Article rédigé par Atlantico, le 21 juin 2024
Source [Atlantico] : La BCE appelle les gouvernements des pays de la zone euro à améliorer « immédiatement » leurs finances publiques face aux risques sur le long terme liés au vieillissement démographique, à l'augmentation des dépenses de défense, au climat et au numérique.
Atlantico : Un nombre grandissant de pays de l’Union européenne fait désormais face à un problème de déficit budgétaire et doit consacrer une part non négligeable de son budget au remboursement de sa dette publique. Dans quelle mesure faut-il s’inquiéter de cette situation ?
Alexandre Delaigue : La situation, il est vrai, est problématique. Elle l’est d’autant plus qu’il est difficile de dire avec précision quand est-ce qu’un déficit budgétaire devient trop lourd pour rester décemment soutenable. L’évaluation de la capacité fiscale d’un Etat est un exercice complexe, qui s’appuie sur de nombreux critères et de nombreux élements. Si l’on revient en arrière et que l’on regarde dans le rétroviseur, il est possible de constater, néanmoins, que ce n’est pas la première fois que les pays qui composent aujourd’hui la zone euro font face à des dettes publiques aussi élevées. Dans certains cas, il faut bien le reconnaître, ils ont dû faire face à des dettes plus importantes encore… mais il faut aussi rappeler que ce genre de situation résultait dans la majorité des cas de situations de guerre ou de conflits. A l’issue d’une guerre, c’est-à-dire après un évènement proprement exceptionnel, les facteurs susceptibles d’alimenter la montée du déficit disparaissent. Notre situation actuelle a cela d’historique qu’elle ne fait suite à aucun conflit de cet ordre. Elle résulte au contraire de tendances lourdes, qui ne sont pas prêtes ou pas vouées à s’arrêter.
21/06/2024 01:00