Article rédigé par Jean Flouriot, le 13 février 2009
Alors que l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssa) conclut à l'innocuité du maïs transgénique, François Fillon a déclaré depuis Bruxelles que la France maintenait l'interdiction de la culture du maïs MON810.
Et voilà sans doute relancé dans l'opinion publique un débat supplémentaire dont le gouvernement n'avait pas besoin !
Mais qu'en est-il aujourd'hui des cultures OGM dans le monde ?
Il y a un an, les quarante membres des Académies des sciences, des technologies et de l'agriculture signataires d'une déclaration contestant la décision française, évaluaient à plus de 100 millions d'hectares les surfaces en cultures OGM dans le monde. Ces superficies augmentent chaque année de plus de 10 %.
En France, on réduit la culture des OGM à celle d'une variété de maïs produite par la firme américaine Monsanto alors que les recherches et la production concernent bien d'autres plantes : il y a déjà longtemps que le bétail français consomme du soja OGM en provenance du Brésil. Les États-Unis sont en tête dans ce domaine, mais les pays émergents (Chine, Inde, Brésil, principalement) deviennent des acteurs essentiels du développement de ces techniques.
Et l'extension des cultures OGM ne concerne pas seulement ces pays. L'hebdomadaire Jeune Afrique signalait au mois de septembre dernier que le Burkina-Faso mettait en culture 15 000 ha de coton OGM après cinq années d'expérimentation : le coton OGM permet une augmentation notable de la production (+ 30 %) et évite plusieurs traitements insecticides. Le Mali, lui aussi important producteur africain de coton, met en place une législation lui permettant d'encadrer un développement des cultures OGM. En Afrique du Sud, les surfaces OGM couvrent près de 2 millions d'hectares et concernent surtout le maïs blanc destiné à la consommation humaine.
Dépendance ? Une des critiques faites aux cultures OGM est qu'elles rendent les agriculteurs dépendants des producteurs de semences. L'amélioration des semences est l'une des composantes importantes de la croissance des productions et les agriculteurs des pays développés en sont déjà dépendants pour les cultures conventionnelles. Les OGM n'apportent pas de changement dans ce domaine.
Pour ce qui est des pays émergeants, le Cirad, organisme français de recherche sur l'agriculture tropicale, dans une note très bien documentée sur les cultures OGM, note que les questions de propriété intellectuelle vont devenir un faux problème pour les utilisations qui intéresseraient spécifiquement les agriculteurs les plus pauvres : des brevets importants commencent à tomber dans le domaine public, de nouveaux innovateurs de premier plan apparaissent avec des pratiques différentes de celles des multinationales (Chine, Inde) [1].
Faut-il donc être pour ou contre les OGM ? Les chercheurs du Cirad plaident la dédramatisation : Le génie génétique n'est qu'un outil, utile en premier lieu à la recherche en amélioration des plantes, et notamment au décryptage des génomes et à la sélection assistée par marqueurs. La plupart des recherches en génie génétique n'ont pas pour objectif de diffuser largement des OGM. Elles ne sont ni diaboliques ni banales.
[1] Les OGM ont-ils leur place dans l'intensification écologique ? Questions à Alain Weil. (www.cirad.fr).
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