
Daniel Dory est docteur HDR en Géographie, spécialisé en analyse géopolitique du terrorisme. Membre du Comité Scientifique de la revue Conflits et du Comité de Rédaction de Sécurité Globale. Cet article est issu de notre revue n°103 consacrée aux Etats-Unis.
Il est pratiquement impossible de comprendre de nombreux aspects internes et internationaux de la réalité des États-Unis sans y intégrer le fait terroriste dans ses diverses manifestations. Et cette démarche est d’autant plus nécessaire que le retentissement des thèmes idéologiques et des actions (guerrières ou pas) promues par ce pays ont des conséquences planétaires directes ou indirectes. S’interroger sur les multiples relations entre les États-Unis et le terrorisme renvoie donc à plusieurs problématiques que l’on se contentera ici d’ébaucher préliminairement.
En vue de disposer d’un premier panorama du sujet on procèdera en trois temps. D’abord on s’intéressera brièvement, dans une perspective historique, aux diverses attaques terroristes (ou considérées comme telles) qui ont affecté les États-Unis, tant dans son territoire qu’à l’étranger. En outre, la date fatidique du 11 septembre 2001 nous servira pour proposer les bases d’une périodisation préliminaire.
Ensuite, les ripostes contreterroristes internes et externes à cette menace (réelle ou fantasmée) seront examinées, ici aussi dans une perspective chronologique. Enfin, une analyse préliminaire du « terrorisme » en tant que ressource politique en vue de légitimer diverses politiques publiques intérieures et internationales tentera de cerner un enjeu qui dépasse amplement les frontières des États-Unis.
1.- La menace terroriste aux États-Unis : antécédents, actualité et perspectives
En fait, contrairement à une opinion très répandue, les actes de violence politique, notamment terroristes, sont assez nombreux aux États-Unis et certains remontent loin dans le temps. Toutefois une certaine prudence s’impose en la matière car l’histoire à vocation scientifique du terrorisme est une entreprise récente[i], et des débats autour de la définition même de cette forme de violence suscitent encore quelques controverses[ii]. Cela dit, et pour la clarté de l’exposé, on distinguera les attaques intérieures et extérieures (c’est-à-dire affectant des personnes et/ou des biens étatsuniens hors du territoire national) en fonction d’une temporalité antérieure ou postérieure au 11 septembre 2001.
● Le terrorisme domestique aux États-Unis avant le 11 septembre 2001
En raison d’un consensus historiographique largement acquis qui situe les débuts réels du terrorisme au cours du dernier tiers du XIXe siècle[iii], il est difficile de faire remonter l’activité terroriste proprement dite aux États-Unis avant le début du XXe siècle, en grande partie sous l’influence d’immigrés anarchistes allemands et italiens[iv].
En tout cas, avant les années 1950, hors désignation polémique, peu de cas de violence ont un caractère indiscutablement terroriste. Et même après cette décennie, l’incertitude demeure pour bon nombre d’incidents. C’est en tout cas la conclusion à laquelle on parvient à la lecture du livre de Christopher Hewitt, sans doute la meilleure référence pour la période antérieure à 2001[v]. Suivant cet auteur entre 1950 et 2001 on assiste à neuf « vagues » ou « flambées » de terrorisme : 1) la lutte d’activistes Blancs contre la déségrégation scolaire (entre 1954 et 1970, avec peu ou pas d’actes vraiment terroristes) ; 2) la mobilisation, entre 1965 et la fin des années 1970, de groupes Noirs violents, dont les Black Panthers (surtout des braquages et des fusillades) ; 3) les mouvements révolutionnaires de la « nouvelle gauche » surtout implantée dans les campus universitaires, dont les Weathermen (attentats à l’explosif, prises d’otages, braquages et fusillades entre 1969 et la fin des années 1970) ; 4) les indépendantistes portoricains entre 1950 et 1980 (attentats à l’explosif et tentatives d’assassinat) ; 5) la Ligue de Défense Juive, active contre des diplomates soviétiques, des historiens « révisionnistes » et plus tard des représentants Palestiniens (harcèlement, incendies et engins explosifs à partir de 1968) ; 6) les exilés cubains anticastristes (détournements d’avions et bombes entre 1968 et le milieu des années 1970) ; 7) les attaques contre des cliniques pratiquant des avortements par des groupes religieux (harcèlement, assassinats et incendies entre 1977 et le début des années 1990) ; 8) les actes perpétrés par divers éléments de la Droite radicale souvent inspirés par des considérations théologiques relevant du courant de l’Identité Chrétienne[vi] (dont l’attentat contre le Murrah Federal Building à Oklahoma City le 19 avril 1995, le plus grave avant 2001 ayant entrainé la mort de 168 personnes et fait 503 blessés) ; 9) le terrorisme islamiste, lequel relève principalement de la menace internationale dont il sera question plus loin.
À ce panorama, basé sur une littérature analytique assez solide on peut ajouter les actions qui relèvent de l’écoterrorisme (dégradations diverses, harcèlement et incendies) qui apparaît au début des années 1970 et se manifeste épisodiquement encore de nos jours[vii].
● Le terrorisme domestique aux États-Unis pendant et après le 11 septembre 2001
Au cours du quart de siècle suivant, l’incidence des actes terroristes ne s’est pas profondément modifiée. En revanche, on assiste à une labélisation polémique de plus en plus intense concernant les actes attribués à « l’extrême droite » et/ou aux « suprémacistes Blancs », notamment à partir de 2011 en raison des répercutions mondiales des attentats perpétrés en Norvège par Anders Breivik (Oslo et Utøya, le 22 juillet 2011, 77 morts, environ 320 blessés).
Si on se concentre sur les cas purement domestiques, cette prédominance de la strate polémique par rapport à l’analyse scientifique des faits induit, par exemple, une confusion entre le terrorisme et des actes isolés dont les auteurs ont clairement des troubles mentaux, ou encore des fusillades de masse[viii]. Donc, paradoxalement, à un moment où les études sur le terrorisme connaissent un essor remarquable, la caractérisation des incidents domestiques devient plus malaisée. Ce qui n’empêche cependant pas de remarquer une certaine constance dans le recours au terrorisme, avec des cibles surtout symboliques (lieux de culte, par exemple) et une faible létalité, par des acteurs engagés dans des conflits interethniques de plus en plus fréquents et potentiellement violents.
● Le terrorisme international affectant les États-Unis avant le 11 septembre 2001
Sans entrer dans le détail des attaques qui ont affecté des citoyens et/ou des biens étatsuniens hors du territoire national, on peut synthétiser les principaux faits de la manière suivante. L’écrasante majorité des attaques se sont produites dans (ou en relation avec) deux zones : l’Amérique latine et le Proche et Moyen-Orient.
En Amérique latine les attaques sont, de loin, les plus nombreuses au cours des années 1960 et 1970. Elles concernent principalement le personnel diplomatique (assassinats et prises d’otages), les bâtiments officiels, les dirigeants d’entreprises multinationales (surtout prises d’otages pour rançon), des représentations commerciales, etc. Parmi les groupes qui se distinguent par ce genre d’actions, on trouve les Montoneros et l’Ejército Revolucionario del Pueblo argentins, les Tupamaros uruguayens, et diverses organisations brésiliennes et guatémaltèques. La mouvance gauchiste, en grande partie dynamisée par la révolution cubaine, perd progressivement son élan au cours des années 1970 en raison d’une répression efficace et d’un épuisement idéologique et organisationnel.
Beaucoup plus spectaculaire, meurtrier et durable, le terrorisme lié aux conflits du Proche et Moyen Orient est à l’origine d’innombrables actions à partir de la seconde moitié des années 1960. L’année décisive en la matière est 1967, lorsque suite à la défaite des armées arabes dans la Guerre des Six jours les organisations de résistance palestinienne se tournent (faute de mieux) vers des opérations de guérilla et de terrorisme. Par ailleurs, comme on le verra plus loin, en raison du nouveau statut d’Israël comme puissance occupante ayant à affronter une population hostile, tout acte de résistance sera polémiquement qualifié de « terroriste ». Ce qui n’empêche d’ailleurs pas qu’un certain nombre d’actions palestiniennes (et israéliennes) à partir de cette date soient véritablement terroristes.
Parmi les actes issus de cette région qui ont affecté directe ou indirectement les États-Unis, on peut citer : a) des détournements d’aéronefs avec prises d’otages (4 avions détournés en Jordanie avec prise massive d’otages en septembre 1970 ; vol TWA 847 détourné vers Beyrouth en juin 1985 pour échanger les otages contre des prisonniers détenus en Israël, etc. à quoi s’ajoutent de nombreux détournements vers Cuba pour des motifs divers) ; b) la prise d’otages à l’ambassade US en Iran (1979-1981) ; c) l’explosion en vol d’un avion de Pan Am le 21 décembre 1988 au-dessus de Lockerbie (Écosse) provoquée par des agents Libyens (270 morts) ; d) la (première) spectaculaire attaque à la bombe (6 morts et plus de 1000 blessés) contre le World Trade Center, le 26 février 1993, attribuée à la mouvance al Qaïda ; e) attentats-suicide contre les ambassades US au Kenya et en Tanzanie (environ 300 morts), également attribuées à al Qaïda, tout comme : f) l’attentat contre le destroyer lance-missiles Cole, dans le port d’Aden (Yémen) le 12 octobre 2000 (17 morts). Cette énumération est, bien entendu, très incomplète mais suffit pour donner une idée à la fois de la réalité (objective et perçue) de la menace que représente l’islamisme djihadiste pour les États-Unis. Elle permet, en outre, de comprendre que les attaques du 11 septembre 2001 ne surgissent aucunement à l’improviste, et s’inscrivent dans le contexte d’un engagement croissant des États-Unis au Proche Orient, largement au service des intérêts israéliens.
● Le terrorisme international affectant les États-Unis pendant et après le 11 septembre 2001
Les attentats du 11 septembre 2001 (9/11 dans l’abréviation populaire), même s’ils ne modifient pas fondamentalement l’ordre géopolitique unipolaire du monde après la fin de la Guerre froide, auront un impact profond et durable sur le comportement du gouvernement et les représentations populaires du terrorisme. Car cette série d’attaques, absolument atypiques en matière de létalité (environ 3000 morts)[ix], mettront à la fois (et de manière humiliante) en évidence la vulnérabilité de la seule superpuissance mondiale, tout en suscitant un désir de vengeance compréhensible en regard de l’étendue des dégâts. Au-delà de l’effet de sidération et du déclanchement de la « Guerre contre le terrorisme » dont il sera question plus loin, un réel effort de compréhension se traduit par une avalanche de publications de qualité très inégale[x], et surtout par la mise en place (non sans mal) d’une commission d’enquête bipartisane qui remit ses conclusions en juillet 2004. Ce volumineux rapport, du fait de ses zones d’ombre et de nombreuses imprécisions ne parviendra pas à répondre à de nombreuses interrogations à propos de la version officielle des faits, notamment concernant des problèmes factuels et les commanditaires réels de l’attaque [xi].
Dans la foulée du 9/11, au cours des mois de septembre et octobre 2001, des enveloppes contenant des spores d’anthrax parviennent à divers organes de presse et à deux sénateurs. Cette attaque, se produisant dans un climat de panique, fera 5 morts et s’interrompra soudainement. Ce n’est qu’en 2007 qu’un suspect est identifié en la personne d’un microbiologiste travaillant dans un laboratoire appartenant à l’armée US ; lequel se suicidera en 2008, laissant subsister bien des doutes sur sa réelle culpabilité.
Au cours des années suivantes, l’incidence du terrorisme exogène décline en partie du fait de l’amélioration des dispositifs de sécurité, et en partie à cause de l’affaiblissement des organisations susceptibles de passer à l’acte. On assiste donc à une banalisation des attaques par acteur solitaire[xii], et à une rudimentarisation correspondante des modes opératoires (généralement fusillades et voitures bélier).
Parmi les attaques les plus notables depuis 2001, on peut citer : a) fusillade de Fort Hood le 5 novembre 2009 (officier US islamiste abattant 13 militaires) ; b) fusillade dans un temple Sikh dans le Wisconsin le 5 août 2012 (motivation xénophobe confuse, 7 morts) ; c) attaque à la bombe lors du marathon de Boston le 15 avril 2013 (deux islamistes tchétchènes, 5 morts) ; d) fusillade au centre communautaire juif de Overland Park, Kansas, le 13 avril 2014 (motivations antisémites, 3 morts) ; e) fusillade à San Bernardino, Californie, le 2 décembre 2015 (couple islamiste, 16 morts) ; f) fusillade dans un nightclub homosexuel à Orlando, Floride, le 12 juin 2016 (motivation islamiste, 50 morts) ; g) attaque au camion-bélier à New York le 31 octobre 2017 (acte islamiste, 8 morts) ; h) attaque au véhicule bélier à la Nouvelle-Orléans le 1 janvier 2025 (islamiste rattaché à l’État islamique, 14 morts). Ici encore, la liste des attaques est très incomplète et se borne à rappeler quelques incidents ayant eu une grande répercution nationale et internationale, et qui sont également représentatifs de l’activité terroriste caractérisant la période récente.
Les indications qui précèdent suffisent pour disposer d’une vision d’ensemble sur la nature et l’intensité de la menace terroriste aux États-Unis. Voyons maintenant comment ce pays a affronté ce risque au niveau interne et international.
2.- Les dispositifs antiterroristes mis en œuvre par les États-Unis
Il est peu pertinent de distinguer ici les réponses aux menaces internes et internationales, tant la mission des dispositifs antiterroristes[xiii] consiste à prévenir, gérer et réprimer l’ensemble du spectre des actions considérées comme terroristes. En revanche, la question de savoir si le 9/11 a engendré des changements décisifs (et lesquels) dans la théorie et la pratique du contreterrorisme à fait l’objet de discussions intéressantes parmi les spécialistes. En substance, il s’agit de savoir si en 2001 on passe d’une conception du terrorisme comme activité surtout criminelle, et donc du modèle de contreterrorisme basé sur le couple Police/Justice (dont le pilier principal est le FBI), à une appréhension dominante du terrorisme comme acte de guerre, ce qui renvoie à un modèle principalement militaire de gestion de la menace et de ses conséquences (avec un rôle central des forces militaires et de la CIA)[xiv]. Comme on le verra par la suite, les changements observables relèvent moins d’un bouleversement soudain de paradigme que d’une focalisation extraordinaire sur l’enjeu terroriste qui entrainera la mise en œuvre d’une série de politiques publiques d’un niveau d’intensité sans précédent. Pour en comprendre les conséquences, il est nécessaire d’examiner brièvement les caractéristiques principales des deux périodes.
● Le contreterrorisme aux États-Unis avant le 11 septembre 2001
Un rapide examen des politiques étatsuniennes en réponse au terrorisme (et/ou ce qui est désigné comme tel en fonction des impératifs polémiques du moment) permet quelques constats de base. D’abord, avant la fin des années 1960, que ce soit face au terrorisme sioniste en Palestine avant 1948, ou à celui qui se manifeste durant la Guerre d’Algérie (1954-1962), l’attitude US sera extrêmement pragmatique et surtout déterminée par le contexte global de la Guerre froide[xv].
Plus tard et en relation avec divers incidents mentionnés plus haut (détournements d’avions, prises d’otages, etc.) et surtout l’attaque contre la délégation israélienne lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972, le terrorisme (essentiellement international) sera progressivement envisagé comme un problème sérieux pour la sécurité des États-Unis et de leurs « alliés ». C’est donc au début des années 1970 (sous l’administration Nixon) que les premières mesures explicitement contreterroristes sont mises en œuvre, notamment sous forme de nouvelles lois et d’un organisme de coordination situé au sommet de l’appareil administratif[xvi]. Au cours des années suivantes on remarque à la fois une fermeté de ton (« on ne négocie pas avec des terroristes ») et le recours à des modalités secrètes de négociation avec divers intermédiaires, surtout en vue de la libération d’otages[xvii]. Les années 1980 verront par ailleurs, comme on l’exposera plus loin, une influence israélienne croissante au cours de la présidence de Reagan sur le processus de labélisation et de lutte contreterroriste, en garde partie du fait de l’origine moyen-orientale de la plupart des menaces.
Surtout, dans le cadre de la Guerre froide, le terrorisme apparaît comme une nuisance périphérique, largement téléguidée par l’Union Soviétique et ses « satellites »[xviii], et donc susceptible d’être contré par des moyens informationnels, policiers, diplomatiques et/ou relevant de la contre-insurrection. Ce qui n’empêchera pas, au moins à deux reprises, de riposter en recourant à des moyens militaires, comme lors du bombardement de Tripoli et Benghazi (Libye) en 1986 en représailles contre un attentat dans une discothèque berlinoise (3 morts dont deux soldats US) ; et suite à l’attaque contre les ambassades en Afrique de l’Est, en 1998, lorsque l’administration Clinton ordonna l’envoi de missiles au Soudan (contre une usine pharmaceutique détruite « par erreur ») et en Afghanistan où des camps (probablement vides) d’entraînement d’al Qaïda ont été visés.
Signalons enfin que l’année 1995 marque une certaine inflexion dans le dispositif contreterroriste US. Et ce pour deux raisons. D’abord l’attaque au gaz sarin dans le métro de Tokyo (20 mars 1995, 14 morts, plus de 5800 blessés)[xix] a engendré une frayeur institutionnelle aux États-Unis concernant le risque des armes de « destruction massive » CBRN (chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires) pouvant tomber dans les mains de terroristes. Il en résulta une prolifération de rapports et d’études, de simulations et d’exercices qui ont mobilisé bien des ressources qui auraient été mieux dépensées ailleurs. Ensuite, l’attentat d’Oklahoma City (19 avril 1995) mettait spectaculairement en évidence la présence d’un « ennemi intérieur » capable de programmer des actions très meurtrières. Mais dans ce cas c’est surtout le FBI qui se chargea de l’enquête, alors que pour les menaces principalement externes le rôle de la CIA était prépondérant. Il faudra le choc du 11 septembre 2001 pour constater la faible coordination existante entre ces acteurs et d’autres, dans une architecture contreterroriste complexe et en partie dysfonctionnelle.
● Le contreterrorisme aux États-Unis pendant et après le 11 septembre 2001
Deux faits majeurs caractérisent cette période. D’abord les changements législatifs et institutionnels qui vont profondément modifier l’architecture du dispositif contreterroriste étatsunien. Ensuite le lancement de la « Guerre au terrorisme » dont les conséquences seront à maints égards désastreuses.
Au plan législatif et institutionnel, deux faits méritent de retenir l’attention. D’abord la promulgation par le président G. W. Bush du Patriot Act le 26 octobre 2001. Ce très volumineux texte (sans doute rédigé pour l’essentiel avant les attentats), dont le nom complet est : Uniting and Strenghtening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism[xx], permet une surveillance pratiquement illimitée des communications (physiques et numériques) de l’ensemble de la population des États-Unis (et du reste du monde grâce à une montée en puissance du système Echelon), ainsi que des procédures judiciaires « allégées » pour les suspects de terrorisme, qui peuvent être détenus (et torturés) dans des prisons au statut particulier (comme Guantánamo) pour un temps indéfini. Ensuite, et en rapport également avec des dispositions du Patriot Act, une centralisation des diverses agences liées à la sécurité intérieure aboutit à la création du Department of Homeland Security en novembre 2002[xxi].
Mais c’est la « Guerre au terrorisme » qui aura l’impact national et global le plus remarquable[xxii]. Et ce pour plusieurs raisons. La première, et non des moindres, étant l’absurdité même de l’idée de faire la guerre à une technique (ce qu’est le terrorisme) et non à des ennemis concrets. Ensuite, une telle guerre est par essence interminable car dépourvue d’une conception de la victoire possible, tant en termes de critères que de faisabilité[xxiii].
Ensuite, en privilégiant la composante militaire, et en étendant en quelque sorte le modèle israélien de la guerre à l’échelle planétaire, ce conflit ne pouvait que produire davantage de terrorisme et de victimes, collatérales ou pas. En effet, ce « modèle israélien » qui combine une totale suprématie aérienne, le ciblage automatisé des bombes et missiles, l’occupation de territoires (Cisjordanie, Golan et périodiquement sud-Liban dans un cas, et Afghanistan et Irak dans l’autre), des assassinats ciblés de dirigeants « terroristes » (le plus souvent à l’aide de drones et parfois de Forces Spéciales[xxiv]) etc., en misant sur le rapport de forces brut exclut toute solution politique à l’affrontement en cours[xxv].
Dirigée initialement vers l’anéantissement d’al Qaïda en s’attaquant à son sanctuaire afghan, une coalition internationale pilotée par les États-Unis (sous couverture de l’OTAN) commence par occuper l’Afghanistan à partir du 7 octobre 2001 et déloger le régime des talibans. De longues années de lutte contre-insurrectionnelle suivront jusqu’à la défaite humiliante des forces US et de leurs « alliés » en août 2021 qui voit le retour des mêmes talibans au pouvoir.
Beaucoup plus lourde de conséquences sera l’invasion de l’Irak à partir de mars 2003. Cette opération, présentée comme préventive en vue des liens entre Saddam Hussein et al-Qaïda (en réalité inexistants), et du programme irakien de production d’armes de « destruction massive » (également inexistant), aura plusieurs conséquences. D’abord l’effondrement de l’État irakien donna lieu à une prolifération de milices antagonistes, mais souvent alliées pour combattre l’envahisseur US et les membres de sa coalition. Il en résulta d’une part un afflux de jihadistes internationaux vers l’Irak et la multiplication des actes de résistance, qualifiés en bloc de « terroristes » sur le modèle israélien. Ensuite, cette invasion constitua pour al-Qaïda une aubaine inespérée, qui lui permettra de se renforcer considérablement en Irak, et engendrer plus tard (avec diverses « aides » extérieures) ce qui deviendra l’État islamique qui proclame le Califat en 2014. L’analyse de cet épisode, abondamment documenté, sort du cadre de cet article[xxvi]. Retenons simplement l’implication des services secrets étatsuniens dans la création et l’entretien (avec la participation de divers acteurs publics et privés du Golfe) d’entités armées diverses, tantôt destinées à prendre part dans des conflits internes (Irak, Syrie), tantôt en tant que forces mercenaires disponibles suivant les besoins. Ce fait se manifesta spectaculairement en Syrie en décembre 2024, lorsqu’une organisation issue d’une branche d’al-Qaïda opéra ouvertement au service des intérêts israélo-otaniens. Cette lutte ambiguë contre les fractions de l’islamisme jihadiste hors contrôle qui constitue l’activité principale du contreterrorisme international US coexiste donc avec la cooptation circonstancielle de telle ou telle organisation.
Pour des raisons qui tiennent autant à l’idéologie qu’au constat de l’échec des opérations en cours (en Afghanistan, Irak et ailleurs où des mouvances jihadistes subsistent et se développent), l’administration Obama remplacera vers 2011 (année également de l’élimination de ben Laden) la notion absurde de « Guerre au terrorisme » par le projet, non moins fumeux, de « lutte contre l’extrémisme violent ». Ce changement, qui accompagne le retrait progressif des troupes US d’Irak et d’Afghanistan (où les assassinats ciblés par drones se multiplient toutefois), obéit à plusieurs impératifs. D’abord, dans la mesure où la « Guerre au terrorisme » était comprise dans de nombreux pays comme une guerre essentiellement dirigée contre les (ou des) musulmans, il était opportun de se défaire de cette désignation irritante. Ensuite, et surtout, avec la notion totalement imprécise d’« extrémisme» (par rapport à quoi ? et qui en décide ?), le contreterrorisme se donne un spectre d’action extensible à souhait, tout en permettant de criminaliser des opinions dont on estime (en fonction de critères flexibles) qu’elles sont susceptibles de conduire à des passages à l’acte violents[xxvii]. Ce qui nous conduit à revenir maintenant sur la composante domestique du contreterrorisme US.
Car si au plan international le jihadisme hors contrôle est le souci principal, au plan interne on assiste surtout depuis le milieu des années 1990 à une focalisation croissante vers les diverses mouvances de ce que l’on désigne comme « l’extrême droite »[xxviii]. Et ici, au-delà de la prévention et de la répression des actes violents (terroristes ou non) qui relèvent effectivement, en partie au moins, du contreterrorisme on a affaire à une extension à la fois du terme « terrorisme » sous l’effet d’une démarche polémique envahissante, et à la mise en place d’une Police de la pensée justifiée par des impératifs de sécurité intérieure. Cette approche qui contamine les terrorism studies depuis au moins deux décennies prend actuellement une place démesurée dans la discipline au détriment de l’indispensable analyse de la complexité du fait terroriste. Car si cette criminalisation des idées répond bien aux pressions de certaines officines communautaires[xxix], il reste que la relation de causalité entre des opinions (fussent-elles extrêmes et désagréables) et le passage à l’acte terroriste est loin d’être linéaire[xxx].
Pour mieux comprendre la logique de cette dérive il est nécessaire maintenant d’envisager le terrorisme non seulement comme une menace, mais aussi comme une opportunité et une ressource à la disposition de divers acteurs.
3.- Le terrorisme comme opportunité pour divers acteurs aux États-Unis et ailleurs
Passons rapidement sur le constat, abondamment documenté, du fait que la menace terroriste (au-delà de son évidente réalité) constitue aussi une excellente opportunité pour divers gouvernements pour promulguer des lois d’exception plus ou moins liberticides. On a mentionné également plus haut le fait que la complexité du terrorisme ouvrait la voie à l’acceptation de mesures qui dépassant le strict cadre de la prévention et de répression du passage à l’acte, empiètent plus ou moins gravement dans le champ de la liberté d’opinion et d’expression et finissent par restreindre l’exercice des libertés publiques fondamentales que les régimes dits démocratiques sont censés protéger. Dans le cas des États-Unis, le Partiot Act et la prolifération des dispositifs de surveillance qu’il légalise est un exemple emblématique[xxxi].
De même, et sans rapport direct avec ce qui précède, il suffit de mentionner rapidement l’effet des attentats du 9/11 sur le développement et la consolidation disciplinaire des études sur le terrorisme dans le monde anglophone, tout au moins. L’abondance de projets et de crédits publics incitant de nombreux chercheurs débutants à s’engager, parfois de manière transitoire, dans ce champ de recherches, avec pour conséquence une avalanche de publications scientifiquement fragiles et un présentisme explicable par la faible culture historique des nouveaux entrants[xxxii].
Beaucoup plus importantes au plan théorique, pratique et géopolitique, sont les opportunités que le terrorisme offre dans le cadre de la politique étrangère de très nombreux pays et particulièrement de celle des États-Unis. Passons rapidement sur le fait que dans la foulée du 9/11 plusieurs gouvernements, après avoir désigné leurs opposants comme « terroristes », pourront plus aisément les réprimer à l’aide de législations d’exception. Il convient, en revanche, de s’arrêter sur l’importance du terrorisme dans la consolidation de la relation « privilégiée » entre Israël et les États-Unis.
Pour comprendre cette affaire, il est nécessaire de remonter un peu dans le temps, car l’alignement actuel des États-Unis sur les positions israéliennes en matière de terrorisme est le produit d’une histoire. En effet, et sans entrer dans les détails qui sortent des limites de notre propos dans ce texte, il est bon de savoir que depuis 1948 (date de la création d’Israël) jusqu’à nos jours la question du terrorisme occupe une place variable, suivant des tonalités imposées par les différentes administrations présidentielles[xxxiii]. On peut à cet égard retenir trois moments particulièrement significatifs, depuis 1972 où, comme on l’a vu plus haut, l’administration Nixon commence à envisager la question du terrorisme comme une menace sérieuse.
Le premier moment, lourd de conséquences, se situe au cours des années 1980, lorsqu’un certain Benjamin Netanyahou est d’abord le second de l’ambassade d’Israël à Washington puis, entre 1984 et 1988 ambassadeur à l’ONU. Au cours de ces années Netanyahou en étroite collaboration avec les réseaux pro-israéliens locaux qui gagnent en puissance sous l’administration Reagan, va travailler à l’imposition de la vision israélienne du terrorisme comme menace non seulement contre Israël, mais contre l’ensemble du « monde libre » (on est en pleine Guerre froide, plus tard on insistera sur « les démocraties »), la civilisation et l’ensemble de l’humanité. La conclusion logique de cette démarche consistant à détacher le terrorisme palestinien de ses motivations territoriales (occupation de la Cisjordanie et de Gaza, etc.), pour en faire une menace idéologique (liée à l’URSS d’abord, de nature islamiste ensuite) globale contre laquelle un combat (notamment militaire) doit être mené. Son plus grand succès en la matière sera le « recrutement » de George P. Shultz, Secrétaire d’État de Reagan durant de longues années, qui dans plusieurs interventions décisives reprendra, mot à mot, la rhétorique de Netanyahou[xxxiv], et marquera durablement la vision du Département d’État en la matière.
Le deuxième moment important est, bien entendu, le 11 septembre 2001. Et ceci non en raison de la participation israélienne à la « Guerre au terrorisme », en fait impraticable si les US voulaient associer des pays arabes à la coalition que se met alors sur pied pour attaquer l’Afghanistan, mais pour son aspect révélateur de l’approche israélienne. En effet, le 16 septembre 2001, Ariel Sharon alors Premier Ministre s’adresse à la Knesset lors d’une « séance de solidarité » avec les États-Unis. Ce bref discours est d’autant plus remarquable qu’au même moment Sharon est empêtré dans la Seconde Intifada déclenchée suite à ses provocations et que des agents israéliens sont encore détenus aux États-Unis (avant d’être rapidement libérés) pour avoir été dénoncés pour s’être bruyamment réjouis des attaques au WTC qui se déroulaient sous leurs yeux. Le discours de Sharon articule deux idées centrales et permanentes de l’approche publique israélienne : a) le terrorisme menace le monde entier, et spécialement les démocraties, dont Israël est le seul représentant au Moyen-Orient ; b) le « terrorisme Arabe, Palestinien et islamiste radical »[xxxv] qui affecte Israël n’est qu’une manifestation locale d’un phénomène global de « haine » de l’Occident, et ne saurait trouver d’explication (au moins partielle) dans les conditions de vie imposées aux Palestiniens, notamment dans les territoires occupés.
Le troisième moment, déjà évoqué plus haut, se produit en 2003, lorsque le thème du « terrorisme » sert de liant à la narration mensongère diffusée aux États-Unis par les cercles néo-conservateurs très liés à Israël, concernant le prétendu danger que l’Irak représente pour la « paix et la stabilité du monde »[xxxvi]. L’invasion et la destruction institutionnelle de ce pays, justifiée par les prétendus efforts de Saddam Hussein de se doter d’armes de destruction massive constituent des antécédents directs à la préparation actuelle d’une guerre contre l’Iran, dans le contexte des suites de l’attaque menée contre Israël par diverses organisations palestiniennes à partir de Gaza le 7 octobre 2023. Les mêmes thèmes, les mêmes mots, le même commanditaire et le même opérateur étatsunien rejouent donc, une fois encore une tragédie programmée sur laquelle flotte l’ombre du terrorisme vrai et/ou fantasmé.
S’intéresser scientifiquement au terrorisme aux États-Unis implique donc d’affronter un écheveau de thèmes où le local rencontre le global et où le passé informe ironiquement le présent. Rompre avec l’approche polémique, pour étudier à la fois les actes et les discours des différents acteurs, tout en prenant les distances nécessaires pour pouvoir prétendre à une certaine objectivité, est l’enjeu central de la recherche sur le terrorisme. Dans ce texte il était, bien évidemment, seulement possible de procéder à une rapide mise en ordre d’une problématique complexe et foisonnante. S’il permettait de montrer que le terrorisme, aux États-Unis et ailleurs, peut et doit faire l’objet d’une analyse distanciée et basée sur un corpus documentaire solide, il aurait atteint son objectif principal.
Sur l’état de l’histoire du terrorisme comme champ scientifique en développement, on peut consulter : Daniel
[ii] On reviendra plus loin sur la difficile question des définitions du terrorisme. Il suffit pour l’instant de rappeler que le terrorisme fait l’objet de trois strates de significations qu’il est capital de savoir distinguer. D’abord une strate polémique, par laquelle on désigne un ennemi absolu, dont la cause et les méthodes sont répugnantes (ou encore « barbares ») et qui est par conséquent voué à l’extermination. Ensuite une strate juridique qui se propose de qualifier rigoureusement des actes spécifiques en vue de poursuivre et condamner leurs auteurs. Enfin, une strate scientifique qui a pour objet de différencier le terrorisme des autres formes de violence (surtout) politique, et de comprendre les conditions géopolitiques, techniques et spatio-temporelles de son utilisation par divers acteurs. Sur ce point, on peut consulter : Daniel Dory ; Jean-Baptiste Noé (Dirs.), Le complexe terroriste, VA Éditions, Versailles, 2022.
[iii] Il est impossible de détailler ici la démonstration de cette affirmation, qui se base sur l’existence à cette époque d’un creuset où opèrent les révolutionnaires anti tsaristes russes, les indépendantistes irlandais et la mouvance anarchiste internationale. Ces acteurs, contemporains de bouleversements idéologiques et politiques issus en partie de la Révolution dite française, et d’innovations techniques (dynamite, presse à grand tirage, chemins de fer, etc.), vont progressivement passer de l’assassinat politique à l’attentat dont la composante communicationnelle (transmettre violemment des messages à diverses audiences) est une caractéristique dominante. Pour approfondir cette question on peut consulter notamment : Daniel Dory, Étudier le terrorisme, VA Éditions, Versailles, 2024, 108-118.
[iv] Pour les tentatives problématiques pour intégrer des violences politiques plus anciennes (liées à la Guerre d’indépendance, aux actions antiesclavagistes et celles du Ku Klux Klan, sans oublier quelques épisodes associés à des conflits du travail) dans le cadre du terrorisme, voir : Matthew Jennings, « Terrorism in America From the Colonial Period to John Brown », in : Randall D. Law (Ed.), The Routledge History of Terrorism, Routledge, London-New York, 2015, 77-91 ; Paul Bradley Davis, « American Experiences and the Contemporary Perception of Terrorism », Small Wars and Insurgencies, Vol. 7, N° 2, 1996, 220-242.
[v] Christopher Hewitt, Understanding Terrorism in America from the Klan to Al Qaeda, Routledge, London-New York, 2003. Voir aussi : Bernard K. Johnpoll, « Perspectives on Political Terrorism in the United States », in : Yonah Alexander (Ed.), International Terrorism, AMS Press, New York, 1976, 30-45.
[vi] Sur l’idéologie religieuse assez déconcertante de ce courant, qui procède à une sorte de détournement du thème juif de l’élection en faveur des Anglo-Saxons, on peut lire : Chester Quarles, « Rural Radical Religion : Christian Identity and Covenant Community Militias », in : Lynne L. Snowden ; Bradley C. Whitsel (Eds.), Terrorism. Research, Readings and Realities, Pearson/Prentice Hall, New Jersey, 2005, 353-363.
[vii] Voir notamment : Hervé Théry ; Daniel Dory, « Pour une approche préliminaire de l’écoterrorisme », Liberté Politique, N° 95, 2023, 99-108.
[viii] Par exemple, la fusillade de Las Vegas, (1ier octobre 2017, 60 morts, 413 blessés), dont l’auteur, Stephen Paddock, est dépourvu de toute motivation politique.
[ix] Voir : Daniel Dory ; Hervé Théry, « Mettre le 11 septembre à sa place. Réflexions géographiques sur la réalité du terrorisme dans le monde », La Géographie, 1583, 2021, 40-45.
[x] On en trouvera un échantillon dans : Lisa Anderson, « Shock and Awe. Interpretation of the Events of September 11 », World Politics, Vol. 56, 2004, 303-325.
[xi] Le rapport est disponible en pdf sur internet (www.govinfo.gov). Une bonne édition avec des documents complémentaires est : The 9/11 Report, St. Martin’s Paperbacks, New York, 2004. Pour une critique préliminaire de ce document : Richard A. Falkenrath, « The 9/11 Report. A Review Essay », International Security, Vol. 29, N° 3, 2005, 170-190. Les remises en cause de la version officielle sont surtout l’œuvre de journalistes ayant mené des enquêtes indépendantes, par exemple : Eric Laurent, La face cachée du 11 septembre, Plon, Paris, 2004 ; Mehdi Ba, 11 questions sur le 11 septembre, Jean Claude Gawsewitch, Paris, 2011.
[xii] Qui à la différence des « loups solitaires » qui agissent effectivement seuls tout au long de la préparation et la réalisation de l’attentat, sont en relation (personnelle et/ou par internet) avec des individus, réseaux ou groupes qui les orientent, motivent et aident dans leur parcours idéologique et opérationnel.
[xiii] Il est habituel de distinguer entre le contreterrorisme qui se situe en amont de l’attentat, et antiterrorisme qui rassemble les mesures en aval de l’acte. Voir, par exemple : Alain Bauer ; Jean-Louis Bruguière, Les 100 mots du Terrorisme, PUF, Paris, 2010, 107. Dans la mesure où ces deux dimensions sont étroitement imbriquées dans la pratique, on utilisera ces deux termes indifféremment dans la suite de ce texte.
[xiv] On trouve une bonne formulation de cette question dans : Ronald Crelinsten, Counterterrorism, Polity, Cambridge, 2009, 1-16. Pour une bonne contextualisation historique on peut consulter : Steve Hewitt, « September 12 Thinking. The Missing Histories of Counterterrorism », in : Richard English (Ed.), The Cambridge History of Terrorism, Cambridge University Press, Cambridge, 2021, 503-523.
[xv] Voir : Robert Kumamoto, « Diplomacy from Below : International Terrorism and Américan Foreign Relations, 1945-1962 », Terrorism, Vol. 14, 1991, 31-48.
[xvi] Sur cette période on peut utilement consulter : Yonah Alexander, « United States », in ; Yonah Alexander, Counterterrorism Strategies. Successes and Failures of Six Nations, Potomac Books, Washington, 2006, 9-43 ; Aaron Winter, « The United States of America. Counter-terrorism pre-9/11 », in : Andrew Silke (Ed.), Routledge Handbook of Terrorism and Counterterrorism, Routledge, London-New York, 2019, 615-634 ;
[xvii] Pour un bon exemple de ceci, lire : Richard C. Thornton, « The hijacking of TWA-847. A strategic analysis », in : Jussi M. Hanhimäki ; Bernhard Blumenau (Eds.), An International History of Terrorism, Routledge, London-New York, 2013, 133-148.
[xviii] Ce qui donne lieu à diverses entreprises proches de la désinformation, comme la publication du livre à succès de Claire Sterling (née Neikind), Le réseau de la terreur, Jean-Claude Lattès, Paris, 1981.
[xix] Sur ce cas et ses conséquences, voir : Daniel Dory, « L’attentat du métro de Tokyo en 1995 : littérature, histoire et terrorisme », Conflits, N° 52, 2024, 80-82.
[xx] Pour une première approche de cet instrument juridique, on peut consulter l’entrée « Partiot Act » dans : Gus Martin (Ed.), The Sage Encyclopedia of Terrorism, Sage, 2nd Ed. Los Angeles, 2011, 467-470.
[xxi] Pour un rapide survol de cette période concernant le contreterrorisme domestique, voir : Joshua Sinai, « The United States of America. Domestic counterterrorism since 9/11 », », in : Andrew Silke (Ed.), Routledge Handbook of Terrorism and Counterterrorism, Routledge, London-New York, 2019, 635-647.
[xxii] La littérature sur cette question est immense. Voir, par exemple : Adam Roberts, « The ‘War on Terror’ in Historical Perspective », Survival, Vol.47, N° 2, 2005, 101-130 ; Gilles Andréani, « La guerre contre le terrorisme : un succès incertain et coûteux », Politique Etrangère, N° 2, 2011, 253-266. Lire surtout le très bon bilan de cette période dans : Julia McQuaid et Al., « The US campain against al-Qaeda, 2001-16 », in : David Martin Jones et Al. (Eds.), Terrorism and Counter-Terrorism Post 9/11 ; Edward Elgar, Chaltenham, 2019, 387-404.
[xxiii] Ce en quoi elle se différencie, malgré l’analogie souvent faite et l’évocation rituelle du nazisme, avec la Deuxième guerre mondiale. Sur ce point, lire : David Hoogland Noon, « Operation Enduring Analogy : World War II, the War on Terror, and the Uses of Historical Memory », Rhetoric & Public Affairs, Vol. 7, N° 3, 2004, 339-366.
[xxiv] Comme pour l’élimination de ben Laden au Pakistan en mai 2011. On notera au passage l’effet faible ou nul de cette exécution sur la survie d’al Qaïda et l’intensité du fait terroriste dans le monde. Voir à ce propos : Daren Fisher ; Michael H. Becker, « The heterogeneous repercussions of killing Osama bin Laden on global terrorism patterns », European Journal of Criminology, Vol. 18, N° 3, 2021, 301-324.
[xxv] Cette question est notamment traitée dans : Jacques Baud, Opération Déluge d’Al-Aqsa. La défaite du vainqueur, Max Milo, Paris, 2024.
[xxvi] Pour un panorama historique de cette période, on peut consulter notamment : Marc Hecker ; Élie Tenenbaum, La guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siècle, Robert Laffont, Paris, 2021.
[xxvii] Sur la genèse et le contenu de la notion de « lutte contre l’extrémisme violent » on peut lire : Daniel Koehler, « Preventing and Countering Violent Extremism », in : Diego Muro ; Tim Wilson (Eds.), Contemporary Terrorism Studies, Oxford University Press, Oxford, 2022, 518-537.
[xxviii] Voir, par exemple : George Michael, « Right-Wing Terrorism. The strategic dimension », in : Andrew Silke (Ed.), Routledge Handbook of Terrorism and Counterterrorism, Routledge, London-New York, 2019, 98-111.
[xxix] Par exemple l’Anti-Defamation League très active en la matière, au-delà de son « cœur de métier » centré sur la lutte contre l’antisémitisme.
[xxx] Cette question, pourtant essentielle, est négligée par l’immense majorité de la littérature sur la menace « terroriste » de l « extrême droite » qui aux États-Unis a fréquemment un caractère religieux prononcé. Voir, par exemple : James Aho, « Christian Fundamentalism and Militia Movements in the United States », in : James J. F. Forest (Ed.), The Making of a Terrorist, Vol. 1, Praeger Security International, Westport, 2006, 216-231.
[xxxi] Pour un rapide survol de ce thème on peut consulter le travail journalistique de : Jacques Follorou, Démocraties sous contrôle. La victoire posthume d’Oussama Ben Laden, CNRS Éditions, Paris, 2014.
[xxxii] Voir : Andrew Silke, « The Impact of 9/11 on Research on Terrorism », in Magnus Ranstorp (Ed.), Mapping Terrorism Research, Routledge, London-New York, 2007,76-93.
[xxxiii] Les deux références suivantes permettent une première approche sérieuse du sujet : Avi Shlaim, « The United States and the Israeli-Palestinian Conflict », in : Ken Booth ; Tim Dunne (Eds.), Worlds in Collision. Terror and the Future of Global Order, Palgrave, Houndmills, 2002, 172-183 ; Ruth Margolies Beitler, « The Complex Relationship between Global Terrorism and U.S. Support for Israel », in : James J. F. Forest (Ed.), The Making of a Terrorist, Vol. 3, Praeger Security International, Westport, 2006, 62-73.
[xxxiv] Parmi ces discours, maintenant un peu oubliés mais qu’il est indispensable de connaître, figurent : « Speach on Terrorism by Secretary of State Shultz », 25 octobre 1984 (discours au Jewish Community Relations Council de Manhattan), in : Bruce Maxwell (Ed.), Terrorism. A Documentary History, CQ Press, Washington, 2003, 61-64 ; George Shultz, « The Struggle Against Terrorism » (discours dirigé à l’Anti-Defamation League (!) à Palm Beach, Florida, le 12 février 1988), in : Yonah Alexander ; Abraham H. Foxman, The 1987 Annual on Terrorism, Martinus Nijhoff, Dordrecht, 1989, 347-356. Et surtout : George P. Shultz, « The Challenge to the Démocraties », in : Benjamin Netanyahou (Ed.), Terrorism. How the West Can Win. Farrar-Straus-Giroux, New York, 1986, 16-24.
[xxxv] Le discours d’Ariel Sharon est disponible sur le site Internet du Ministère Israélien des Affaires Étrangères.
[xxxvi] Sur ce point la lecture de l’ouvrage suivant est plus qu’utile : John J. Mearsheimer ; Stephen M. Walt, Le Lobby Pro-Israélien et la Politique Étrangère Américaine, La Découverte, Paris, 2007 ; (spécialement le chapitre 8, 251-288).