Article rédigé par Fondation Europa, le 02 mars 2007
La COMECE — Commission des épiscopats de la Communauté européenne, organise du 23 au 25 mars à Rome un Congrès pour commémorer le 50e anniversaire de la signature des traités de Rome.
À cette occasion, une "Initiative des chrétiens pour l'Europe" vient d'être lancée ce 28 février à Bruxelles, qui, sous l'impulsion des Semaines sociales et de noms prestigieux comme celui de Michel Camdessus, appelle les chrétiens à se rassembler autour d'un Manifeste pour "retrouver le sens de la construction européenne". La Fondation Europa critique sévèrement ce document qui, selon elle, entérine de fait la "culture de mort" qui envahit les institutions européennes.
Pour sa part, la Fondation de service politique s'étonne du complet décalage de ce Manifeste avec l'enseignement des papes sur les priorités spirituelles et morales que les chrétiens doivent donner à leurs engagements politiques, en particulier pour la mise en œuvre des principes éthiques fondamentaux auxquels la démocratie ne peut renoncer. Et elle regrette le silence assourdissant de ce texte sur les racines historiques et l'identité culturelle européennes. Pour ces raisons, la Fondation de service politique s'associe à la Fondation Europa pour inviter expressément les chrétiens à refuser de donner leur signature à un manifeste d'esprit constructiviste, qui fait l'impasse sur l'essentiel.
Qu'est-ce que l'Europe, si les chrétiens renoncent à être eux-mêmes ?
P:first-letter {font-size: 300%;font-weight: bold;color :#CC3300; float: left}LES CHRETIENS ont-ils quelque chose d'original à dire sur l'Europe ? Doivent-ils homologuer un européisme de façade qui ne tient pas compte des réelles orientations politiques qui conduisent aujourd'hui les institutions européennes ?
Ce sont les questions qui viennent spontanément à l'esprit en lisant le long "Manifeste de l'Initiative des chrétiens pour l'Europe (IXE)", présenté solennellement à Bruxelles le 28 février 2007. Ce document ne mériterait sans doute pas d'être signalé, s'il n'était pas paraphé par de si notables signatures, à commencer de celle de l'ex-président du Fonds monétaire international Michel Camdessus, président des Semaines sociales de France, véritable animateur de l'initiative qui a rassemblé treize organismes catholiques européens importants et le partenariat de la COMECE (la Commission des épiscopats catholiques de la Communauté européenne).
La première chose qui ressort du Manifeste est le caractère flou, interchangeable et banalisé du contenu, avec les slogans habituels : solidarité, développement durable, force militaire réduite au maintien de la paix, politique d'immigration plus humaine. Mais ce qui est vraiment inacceptable, c'est qu'il fait totalement abstraction du "défi de la raison" lancé par Benoît XVI à Ratisbonne, alors qu'il suffit de penser au nihilisme dominant en Europe (dont les institutions sont les grands promoteurs), pour admettre qu'il s'agit vraiment d'une priorité, et pas seulement pour les chrétiens.
Ainsi, sont totalement ignorés les trois "principes non négociables" rappelés avec force par le pape (la vie, la famille et l'éducation), non comme une demande de privilèges pour l'Église, mais plutôt comme la base d'une vie commune véritablement humaine. Comment peut-on ignorer à ce point que l'Union européenne est devenue dans le monde synonyme de "culture de mort" pour ses engagements intérieurs et internationaux en faveur de l'avortement, de la dissolution de la famille et du laïcisme ?
En outre, comment un tel document peut-il prétendre exprimer la contribution des chrétiens à la construction européenne et ignorer le droit de toutes les cultures, dont celle du christianisme, à jouir d'une égale dignité près des institutions (droit qui est aujourd'hui nié) ? Comment peut-on ne pas voir l'urgence d'une proposition de laïcité basée non sur le refus des religions, mais plutôt sur la valorisation de la liberté religieuse ? Comment peut-on ignorer la nécessaire subsidiarité entre les institutions et les "corps vitaux" de la société, alors qu'on s'oriente vers un étatisme toujours plus étouffant pour la liberté des personnes ?
Le manifeste du groupe IXE a été rédigé en vue de la Rencontre organisée par la COMECE du 23 au 25 mars à Rome, pour célébrer les 50 ans de construction européenne depuis la signature du Traité de Rome. Pour cette raison IXE demande la signature de tous les chrétiens européens.
Nous regrettons cette initiative : ce serait vraiment grave si les chrétiens, et les catholiques en particulier, renoncent à s'engager pour l'Europe à partir de son identité, une identité qui, comme l'ont montré des hommes politiques comme De Gasperi, Adenauer et Schumann, est historiquement à la base de la construction européenne.
Fondation Europa
© Traduction française Décryptage
Pour en savoir plus :
■ Le manifeste du groupe "Initiative des chrétiens pour l'Europe"
■ Le site de la COMECE
■ Le site de la Fondation Europa
■ D'accord, pas d'accord ? Envoyez votre avis à Décryptage
■