Une vision russe de la menace islamiste en Asie centrale

[Source: MEMRI FR]

Le 19 janvier 2016, le site Internet du think tank pro-Kremlin Valdai Club a publié un rapport d’Andrei Kazantsev, directeur du Centre analytique de l’Institut des Etudes internationales en Russie, intitulé “Asie centrale : l’a laïcité de l’Etat menacée par l’islam radical” [1]. Kazantsev y écrit que les pays d’Asie centrale post-soviétique font face à la menace de l’islam radical qui remet en cause les perspectives d’un Etat laïque et représente un obstacle sérieux à la modernisation de la région. Extraits : [2]

Afghanistan

“Les pays de l’Asie centrale post-soviétique font face à des problèmes dus à la fois aux anciens défis sécuritaires et à l’émergence de menaces totalement nouvelles. Ces menaces peuvent remettre en question les perspectives d’un Etat laïque dans la région et représentent un obstacle sérieux à la modernisation. Un des plus anciens défis sécuritaires est celui de la situation dans l’Afghanistan voisin, où les phénomènes de crise sont en continuelle aggravation. La principale menace est celle de la concentration de militants au nord de l’Afghanistan (à la frontière du Tadjikistan, [3] du Turkmenistan et de l’Ouzbékistan)… [4]

Comme le relève un document du Conseil de Sécurité des Nations unies, ‘les forces de sécurité afghanes estimaient en mars 2015 que quelque 6500 terroristes étrangers étaient actifs dans le pays’.[5] Le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (renommé par la suite Mouvement islamique du Turkistan, IMT) compte à lui seul 200 combattants. [6] Selon les estimations de l’état-major russe, si on inclut aussi les Afghans, le nombre total de terroristes dans le pays atteint environ 50 000. [7]La menace en provenance de l’Afghanistan n’est pas seulement celle d’une alternative idéologique à l’Etat laïque, sous forme d’islam radical, mais comporte aussi une dimension purement militaire…”

L’Etat islamique

“En 2014 et en particulier en 2015, un ‘second front’ a émergé au Moyen-Orient, qui a rapidement gagné l’Asie centrale : l’Etat islamique (EI). Tout d’abord, l’EI est lourd de la menace d’un terrorisme à fondement religieux, au vu du potentiel de migration de ‘militants’… 500 militants sont ainsi arrivés en Syrie et en Irak depuis l’Ouzbékistan ; 360 du Turkménistan, 350 du Kirghizstan, 250 du Kazakhstan et 190 du Tadjikistan. Il est évident que leur recrutement aurait été impossible sans l’existence de ‘cellules dormantes’ de l’EI dans les pays d’Asie centrale et en Russie. Les militants se rendent souvent en Syrie et en Irak en passant par la Russie. Les travailleurs émigrés en Russie sont également recrutés. Deuxièmement, l’EI représente un défi idéologique sérieux pour tous les Etats musulmans, y compris ceux d’Asie centrale, parce qu’en tant que Califat, il revendique la suprématie sur le monde musulman tout entier. L’EI a ainsi notamment classé l’Asie centrale et l’Afghanistan comme Wilayat Khorasan [province de l’Etat islamique]…

Une menace particulière pour l’Asie centrale est celle posée par le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (IMU), qui est historiquement le mouvement terroriste le plus dangereux de la région… et qui a rejoint l’EI. Dans le même temps, les drapeaux de l’EI ont été brandis par les tribus turkmènes habitant les régions frontalières du Turkménistan (dont beaucoup sont des descendants des basmachi qui ont combattu le premier gouvernement soviétique). [8] L’EI est également engagé dans des activités subversives dans l’hinterland d’Asie centrale. Des experts kirghizes et tadjiks rapportent que l’EI a alloué 70 millions de $ aux actions de subversion dans la région. [9] Les menaces sécuritaires pour l’Asie centrale provenant de l’islam radical en Afghanistan et dans les pays du Moyen-Orient sont aggravées par plusieurs facteurs internes négatifs, qui placent la majorité des pays de la région sur la liste des “Etats fragiles”. Ces “Etats fragiles” peuvent facilement devenir des “Etats défaillants” qui ne contrôlent plus leur propre territoire. Ces Etats sont un terreau fertile au retranchement de groupes terroristes radicaux comme l’EI…”

Trafic de drogue, corruption, pauvreté et “régimes de sultanat”

“Les facteurs qui contribuent à la ‘fragilité’ de ces Etats sont les suivants : tout d’abord, le trafic de drogue à grande échelle sur l’axe de transport routier du Nord allant de l’Afghanistan à la Russie. Celle-ci est la principale consommatrice d’héroïne en provenance d’Afghanistan au monde. Les experts sécuritaires savent parfaitement que les revenus du trafic de drogue sont souvent utilisés pour financer le terrorisme et l’extrémisme religieux. L’existence de ce lien ressort clairement de la guerre de Batken : un des objectifs de l’IMU lors de l’invasion du Kirghizstan était de créer des voies de trafic pour l’héroïne.[10]

Un autre facteur important contribuant à leur fragilité et à la croissance de la menace radicale islamique est le taux extrêmement élevé de corruption dans la région… Tout d’abord, la corruption est étroitement liée au crime organisé, en particulier au trafic de drogue, dont les revenus peuvent être utilisés pour financer des groupes terroristes, comme nous l’avons mentionné plus haut. Deuxièmement, elle diminue considérablement l’efficacité des organismes gouvernementaux dans leur lutte contre la menace de l’islam radical. Troisièmement, le niveau élevé de corruption et les inégalités sociales qui en découlent sont un des principaux éléments de propagande utilisés par les islamistes radicaux, y compris l’EI, contre les régimes laïques existants dans la région.

La pauvreté est l’autre facteur qui contribue à la fragilité de ces Etats. Les pays de la région (en particulier les régions de l’Ouzbékistan, du Tadjikistan et du Kirghizstan dans la vallée de la Fergana)[11] sont caractérisés par un degré très élevé de surpopulation rurale, aggravé par la pénurie en eau et en sol fertile. Cela entraîne un taux de chômage élevé et un grand nombre de jeunes marginalisés, qui sont des proies faciles pour le lavage de cerveau de la part des islamistes radicaux. Le problème est encore accru par la dégradation de l’aide sociale par rapport à la période soviétique, et des systèmes d’éducation et de santé. L’augmentation de la pauvreté intervient dans le contexte d’une tendance à la ‘dé-modernisation’ socio-économique. Ainsi, en raison de la guerre civile et des difficultés économiques, le taux de résidents des villes au Tadjikistan a diminué à 26 % de la population totale en 2010, taux comparable à celui des pays les moins développés. D’autres manifestations de la ‘dé-modernisation’ incluent l’exode des spécialistes hautement qualifiés et des intellectuels (russophones ou non).

Un autre facteur important qui menace les Etats dans les pays de la région est l’existence de régimes personnalisés ‘sultanistiques’ enracinés dans le système de clans qui détermine les configurations de réseaux au sein des élites. Les deux principaux pays de la région – l’Ouzbékistan et le Kazhakstan – n’ont pas connu un seul changement de pouvoir au cours de la période post-soviétique et les institutions politiques actuelles des deux pays sont étroitement liées aux fortes personnalités de leurs présidents. Dans le même temps, en raison du facteur lié à l’âge, un changement de pouvoir sera à l’ordre du jour dans un avenir proche et ceci pourra entraîner une exacerbation des confits inter-claniques au sein des élites et une déstabilisation supplémentaire.

Les conflits autour des ressources en eau et les conflits d’intérêts

Une autre question est celle des graves conflits inter-étatiques portant sur les ressources en eau entre les pays des parties supérieures des fleuves (Tadjikistan et Kirghizstan) et ceux des parties inférieures (Ouzbékistan, et dans une moindre mesure le Turkménistan et le Kazhakstan). Ces conflits sont de graves obstacles à la coopération, y compris dans le domaine de la lutte conjointe contre les menaces sécuritaires.

En outre, les grandes puissances dotées d’influence (Russie, Etats-Unis, Chine, UE et pays islamiques) sont impliquées dans la concurrence pour exercer leur influence dans la région. Les conflits d’intérêts entre elles peuvent accroître les menaces sécuritaires et, dans le meilleur des cas, neutraliser leurs efforts pour aider les pays de la région à affronter les différents défis.

Les menaces extérieures de l’islam radical susmentionnées, émanant de l’Afghanistan et des pays du Moyen-Orient, menaces qui sont considérablement accrues par les problèmes internes existant dans plusieurs pays de la région, indiquent clairement l’existence d’une crise du modèle d’Etat séculier établi en Asie centrale au cours de la période post-soviétique. Les perspectives de surmonter cette crise sont différentes dans chaque pays et sont largement déterminées par la nature des relations entre les organismes étatiques et l’islam…

L’islamisme au Tadjikistan

Après que les pays d’Asie centrale eurent conquis leur indépendance, leurs élites ont commencé à soutenir activement ce qu’elles considéraient comme des versions politiquement appropriées de l’islam, dans un effort pour créer des formes de religion nationales, qui légitimeraient les systèmes politiques existants dans les états séculiers. La situation au Tadjikistan est la pire, en termes d’instabilité et d’influence de l’islam radical. Parmi les facteurs négatifs, il est important de noter sa proximité avec l’Afghanistan, une situation interne socio-économique très complexe et les conséquences destructrices de la guerre civile qui a eu lieu au cours de la première moitié des années 1990. Dans le même temps, la radicalisation de la société, y compris parmi les membres des organes chargés de l’application de la loi, s’accélère.

L’incident le plus grave s’est produit en 2015, lorsque le colonel de la police anti-émeutes Gulmurod Khalimov a déserté son unité pour rejoindre l’EI. [12] Une mutinerie militaire dirigée par le ministre de la Défense adjoint, le Maj.-Gén. Abdukhalim Nazarzoda s’est produite à l’automne 2015.[13] Les autorités ont également attribué cela à l’influence de l’islam radical. Le gouvernement central du Tadjikistan ne semble pas exercer de contrôle fort sur certaines parties de son territoire telles que le Gorno Badakhshan [région autonome du Tadjikistan oriental]. La défense de la frontière tadjiko-afghane s’est également affaiblie après le départ des gardes-frontières russes. Ceci s’avère dangereux au vu de la déstabilisation accélérée des zones frontalières de l’Afghanistan.[14] Les excès commis dans la lutte contre l’islamisme peuvent aussi amener à la diffusion de l’islam radical. Des actions comme la fermeture à grande échelle des mosquées, l’introduction d’un code vestimentaire très strict en opposition à la tradition islamique, et l’interdiction du parti modéré du Renouveau islamique au Tadjikistan, peuvent favoriser l’islam radical.[15]

L’islamisme au Kirghizstan

Le Kirghizstan est également l’objet de graves menaces. Un des risques spécifiques tient à la division géopolitique du pays entre le nord et le sud [c’est après son indépendance en 1991 qu’apparaît la possibilité d’une division nord-sud]. Lorsque la guerre de Batken a éclaté, les organes gouvernementaux khirghizes étaient traditionnellement faibles et ont été encore affaiblis par deux révolutions (en 2005 et 2010).[16] L’islamisme radical présente la plus grave menace au sud du Kirghizstan, en particulier au sein de la vaste diaspora ouzbèke. La situation dans cette région est encore compliquée par le grave conflit ethnique entre les Kirghizes et les Ouzbeks, qui a conduit aux pogroms de 2010.[17]

L’islamisme au Turkménistan

La situation au Turkménistan était traditionnellement considérée comme l’une des plus stables de la région. Néanmoins, elle s’est gravement détériorée en 2014-2015, après que l’EI eut pénétré des zones proches de la frontière afghano-turkmène. Les aspects négatifs du statut de neutralité du Turkménistan sont devenus évidents. [18] Le pays n’a pas d’armée assez forte pour protéger ses frontières, et ne peut demander l’aide militaire de la Russie, par exemple, car cela contredirait le concept de neutralité. La situation intérieure laisse beaucoup à désirer également…

L’islamisme en Ouzbékistan

L’affrontement avec les tendances extrémistes au sein de l’islam en Ouzbékistan est caractérisé par des contradictions substantielles. D’une part, les groupes extrémistes les plus puissants de la région ont émergé en Ouzbékistan. En 1999, l’IMU a planifié des attaques terroristes massives à Tachkent. En mai 2005, Akromiya (Akromiylar), un groupe islamiste radical, a organisé un soulèvement à Andizhan (vallée de la Fergana). D’autre part, les puissants organes étatiques chargés du respect de la loi et leur politique généralement répressive ont placé le pays sous un relatif contrôle.

La propagande islamique et les activités terroristes se développent en Ouzbékistan, dans le contexte d’une crise socio-économique en allant s’aggravant. L’Ouzbékistan vient juste après la Russie dans la zone post-soviétique, en termes de nombre de militants partis se battre en Syrie et en Irak. Parmi d’autres facteurs, la croissance de l’extrémisme religieux en Ouzbékistan est une question compliquée, car elle est liée à la politique des clans. L’Ouzbékistan connaît une ‘division du travail’ traditionnelle entre les clans régionaux, exprimée dans le proverbe ‘Un résident de Samarcande dirige ; un résident de Tachkent compte l’argent et un résident de la vallée de la Fergana prie’. Ce proverbe souligne le rôle particulier de l’islam dans la vallée de la Fergana et le fait que tous les principaux dirigeants religieux en Ouzbékistan viennent traditionnellement de cette région. Au cours de la période post-soviétique,  le clan de Samarcande [un des deux clans ouzbeks les plus puissants], dont le président lui-même [Islam Karimov] est issu, et le clan de Tachkent (en charge de l’économie), sont arrivés au pouvoir en Ouzbékistan. De nombreux experts pensent que le clan de Fergana a utilisé la menace de l’extrémisme islamique pour accroître son influence. L’alignement inter-clanique susmentionné des forces politiques est très important, car le problème prédominant de la transmission du pouvoir peut aggraver de manière significative la lutte inter-clanique.

L’islamisme au Kazakhstan

Le Kazakhstan est moins affecté par le radicalisme religieux, en raison des facteurs spécifiques suivants : une économie stable (environ deux-tiers du PIB de l’Asie centrale sont produits au Kazakhstan) ; un niveau assez élevé de modernisation sociale pendant la période soviétique ; l’existence d’une population russophone étendue, et la tradition historique de diffusion de l’islam au sein de la population kazaque. La situation dans deux régions revêt une importance capitale en termes de diffusion de l’islam radical. L’influence des institutions islamiques a été traditionnellement forte au sud du Kazakhstan, région où la population est sédentaire. Le renouveau de l’islam y a été caractérisé par l’émergence de ses formes les plus radicales. Une situation pas moins complexe s’est développée au Kazakhstan occidental au cours des dernières années. Le développement industriel intensif des réserves de pétrole et de gaz de la région a attiré des groupes socialement marginalisés…

Combattre l’islamisme : l’école hanafite et l’idéologie Djadid

Les menaces contre l’Etat séculier en Asie centrale sont assez élevées. Toutefois, les pays de la région possèdent la capacité potentielle de s’y opposer. Historiquement, l’Asie centrale est une partie du monde musulman caractérisée par une science islamique développée et par la tradition soufie d’un islam marqué par la poésie mystique…  Ces traditions locales culturelles de l’islam sont une des principales cibles des radicaux islamiques, qui contestent les formes nationales de la religion et de la culture musulmane. Les soufis d’Asie centrale (notamment le grand enseignant ouzbek de l’ère soviétique Muhammad-jan Hindustani) [19] se sont activement opposés à la diffusion de l’islam radical (salafisme et wahhabisme). Par conséquent, il n’est pas surprenant que l’extrémisme religieux y soit beaucoup moins répandu que dans les anciens centres de civilisation d’Asie centrale, comme Samarcande et Boukhara, en raison de la culture hautement traditionnelle de la population.

Le potentiel de l’école hanafite traditionnelle ne doit pas non plus être sous-estimé. C’est l’une des quatre écoles religieuses sunnites orthodoxes de jurisprudence, alors que l’islam radical (salafisme) est lié à l’école hanbalite représentée par l’Arabie saoudite, dans son interprétation wahhabite. Le développement de l’islam traditionnel et la consolidation de l’école hanafite et sa reconnaissance officielle (comme c’est le cas, par exemple, au Tadjikistan) sont une ressource pour combattre le radicalisme…

Il convient aussi de souligner que les pays d’Asie centrale ont une expérience historique positive de la modernisation de l’idéologie islamique, qui peut bien être appliquée aux conditions actuelles. La seconde moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle ont vu l’émergence de l’idéologie djadid… Elle a été introduite par des réformateurs musulmans libéraux dans ces régions, qui étaient les instigateurs de la diffusion de telles idées.[20] Il s’agit d’une tradition culturelle de développement suivant une voie strictement laïque, qui est caractéristique des pays les plus développés de la région, tel que le Kazakhstan.

Combattre l’islamisme : “L’héritage de modernisation soviétique”, une économie de marché efficace et le rôle de la Russie

L’héritage de la modernisation soviétique facilite aussi la préservation de l’Etat laïque. Il a conduit à de nombreux changements en Asie centrale. De nombreuses habitudes de vie des non musulmans établies par les soviétiques (par exemple, le taux de lettrisme élevé et l’éducation laïque de la population grâce au système d’enseignement universel, la consommation d’alcool et la fréquence peu élevée des visites à la mosquée) différencient encore aujourd’hui de nombreux habitants de la région de leurs coreligionnaires du reste du monde musulman.

Au cours de la période post-soviétique, l’efficacité des réformes destinées à créer des institutions modernes a été différente selon les pays de la région. Le Kazakhstan a été en pointe dans le développement d’une économie de marché et l’attrait d’investissements. Une économie de marché efficiente est un des obstacles les plus efficaces au retour des institutions islamiques archaïques promues par les radicaux… Le Kazakhstan constitue une sorte de ‘bastion de la stabilité’ principalement en raison de sa relative prospérité économique régionale. Il garantit la sécurité des frontières méridionales de la Russie, des frontières occidentales de la Chine, et en fin de compte la sécurité des frontières orientales de l’UE.

L’aide des grandes puissances est une ressource majeure dans le combat contre l’islamisme radical en Asie centrale. Dans ce contexte, un mérite particulier doit être attribué à la Russie, qui occupe des positions clés en termes de garantie de la sécurité régionale. L’Organisation du Traité de la Sécurité collective soutenue par Moscou est la principale protection du Kazakhstan, du Kirghizstan et du Tajikistan contre de possibles invasions depuis le territoire afghan et contre une éventuelle expansion de l’EI.[21] La Russie est préoccupée au plus haut point par le combat contre le radicalisme islamique en Asie centrale. Sa diffusion et sa victoire éventuelle sont liées au potentiel de croissance de nombreuses menaces transfrontalières (terrorisme, trafic de drogue, intensification des migrations incontrôlées, etc.). Dans le contexte des migrations, la sécurité de plusieurs zones métropolitaines de la Russie (Moscou avant tout) dépend largement de la capacité de Moscou et de la communauté internationale tout entière à rendre effective l’aide aux pays d’Asie centrale pour contrer la menace grandissante de l’islamisme radical.

 

Notes:

[1] Valdaiclub.com, 19 janvier 2016.

[2] Le texte original en anglais a été légèrement modifié pour des soucis de clarté.

[3] La phase principale des exercices conjoints impliquant les unités des forces armées de Russie et du Tadjikistan a commencé en mars 2016. Les unités de commandement et de contrôle du ministère de la Défense du Tadjikistan et du district militaire central russe, ainsi que des unités d’infanterie motorisée, forces spéciales, et des groupes d’assaut aéroportés des deux pays ont participé à l’exercice. Sputniknews.com, 14 mars 2016.

[4] Kommersant.ru, 8 octobre 2015.

[5] Lettre datée du 19 mai 2015 du président de la Commission du Conseil de sécurité , conformément aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) concernant Al-Qaida et les personnes et entités associées, adressée au président du Conseil de Sécurité. S/2015/358.p.8.

[6] Lettre datée du 19 mai 2015 du président de la Commission du Conseil de sécurité , conformément aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) concernant Al-Qaida et les personnes et entités associées, adressée au président du Conseil de Sécurité. S/2015/358.p.9.

[7] Kommersant.ru, 8 octobre 2015.

[8] La révolte des Basmachi était une insurrection dirigée contre le pouvoir soviétique en Asie centrale, qui a commencé après la révolution russe en 1917 et a été largement réprimée en 1926.

[9] Kommersant.ru, 8 octobre 2015.

[10] Le Mouvement islamique pour l’Ouzbékistan (IMU) a été critiqué par le Kirghizstan pour les incidents de Batken en 1999 et 2000.

[11] La vallée de la Fergana, en Asie centrale, s’étend entre l’Ouzbékistan oriental, le sud du Kirghizstan et le nord du Tadjikistan. En mars 2016, des tensions sont apparues entre l’Ouzbékistan et le Kirghizstan à propos d’un territoire de la vallée partagé entre les deux pays.

[12] En avril 2015, Gulmurod Khalimov a rejoint l’EI en Syrie. Khalimov, ancien commandant des forces spéciales du ministère tadjik de l’Intérieur, est apparu dans une vidéo de propagande confirmant qu’il combattait pour l’EI. En février 2016, sa deuxième femme, Humairo Mirova, a gagné la Syrie avec leurs quatre enfants.

[13] En septembre 2015, l’ancien ministre de la Défense adjoint tadjik Abdukhalim Nazarzoda a été tué par des forces de sécurité tadjikes, après que des tireurs fidèles à Nazarzoda aient affronté les forces gouvernementales.

[14] Le 6 octobre 2015, le président du Tadjikistan Emomali Rahmon a rencontré le président russe Vladimir Poutine pour discuter de questions sécuritaires afin de protéger la frontière longue de 1200 kilomètres avec l’Afghanistan. Lors de la rencontre, Rahmon a affirmé que la situation en Afghanistan s’aggravait de jour en jour. “Les hostilités sont en cours sur 60 pour cent de la frontière. C’est très alarmant ; par conséquent… je voudrais m’occuper spécifiquement des questions de sécurité dans la région”, a-t-il déclaré. Kremlin.ru, 6 octobre 2015.

[15] En janvier 2016, la police au Tadjikistan a rasé les barbes de quelque 13000 hommes, et 17000 ont retiré leurs foulards, dans un geste visant à contrer l’extrémisme.

[16] La Révolution des tulipes, ou première Révolution kirghize, a renversé le président AskarAkayev en 2005. La seconde révolution kirghize a chassé le président Kurmanbek Bakiyev en 2010.

[17] Au lendemain de la deuxième Révolution kirghize, des affrontements ethniques entre les Kirghizes et les Ouzbeks ont éclaté dans le sud du Kirghizstan en 2010. Ces affrontements ont fait des centaines de victimes et entraîné des pillages et destructions de biens.

[18] Le 12 décembre 1995, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté la Résolution sur la Neutralité permanente du Turkménistan.

[19] Muhammad-jan Hindustani (1892-1989) était un érudit musulman ouzbek. Il est considéré comme le père de la renaissance islamique en Asie centrale.

[20] Le djadidisme était un mouvement musulman réformateur en Asie centrale, implanté principalement parmi les Ouzbeks et les Tadjiks, à partir des premières années du 20e siècle et jusqu’aux années 1920.

[21] L’Organisation du Traité de Sécurité collective a été créée le 15 mai 1992. Odkb-csto.org/.