Depuis la rentrée de septembre, la vie politique française est mouvementée et alimentée par des polémiques diverses. Souvent situées en marge ou en-dessous de la ceinture, elles participent d’une diversion utile au gouvernement en éclipsant les problèmes les plus graves.
BBQ et match de foot
L’actualité de la rentrée a été largement occupée par la guerre en Ukraine. Après plus de deux ans de nouvelles sanitaires, le conflit entre Moscou et Kiev a permis de diversifier un peu les gros titres. Un changement de sujet certes, mais toujours avec une redoutable partialité, faisant passer du sanitairement correct au géopolitiquement correct.
Ces actualités centrales ont pris le dessus sans pour autant éclipser les actualités nationales. L’arrivée inédite d’oppositions diverses à l’Assemblée laissait même envisager un regain de forme du débat. Quatre mois après le renouvellement de la Chambre, il n’en n’est rien. L’attention est portée essentiellement sur des micros-évènements, de petites phrases, des coups de com’ comme en fait le président Macron mais en moins bien - ou tout au moins sur des sujets très secondaires.
Deux affaires emblématiques du mois de septembre auront été celles du barbecue du député Sandrine Rousseau et le match de football des parlementaires. La saga barbecue relève des lubies de la gauche « déconstructrice », le propos du député écologiste Rousseau consistant à dire que le barbecue est une activité viriliste excluant les femmes. Une sortie de route assez ridicule pour laquelle l’égérie de la coalition des gauches a reçu nombre de soutiens dans son camp mais qui a permis aussi de dénoter en interne des lignes de fracture. Le communiste Roussel qui tente de jouer la carte du bon sens a ainsi peu goûté les merguez végétales de sa complice écologiste.
L’occupation des temps de débat et des contenus médiatiques par ce type d’âneries aura duré plusieurs semaines. La fin du mois de septembre sera marquée par une petite polémique intra-parlementaire. Un certain nombre de députés de l’alliance des gauches a ainsi refusé de jouer contre (ou avec) des députés Rassemblement National lors d’un tournoi caritatif entre députés. Une attitude sectaire mais aussi hypocrite car à l’occasion de la dernière législature, Insoumis et RN avaient joué ensemble au rugby. Cet antifascisme réchauffé n’a guère pris, même si la présidente du groupe de la majorité (Renaissance) Aurore Bergé a bien tenté d’adopter la même attitude. Un souci d’éthique étonnant pour une jeune femme qui a déjà changé d’équipe à de nombreuses reprises au cours de sa carrière politique…
Infantiliser la population
Ces petites polémiques alimentent l’actualité, chacun y va de son bon (ou mauvais) mot, les sujets importants sont relayés au second plan. Et quand ils ne le sont pas, ils sont traités de manière abêtissante.
La crise énergétique à venir est ainsi tournée en dérision par le gouvernement qui propose comme seule réponse de se faire prendre en photos en col roulé et autres « doudounes » de vilaine facture. Une infantilisation du Français à qui il a d’abord été expliqué comment mettre un masque et qui doit désormais être éduqué en matière d’habillement…
Le dérisoire (barbecue, football) se voit ainsi pris très au sérieux quand les graves problèmes économiques qui vont toucher directement les Français - comme la question de l’énergie - est tournée en dérision à coup de conférences de presse en col roulé. Ce qui n’est pas sérieux est pris au sérieux, ce qui est sérieux est traité de manière débilitante, le tout dans une cacophonie médiatique qui casse la hiérarchie de l’information.
Le phénomène participe de la diversion, parfois involontaire, et fait le jeu du gouvernement qui mène le débat. En jouant l’outrance et le ridicule, les tenants de lignes politiques marginales orchestrent des débats de sociétés qu’ils souhaitent mettre sur le devant de la scène et la majorité, elle, détourne le centre d’attention… Jusqu’à quand ?
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