Source [agnesthill.fr]
Mon intervention dans l’hémicycle le jeudi 24 septembre lors de la discussion générale avant l’ouverture des débats. Je disposais de 5 minutes afin de défendre mes positions partagées par nombre de nos concitoyens et être la voix de ceux qui ne peuvent prendre la parole. Je vous remercie vivement de vos soutiens nombreux et chaleureux qui viennent s’ajouter à ceux de certains de mes collègues députés et d’autorités politiques de tous bords.
Mesdames les ministres, M le rapporteur,
Nous y voilà.
La France va inscrire dans sa loi le père facultatif, et permettre la venue au monded’enfant sans père.
Qui êtes-vous, pour vous permettre une telle mutilation ?
Est-ce à dire qu’un père est inutile ? Assumez de dire qu’un père n’est pas nécessaire. Assumez de dire que vous ne devez rien à vos pères. C’est cette société-là que je ne veux pas, celle qui dit qu’elle se fait toute seule, celle qui dit que l’Autre n’est pas nécessaire.
Pour moi voyez-vous, il n’y a pas plus grand que l’Homme, et vous le piétinez, et vous le réduisez à ses gamètes, à rien, 1/60 000 de mm. Un donneur vous appelez ça. Ça, c’est un homme Madame la ministre ! Celui qui soulève des montagnes pour son petit, celui qui le protège et l’élève jusqu’à lui et plus haut encore, celuiqui le soigne et l’encourage, le rassure et le grandit, celui qui l’écoute quil’accompagne, mais n’avez-vous donc pas eu de père pour que vous ne sachiezpas à quel point on ne se passe pas d’un père ?! C’est souffrance contre souffrance.Il ne faudra plus dire « cette France-là a été humiliée », vous avez préféré une souffrance à une autre, vous avez choisi d’en apaiser une en jetant de l’acide sur l’autre.
Bien sûr une mère peut faire tout cela, et alors ? Faut-il donc supprimer les pères ?C’est ce que vous faites Madame la ministre, mesdames et messieurs les députés, avez-vous seulement conscience de la société d’élimination que vous créez ?J’idéalise les pères, mais n’idéalisez-vous pas les mères ? 30% des maltraitances sont causés par les mères.
Nous devons légiférer pour un corps social. À force de légiférer pour des groupes et des catégories, chacun tire de son côté et c’est la loi du plus fort : vous créez les communautarismes contre lesquels vous prétendez lutter !
L’enfant est le témoin privilégié de la force de l’homme et quand l’homme devient père, cette force se transforme en service au plus petit. Lui seul apprend cela àl’enfant et conjure la loi du plus fort.
Et vous choisissez de faire sans eux ! De ne prendre d’eux que ce qui vousintéresse, leurs gamètes, et de jeter le reste ! Mais l’homme est un Tout madame la ministre, on ne prend pas 60 millième de mm pour jeter le reste. Ce sont eux, les pères, qui montrent que servir est l’acte le plus noble qu’un être humain puisseaccomplir. Eux, les pères qui nous rendent indispensables; Votre loi estcriminelle madame la ministre. C’est souffrance contre souffrance. Il ne faudra pas dire « cette France-là a été humiliée ».
Votre loi, c’est s’offrir un être humain. On ne s’offre pas un être humain. Un être humain n’est ni un objet, ni un projet, ni une promesse de campagne.
Loin d’abolir les inégalités, votre loi les aggrave.
Votre loi soulève des questions de marchandisation du vivant, d’eugénisme, de sélection, le dévoiement du sens de la médecine, et la voie au « design » del’enfant comme nous le voulons que vous déverrouillez. Au-delà des bornes il n’ya plus de bornes.
Ce n’est pas le droit qui refuse des enfants à ces femmes, c’est la biologie, il n’y a ni discrimination ni inégalité et vous le savez très bien ! L’affirmer à longueur de média, c’est mentir et manipuler l’opinion.
La liberté si fièrement revendiquée n’est qu’une liberté de consommateurs. Des français accèdent à un hard-discount reproductif qu’il faudra reconnaitre enFrance.
Si la PMA, la congélation ovocytaire, le diagnostic pré-implantatoire, la recherche sur embryon, existent, c’est aussi parce qu’elle enrichit médecins, généticiens,biologistes, patrons de start-up, juristes, avocats, banquiers en sperme ou en ovules, vous faites semblant de ne pas le voir.
Aider l’Autre, c’est l’aider à accepter ses limites et vivre avec, ce n’est pasdépasser le possible humain. On ne peut décemment destituer la figure paternelle au motif que des nouvelles familles apparaissent. Produire des enfants sans père est une atteinte aux droits de l’enfant.
Donner à des enfants des parents toujours plus vieux n’est pas un progrès social,donner une mère seule pour famille, n’est pas un progrès social, c’est antinomique avec votre plan pauvreté, avec vos politiques d’aides à la famille, et vous le savez très bien. Comme vous savez que ce qui est vrai aujourd’hui ne l’est plus demain,tels l’amour ou l’intention. Vous savez tout cela mais vous cédez à la société gouvernée par ses seuls désirs, vous cédez à la société zéro frustration, vous cédezà cette conquête de droits à l’infini, comme si la liberté s’y trouvait. Quel leurre !
Vos arguments nient le Bon Sens. Votre obsession de l’égalité vous aveugle sur la condition humaine : vous ne pouvez plus penser la différence qu’en y voyantune inégalité.
Et vous-même, en appelant un référent masculin, vous reconnaissez la nécessité de l’altérité.
Au nom de tous les enfants qui ont manqué de père.
Au nom de tous les enfants nés de ce regard d’homme, extirpés vivants del’absence ou des maltraitances de leur mère.
Au nom de tous les enfants simplement aimés par leur père.
Je ne tairai pas que cette majorité exclut les pères et mutile ses enfants.
Agnès THILL
Députée de l’Oise
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