Article rédigé par Bruno Riondel, le 04 juillet 2017
Dans Le Figaro du 27 juin, Ran Halévi, professeur au Centre d’études sociologiques et politiques Raymond-Aron, estime que « la France de 2017 a un parfum de 1789 » et identifie la vague « macroniste » à une « “tabula rasa” révolutionnaire [fermant] un cycle politique ouvert il y a plus de deux siècles ».
La Révolution française ouvrit effectivement le pays à l’ère démocratique caractérisée par l’affrontement droite/gauche. Mais, depuis quelques années, les deux grands partis (LR et le PS) semblaient se fondre dans une tendance unique, l’UMPS. La création d’En Marche ! par Emmanuel Macron a officialisé la fusion d’une gauche et d’une droite sur une base libérale-libertaire.
Le nouveau pouvoir est l’expression de ce monolithisme idéologique que concrétise le triomphe de l’énarchie au sein du gouvernement, réalisant ainsi l’idéal technocratique des adversaires de la souveraineté populaire et suscitant une confusion entre l’État et le parti, très caractéristique des systèmes autoritaires. De plus, les députés « macroniens », sans expérience ni enracinement politique local, sélectionnés avant l’élection par l’entourage parisien du nouveau Président, n’auront d’autre fonction que d’enregistrer les volontés présidentielles. Derrière les apparences démocratiques, un pouvoir personnel s’est mis en place.
Monsieur Macron n’est que le fidéicommis – le bénéficiaire apparent – d’un pouvoir qui est devenu d’abord celui des réseaux financiers.
Et, comme ceux-ci, les « macronistes » sont porteurs d’un idéal mondialiste prônant la gouvernance mondiale et la dissolution des nations ; le primat du pouvoir technocratique sur la souveraineté populaire ; l’arasement progressif de la classe moyenne, seul contrepoids sérieux aux prétentions hégémoniques de l’oligarchie ; une pratique de l’information post-factuelle (ou post-vérité) dans laquelle l’émotion prime sur la validité des faits et l’argumentation.
Les plus hauts dirigeants français sont passés par les mêmes lieux de sélection mondialistes. Emmanuel Macron et Édouard Philippe, tous deux énarques, ont été auditionnés par le club Bilderberg. En Marche !, le parti du nouveau chef de l’État, est domicilié à l’Institut Montaigne, le très mondialiste think tank parisien, dont le président est Henri de Castries, également président du Bilderberg. Macron et Philippe sont encore tous deux des recrues de la French American Foundation chargée de former aux idéaux anglo-saxons les élites de gouvernement, de droite et de gauche. L’homme chargé de recruter les Young Leaders pour le compte du Council on Foreign Relations (CFR) américain est Ezra Suleiman, un professeur de sciences politiques, lui-même membre du CFR et du comité directeur de l’Institut Montaigne.
Macron, homme de main de la finance, jouera probablement un rôle majeur dans le saut vers un fédéralisme européen intégral. Une ère post-politique marquée par la prise du pouvoir par la Banque commence en France.
La page ouverte en 1789 est effectivement tournée.
Source : Boulevard Voltaire