L’école libre à l’ère du soupçon

Source [Causeur] : Au prétexte de l’affaire Bétharram, l’administration sort la matraque contre l’enseignement catholique (qu’elle n’a jamais du reste tellement ménagé). Au nom de la République, bien sûr.

C’est peut-être en se rendant à l’école Notre-Dame-des-Vertus, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, que l’on mesure le mieux la popularité de l’enseignement catholique en France de nos jours. Le 5 mai, une manifestation a eu lieu devant l’entrée de l’établissement. Plusieurs membres de la section locale de la FCPE, le principal syndicat des parents d’élèves du public, sont venus distribuer des tracts. Avec ce curieux mot d’ordre : « Revenez ! ». Un message destiné aux familles qui ont préféré inscrire leur progéniture dans cette institution privée sous contrat, où les effectifs sont pourtant saturés, au lieu de les envoyer à la communale. Résultat, les écoles publiques de la ville sont désertées, et le rectorat n’a d’autre choix que de réduire drastiquement leurs capacités d’accueil. Il vient d’annoncer la fermeture de pas moins de treize classes pour la rentrée prochaine.

L’école publique va mal et on a donc trouvé le responsable. Ce ne sont ni les violences scolaires, ni les agressions de certains agents, ni l’effondrement du niveau en mathématiques, ni l’illettrisme à l’entrée au collège (voire à sa sortie). Le vrai danger, l’urgence, le fléau de l’école publique, c’est sa concurrente, l’école privée. Celle qui fonctionne à peu près, coupable de croire que l’on peut encore transmettre quelque chose à des enfants. « Chez nous, les dossiers sont déposés dès septembre pour la rentrée de l’an prochain, confie un directeur d’établissement de l’ouest parisien. Pas besoin de journée portes ouvertes pour attirer les parents. On refuse déjà un sixième des dossiers. »

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