais d’actualité : en 2010, il déclarait ainsi que « la plus grande persécution de l’Église ne vient pas de ses ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Église. ».

Surprenant tout le monde en abandonnant sa charge, il a peut-être ouvert la voie à une pratique amenée à se répéter, à en croire les déclarations de son successeur qui s’est dit prêt à une telle hypothèse en cas de santé défaillante.

 

Un fils de l’Europe

 

Au-delà de l’aspect religieux du personnage, la mort de Benoit XVI correspond aussi à la fin d’un monde. Ce pape bavarois qui a connu le XXème siècle et ses drames semble faire partie d’un monde déjà lointain. Sensible à la liturgie et volontiers ouvert à la tradition, le défunt pape avait œuvré à la paix là où, depuis plusieurs mois, l’Église semble être retombée dans la confrontation.

Le déclin occidental, l’hypermédiatisation ou encore le développement des réseaux sociaux ont bouleversé le rapport aux institutions et l’Église n’a pas fait exception. Si le déclin n’est pas irrémédiable et que la phase actuelle d’hyper numérisation des relations sociales peut prendre fin un jour, la tendance n’en demeure pas moins à un changement profond de mode de vie des hommes… En cela, le pontificat et la fin de vie de Benoît XVI évoquent la Grande Illusion de Jean Renoir : la fin d’une époque mais avec élégance et dignité.