Ce 10 janvier, les deux plus grands quotidiens de la presse israélienne ne consacrent pas leurs premières pages à la victoire du nouveau président de l'Autorité palestinienne. Cette victoire ne surprend évidemment personne, surtout pas les Israéliens qui depuis le début de la seconde Intifada ne croient plus vraiment aux lendemains qui chantent.

Dans les territoires palestiniens non plus, pas de liesses et de danses. L'euphorie qui avait accompagné, il y a neuf ans, l'élection de Yasser Arafat n'était nulle part. Il est sans doute trop tôt ou trop tard pour faire la fête.

Mahmoud Abbas (Abou Mazen), âgé de 70 ans, n'a pas le charisme de son prédécesseur. Il a le mauvais goût de porter un complet avec une cravate au lieu d'un uniforme militaire. Il n'a pas l'art de soulever les foules par des slogans de guerre et de sang et surtout, il considère que l'Intifada fut une erreur stratégique. Pourtant, les Palestiniens l'ont élu avec une majorité qu'il est impossible de contester comme le prétendent certains membres du Hamas.

Le peuple palestinien est las de l'Intifada, des incursions de Tsahal, des morts, du chômage et de l'occupation. Abbas propose d'arrêter ce cercle infernal de la violence : la majorité des Palestiniens le veulent aussi. Le problème reste que de nombreux groupes armés, et pas seulement du Jihad islamique ou du Hamas, veulent poursuivre leurs actions et ne sont pas prêts à des négociations avec Israël.

De plus, il devra composer avec des anciens du régime d'Arafat comme Ahmed Qoreï qui sera reconduit au poste de Premier ministre pour des raisons de politique intérieure. Il lui faut s'assurer que certains piliers le soutiennent au moins pour quelques mois, temps requis pour asseoir son pouvoir.

Le nouveau leader palestinien a tout à faire sur le plan économique et social. Il a besoin de l'aide internationale mais surtout de celle d'Israël. Les négociations avec Sharon ne pourront reprendre que dans la mesure où le terrorisme cesse. C'est une condition première à laquelle jamais le Premier ministre d'Israël ne renoncera pas.

Le nouveau gouvernement d'union nationale, qui est présenté aujourd'hui lundi 10 janvier à la Knesset, est un atout considérable pour une reprise directe du dialogue entre les parties. Avec ou sans négociations, Sharon est décidé d'aller de l'avant et rien ne l'arrêtera dans sa volonté de mettre en application son plan de séparation et d'évacuer les implantations de la Bande de Gaza. L'élection de Mahmoud Abbas peut l'aider mais reste, de son point de vue, secondaire.

Aussi bien aussi chez les uns que chez les autres, on se persuade que demain sera meilleur ou du moins qu'il ne peut pas être pire.

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