Lors de son voyage en Autriche, Benoît XVI est revenu sur l'urgence de l'engagement chrétien à l'égard de la Création (cf. l'article de Charlotte Mariotti sur Generation-BenoitXVI.com [1]).

L'écologie chrétienne est une écologie intégrale, le respect de la vie humaine lui donne tout son sens. Quand les institutions internationales veulent faire refroidir la planète à coups de subventions, contenir la croissance et réduire les populations, ce sont souvent les plus pauvres qui trinquent : les Églises doivent montrer que respecter la nature, c'est faire de l'homme une solution, pas un problème (comme disent nos amis italiens du Svipop), et que l'urgence est morale avant d'être technique ou économique. Nous sommes heureux de publier la brève présentation d'une enquête européenne sur l'engagement écologique chrétien publié par l'Observatoire international Cardinal-Van-Thuân, organe officieux du Conseil pontifical Justice et Paix (son président, Mgr Crepaldi, est le secrétaire du Conseil). Un avertissement aux chrétiens généreux qui se laissent abuser par les idéologies écologiques, d'inspiration malthusienne ou marxiste. LP

LE CONSEIL des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE) a réalisé en collaboration avec la Fondation Lanza de Padoue (Italie) une enquête sur l'engagement des conférences épiscopales européennes en matière de respect de la Création. L'enquête vient d'être publiée en italien et anglais (Council of European Bishops' Conferences, Responsability for Creation in Europe. The Engagement of Bishops' Conferences, European Survey, edited by Fondazione Lanza, Padova 2007).

Les données de l'enquête montrent que l'engagement et la sensibilité des Églises à l'égard de l'environnement se développent, quoique de manière très diverse. On remarque ainsi un intérêt croissant des bureaux des conférences épiscopales pour la sauvegarde de la Création, la réduction de la consommation, les énergies alternatives, le recyclage des déchets, l'économie de l'eau. Tout cela est encourageant, et les nombreuses initiatives prises en ce sens sont fort louables. Toutefois, une lecture rapide des initiatives lancées ces dernières années, laisse perplexe. Par exemple une campagne de l'Avent a été consacrée à la consommation d'énergie domestique. Une autre s'intitulait : "Communautés chrétiennes pour l'énergie solaire." Des paroisses ont été sensibilisées à l'économie d'énergie et ont doté leurs églises de panneaux solaires. Ces exemples et d‘autres initiatives encore posent la question du bien-fondé de ces réalisations, et l'on espère qu'une prochaine enquête fera le point à ce sujet.

Nous savons qu'aujourd'hui, bien souvent, l'intérêt pour les problèmes de la Création relève d'un moralisme qui se conforme trop étroitement aux idéologies écologistes, plus attentif à faire économiser l'eau en se lavant les dents le matin qu'à célébrer la domination (responsable, mais de toute façon la domination) de l'homme sur la nature. Parfois on a l'impression que l'engagement pour la Création est seulement de type new-age et que la spécificité chrétienne s'évapore.

Aussi, il est "politiquement correct" de s'engager en alignant l'Église sur les idéologies les plus populaires, mais c'est un alignement peu coûteux si on ne fait pas valoir la spécificité chrétienne. Il suffit, en effet, que l'engagement pour la Création soit associé au respect de la vie, de la bioéthique et de la procréation pour que l'idyllique alliance avec les idéologies écologistes se décompose. Des mots comme "soutenable", "responsable", "éthique" sont abusivement détournés de leur sens : les chrétiens engagés devraient en être conscients et faire preuve d'esprit critique, sans s'arranger avec les idéologies qui s'insinuent derrière ces concepts largement convenus.

Certains éléments de l'enquête suggèrent la réalité de ce danger, et c'est pourquoi nous espérons qu'un prochain rapport se penchera davantage sur les aspects qualitatifs des projets chrétiens étudiés.

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© Traduction française Décryptage, Libertepolitique.com

© Photo : Fondazionelanza.it

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www.fondazionelanza.it

Pour en savoir plus sur les idéologies écologistes :■ Laurent Larcher, La Face cachée de l'écologie, un anti-humanisme contemporain, Cerf, 2004. Comment le rêve d'une fusion avec la biosphère a fait de l'homme civilisé qui gouverne la nature son adversaire privilégié ? En accordant la première place à la personne humaine, le christianisme est le pire ennemi de la Terre.

■ Jean-Marie Meyer et Patrice de Plunkett : Nous sommes des animaux, mais on n'est pas des bêtes, Presses de la renaissance, 2007. De l'influence du darwinisme à la revendication de droits civils et politiques pour les animaux domestiques, le "respect de l'animal" cache d'abord une "crise de l'humain".

■ Jean-Christophe Rufin, Le Parfum d'Adam, 2007. Un roman palpitant, mais aussi une enquête très documentée sur les sources intellectuelles du terrorisme écologiste : effrayant.

[1] Benoît XVI mobilise pour une véritable écologie humaine, Generation-BenoitXVI.com, 11 sept. 2007.

Pour lire les interventions de Benoît XVI :Generation-BenoitXVI

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