Article rédigé par Décryptage, le 16 décembre 2004
À la veille de l'ouverture du sommet de Bruxelles qui doit décider de l'ouverture des négociations avec la Turquie, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ajuste ses menaces. L'Union européenne n'est pas un "club chrétien", et elle peut le démontrer en ouvrant la voie à l'adhésion de la Turquie musulmane, a-t-il affirmé dans un entretien au journal Milliyet (16 déc.
).
Selon l'AFP, une "conciliation des cultures chrétienne et musulmane" est un objectif très cher à M. Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP), une formation aux origines islamistes, est arrivée au pouvoir à la suite d'une victoire électorale en 2002. M. Erdogan, qui se dit aujourd'hui "musulman-démocrate", nie son passé islamiste.
Fidèle à lui-même, M. Erdogan a en outre réaffirmé que son pays rejetterait tout autre formule que l'adhésion pleine et entière au club européen. "L'UE ne doit pas inventer des conditions nouvelles", a-t-il souligné. Le dirigeant turc a menacé de geler la candidature turque à l'Union si les dirigeants européens imposaient des "conditions inacceptables".
Mais dans le même temps, Recep Erdogan joue la carte sensible. Dans une "Lettre ouverte à [ses] amis européens " publiée simultanément dans le journal Hurriyet et le quotidien allemand Bild, il invoque le souvenir des luttes communes dans le cadre de l'Otan pour défendre les principes de démocratie et de liberté.
Apaisant les craintes de ceux qui redoutent un afflux de travailleurs turcs non qualifiés, il assure que la "contribution de la Turquie aux progrès de l'UE sera le cerveau et non pas les muscles". Pour M. Erdogan, la "diversité dans l'unité" étant le principe directeur de l'Union, les réticences à l'intégration de la Turquie en raison notamment de sa religion musulmane seraient "dangereuses".
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