
Source [Conflits] : L’Iran peut-il obtenir la bombe nucléaire ? Comment peuvent agir les Etats-Unis pour empêcher ce déploiement de la bombe ? Entretien avec Rafaelle Mauriello.
Rafaelle Mauriello est professeur en Iran et en Italie. Il travaille sur les sujets de sécurité et de défense.
J’ai récemment interviewé Fred Fleitz, ancien chef de cabinet du Conseil national de sécurité de la première administration Trump, qui possède également une longue expérience dans les services de renseignement américains. Selon lui, « sous la première administration Trump, l’Iran ne pouvait fabriquer que deux armes nucléaires en cinq mois et demi. Aujourd’hui, il peut en fabriquer une en moins d’une semaine et 14 armes en quatre mois ».
Il a déclaré que cela était très problématique, ajoutant qu’« il existe une fenêtre d’opportunité de deux à trois mois pendant laquelle l’Iran peut accepter de mettre fin à son programme nucléaire. Sinon, les États-Unis imposeront des sanctions sévères et pourraient même recourir à l’action militaire ». Que pensez-vous de ces déclarations ?
Il y a donc plusieurs éléments en jeu ici. D’une part, nous avons le programme nucléaire iranien, qui est un programme nucléaire civil. À ce jour, personne n’a prouvé qu’il s’agissait d’autre chose qu’un programme nucléaire civil, ce que les Iraniens affirment avoir toujours poursuivi.
Et il est important de rappeler que ce programme a été lancé avant la création de la République islamique, sous le régime Pahlavi. Il s’agit donc d’un programme poursuivi par l’Iran avant et après la révolution. Il n’est donc pas propre à la République islamique, ce qu’il est important de souligner.
Selon moi, Trump a pris la mauvaise décision en se retirant d’un accord très avantageux, qui avait en fait été conclu après deux ans d’intenses négociations entre différents acteurs clés, dont l’Union européenne, la Chine et la Russie. L’ensemble du programme nucléaire de l’Iran, qui est signataire volontaire du Traité de non-prolifération (TNP), était alors soumis à la surveillance complète de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’agence des Nations unies chargée de l’énergie nucléaire.
Ainsi, après le retrait des États-Unis sous Trump, l’Iran a attendu un an pour voir ce qui allait se passer. Mais après cela, en guise de contre-mesure, il a commencé à enrichir de l’uranium à des niveaux de plus en plus élevés. À ce stade, l’Iran dispose donc des connaissances, ou est très proche de les acquérir, pour atteindre le niveau d’enrichissement nécessaire à un programme nucléaire militaire, ce qui n’est pas, à l’heure actuelle, l’objectif du programme, mais c’est une possibilité.
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