source[Roland Hureaux]il a permis l’élimination , en cours, de Daesh
Rien de plus ridicule que la manière dont les grands organes de presse français de tous bords, ont rendu compte de la première année de la présidence Trump. A les croire, le nouveau président n’aurait apporté que le chaos : une photo, toujours la même, le montre vociférant comme un malade. Ce n’est que la reprise de ce que disent la plupart des journaux d’Outre-Atlantique : décidément, médiatique rime plus que jamais avec mimétique !
Pourtant la politique de Donald Trump est beaucoup plus cohérente que ce qu’on croit. Surtout en matière internationale.
Au Proche-Orient d’abord : si la paix est en train de revenir en Syrie et en Irak, c’est d’abord à lui qu’on le doit.
En Irak, il a accéléré la prise de Mossoul dont on n’est pas sûr que l’équipe précédente ait été si pressée de la mener à terme.
En Syrie, il a laissé les Russes et l ‘armée syrienne reprendre le contrôle progressif du pays et donc le pacifier.
Dans les deux pays, il a permis l’élimination , en cours, de Daesh.
Certes cette politique a été masquée sous un rideau de fumée, de peur que ses adversaires n’y dénoncent une capitulation devant Poutine ou devant Assad. Quand le bruit s’est répandu que l’armée syrienne aurait bombardé à l’arme chimique à la ville de Khan Cheikhoun le 4 avril 2017, il y a cru ou fait semblant d’y croire et opéré trois jours après un bombardent massif de représailles sur l’aéroport d'Al-Chaayrate avec 59 missiles Tomahawk , mais non sans avoir discrètement prévenu les Russes et donc les Syriens avant. Compte tenu d’une opinion américaine chauffée à blanc contre Assad, il ne pouvait guère agir autrement. L’important est ailleurs : Trump a bloqué cet été un chargement d’armes de la CIA vers le groupe rebelle Al Nosra qui aurait permis à ce dernier de prolonger la guerre. Grâce à cette politique, en partie concertée avec les Russes, la paix est en train de revenir peu à peu dans ces pays martyrs.
En direction de l’Iran, l’heure est au contraire à la montée des tensions : Trump menace de dénoncer l’accord nucléaire de Washington signé par Obama en juillet 2015. Il semble avoir soutenu la récente révolution de palais de Ryad qui a conduit au pouvoir les partisans de la ligne dure face à Téhéran. Sommes-nous au bord de la guerre avec l’Iran ou s’agit-il là encore de gesticulation pour complaire à Israël (où Trump est populaire) ? Mais Netanyahu qui prend aussi les postures le plus agressives vis-à-vis de l’Iran (au mépris de l’histoire qui avait vu aux temps bibliques la Perse être le meilleur allié du peuple juif) fait-il lui-même autre chose que de la gesticulation ? On aimerait le croire.
La politique de Trump au Proche-Orient obéit suit deux orientations : la première est d’en finir avec des guerres d’agression fondées sur la volonté de démocratiser la région en changeant les régimes (regime change) ; la seconde, est d’appuyer beaucoup fortement Israël que ne l’avait fait Obama. On peut voir là l’influence de son gendre, juif sioniste, Jared Kushner, mais aussi le souci de ménager l’AIPAC, appui bien nécessaire dans l’environnement hostile où le président évolue. Dans cette ligne, le retrait de l’UNESCO auquel Israël est très hostile.
En Extrême Orient, Trump a effrayé le monde à la tribune des Nations-Unies en menaçant le Corée du Nord de l’anéantir. Mais Kim-Jong-un n’est -il pas, bien plus que Kadhafi ou Assad, un homme vraiment dangereux ? A la tête du dernier Etat totalitaire du monde, doté de l’arme nucléaire et de vecteurs à portée de plus en plus longue, il multiplie les provocations. La Chine ne les approuve pas mais prendrait très mal des représailles américaines directes. Il ne reste à Trump qu’à faire peur et apparemment il y arrive. Un pays comme le Japon ne le lui reproche certainement pas.
En haussant le ton face à la Corée du Nord et à l’Iran, il dément ceux , aux Etats-Unis, voudraient le faire passer pour une « colombe ». L’état d’esprit de l’opinion américaine est si belliciste que passer pour un faible y serait suicidaire. Faire malgré tout une politique de paix dans le monde arabe était une singulière gageure qu’il a en partie menée à bien.
Les Européens de l’Ouest auraient dû se réjouir de l’élection de Trump. Son ouverture à l’égard de la Russie gèle la situation militaire en Ukraine, assurant une certaine sécurité du continent, alors qu’autour de Clinton, des stratèges néoconservateurs n’hésitaient pas à envisager une guerre « limitée » contre la Russie dont le théâtre aurait été l’Europe.
Il reste que l’approbation du Brexit et la critique tant de l’Union européenne que de l’OTAN a troublé les esprits en Europe. Les Français n’ont pas compris qu’en ménageant notre pays et en critiquant l’Allemagne, Trump ne faisait que reprendre politique traditionnelle d’équilibre des Anglo-Saxons. C’était pour nous une occasion unique que Macron, plus que jamais blotti dans le giron allemand, n‘a pas saisie, et c’est dommage.
Voilà donc un président des Etats-Unis qui met fin à deux guerres atroces et en gèle une troisième, qui n’en a, contrairement à ses quatre prédécesseurs, commencé aucune, qui anéantit Daesh et on dit que son bilan est négatif ! Le pape François qui, parait-il, ne l’apprécie guère malgré la nomination de juges bien-pensants à la Cour suprême, ne semble pas comprendre qu’il n’est pas nécessaire d’avoir de bonnes manières pour être, comme dit l’Evangile, un artisan de paix, tandis que des gens à l’allure policée comme Obama ont pu au contraire mettre plusieurs pays à feu et à sang.
Les commentateurs évoqués plus haut s’accordent à dire qu’avec Trump, les Etats-Unis n’ont jamais été aussi isolés : ses positions plaisent au Japon, à la Russie, à la Chine, à Israël, au Royaume-Uni (soit, pour ces quatre derniers le peloton de tête des puissances militaires de la planète : ne manque que la France). L’Inde n’a pas non plus à s’en plaindre. Pas mal pour un isolé !
Ceux qui sont vraiment isolés sont ceux qui le critiquent : toute la sphère euro-atlantiste animée par l’idéologie post-nationale ; d’un côté les oligarchies de l’Europe de l’Ouest, de l’autre le parti d’Obama-Clinton, libéral libertaire et, par souci de « faire le bien » sur la terre, impérialiste. Comme si les opinions politiques n’étaient plus une matière à réflexion et à débat mais un simple caractéristique professionnelle , les médias des deux côtés de l’Atlantique sont presque tous alignés sur ce camp.
Pour ceux-là, que le libre-échange apporte la prospérité ou que le réchauffement climatique est d’origine anthropique ne sont pas des affirmations ouvertes à la discussion, en dépit des doutes de beaucoup d’experts. Pas davantage ils ne veulent reconnaitre que la liberté des mouvements migratoires soit une menace tant pour le niveau de vie des pauvres des pays riches (la clientèle électorale de Trump) que pour la paix civile.
« En tant que président des Etats-Unis, je mettrai toujours l’Amérique au premier rang tout comme vous en tant que leaders de vos pays mettez toujours et devez mettre vos pays en premiers » a dit Trump à la tribune des Nations-Unies : comment ce langage simple qui est celui de tous les pays non occidentaux et qui n’a rien à voir avec un nationalisme agressif, serait-il compris par les Européens de l’Ouest, convaincus que les nations sont dépassées ?
Beacoup d’Américains déplorent certes le style impulsif, stressant (plus que Sarkozy ?) et apparemment chaotique du président Trump. Ses hésitations, ses contradictions apparentes et le recours à l’intuition ne sont-ils pas ce à quoi le contraignent l’hostilité de l’establishment américain politique et médiatique. Un reste de culture du Far West ne l’a-t-il pas aussi amené à penser qu’en ayant l’air imprévisible, il se fera mieux craindre.
On lui impute la crise de la démocratie américaine. Mais qui en sont les vrais responsales ? Comment ne pas voir que, dès le premier jour de l’élection de Trump, elle se trouvait gravement menacée dès lors que l’ensemble de l’appareil d’Etat était, avec l’appui des médias, bien décidé à ne pas lui obéir ce qui est sans précédent dans l’histoire de la démocratie en Amérique.
Comment imaginer que des Européens puissent croire à la fable grotesque selon laquelle il devrait son élection à l’ingérence de Poutine ? Au demeurant que soupçonne-t-on de la part de ce dernier sinon d’avoir révélé les turpitudes de Clinton ? Mais n’est-ce pas ces turpitudes elles-mêmes le vrai problème ? Ceux qui propagent cette fable ne craignent pas de ridiculiser l’Amérique en la montrant ouverte aux ingérences étrangères ; les mêmes sont aussi les plus ardents à dénoncer le complotisme.
Au demeurant, si on parle tant de tout cela, c’est que la justice américaine s’en est mêlée : quand la justice française se mêlera-elle des ingérences étrangères dont a bénéficié Macron pour être élu président de la République ? Ou de la proximité du ministre français de santé avec les intérêts des groupes pharmaceutiques, au moins aussi avérée que celle de son homologue américain.
Sans doute le nouveau président n’est-t-il pas près de tenir toutes les promesses qu’il a faites aux ouvriers américains. Mais face à la coalition du Sénat (pourtant républicain comme lui), de beaucoup de juges et d’élus locaux déterminés à faire échec à sa politique migratoire, il n’ est pas facile à Trump de faire des réformes. Cela ne l ’a pas empêché de mieux protéger l’économie américaine en refusant le traité de libre-échange projeté avec l’Europe (TAFTA) et en remettant en cause les traités de commerce nord-américain (ALENA) et pacifique (TPP). L’économie est en croissance, Wall Street bat tous les records. Comment son vieux rival John Mac Cain peut-il dire que la politique de Trump « sape la confiance dans l’économie de marché » ?
En remettant à l’honneur l’intérêt national des Etats-Unis et celui des autres pays, en entretenant des relations convenables avec toutes les puissances militaires qui comptent (pas l’Europe !), Trump est bien davantage dans le sens de l’histoire que ses opposants de la galaxie euro-atlantique, d’autant plus hystériques qu’ils se sentent au fond, eux qui se réfèrent tant au sens de l’histoire, dépassés. En favorisant le retour à la paix là où il y avait la guerre, en tendant malgré tous les obstacles, la main à Poutine, il a fait un monde plus sûr qu’il ne l’était il y a un an. Qui dira que le bilan de Trump est négatif ?
Roland HUREAUX
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