La France qui a marché le 11 janvier derrière son drapeau, acclamant sa police, chantant la Marseillaise pour honorer ses morts, n’est pas la France de Charlie Hebdo. Quoi que les pancartes « Je suis Charlie » aient voulu dire, janvier 2015 est un anti-Mai 68.

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Certes, les Français ont défilé pour des valeurs à géométrie variable, et c’est toute la faiblesse d’une nation sans repères qui ne se retrouve que dans l'épreuve. Le drame, c’est que leurs dirigeants les ont appelés au sursaut national pour défendre un système qui ne sait apporter qu’une réponse policière à un problème culturel et moral.

 Dans un élan inégalement sincère, l’émotion étant bien légitime et souvent juste, on a fait de “Charlie” un symbole de la liberté d’expression, condition suprême de la démocratie, ce qui est une aberration.

Charlie, c'est la haine du sacré, c'est-à-dire de la sanctuarisation des fondements de la dignité humaine, et la violence au nom de Dieu, c'est la même chose. Charlie et Kouachi, c'est la même idolâtrie de l'ego qui se fait dieu, qui se fait juge souverain du bien et du mal, qui refuse toute limite à son pouvoir de tout dire, tout faire, tout penser, tout moquer...

L'aveuglement n'est pas seulement du côté du terrorisme. Un pays qui refuse les crèches dans les lieux publics et qui protège des artistes qui dessinent Jésus sodomisé par Dieu le Père ne va pas bien. Comment la République peut-elle gagner une guerre quand elle idolâtre les martyrs de cette liberté d'indifférence qui fait le lit de la violence ?

Alors le Premier ministre peut déclencher une standing ovation au Parlement en désignant l’islamisme radical, on ne l’en blâmera pas, mais l’on attend qu’il s’attaque aux racines du mal, et pas seulement aux dysfonctionnements coupables de la justice, ni au manque de moyens de la police et de nos armées.

Le profil des terroristes abattus par la police signe l’échec d’une société qui a désappris à aimer la France, qui a cassé la famille, qui a sabordé les principes élémentaires de l’éducation. L’ennemi ce n’est pas d’abord l’islamisme radical, mais l’islamisation de la société dont le terreau est la déstructuration anthropologique et sociale à laquelle s’emploie à travailler consciencieusement le parti intellectuel dans les allées du pouvoir.

Est-il permis d’avancer que ce ne sont pas des millions d’euros déversés dans les banlieues, ni l’augmentation du nombre d’avions placés sous l’autorité des Américains en Irak qui renverseront la donne ?

L'exaltation d'une laïcité pleine de vide nous a conduits dans une impasse chaque jour plus cruelle. Convertissez-vous, MM. les ministres.

Philippe de Saint-Germain

 

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