Comme on pouvait s'y attendre, Obama s'entoure de conseillers beaucoup plus intelligents et peut-être dangereux que certains nous l'annonçaient. Il va devoir gérer l'incroyable bilan de Bush, que même ce dernier, enfin réveillé de son rêve mystico-guerrier (pas d'impôts, plus de guerres !) commence à regretter.

Dans le même temps le Terminator des années quatre-vingt, Arnold Schwartzenegger, doit combattre les incendies qui ravagent la Californie elle-même à deux doigts, septième puissance mondiale, de mettre les clés budgétaires sous la porte. C'est qu'en Californie aussi, il y a beaucoup de  bureaucratie, de retraités, de fonctionnaires...
On s'est beaucoup moqué de Carter mais on ferait mieux de se taire. Sous Carter, il n'y avait pas de déficit budgétaire, à peine un déficit commercial. C'est Carter qui a commencé à pacifier le Moyen-Orient (et aujourd'hui Roger Cohen critique dans le NYT l'ultrasionisme de Bush qui n'a abouti à rien et a plutôt nui à Israël) ; c'est Carter qui a donné à l'Occident une supériorité morale (définitive ?) en imposant la culture des droits de l'homme. C'est Carter qui a encouragé la voie des réformes capitalistes en Chine, initiées par Deng Xhiao Ping. Enfin c'est Carter et son conseiller Zbigniew Brzezinski qui a attiré les soviétiques dans le piège afghan. Beaucoup plus que Kissinger, Brzezinski s'est imposé comme l'archange de cette époque eschatologique, le supérieur inconnu qui a organisé ce monde multipolaire et crépusculaire. On a ensuite reproché à Carter sa faiblesse dans l'affaire de l'ambassade américaine, mais maintenant un des anciens intervenants de cette affaire est président de l'Iran, et qu'a fait Bush contre lui ?
On a accusé Brzezinski d'avoir armé les talibans et le terrorisme islamiste à l'époque. Lui répond que tout valait mieux que le communisme. En quelques années, l'Afghanistan a eu raison du soviétisme comme l'Irak de l'américanisme. Grâce à lui, l'Europe devint libre.
Mais est-on plus heureux pour autant vingt ans après ? L'Europe est un continent divisé, déprimé, sa natalité a été divisée par deux et l'on risque des guerres internes. L'OTAN, c'est-à-dire l'organisation de l'Atlantique nord, divise l'Europe continentale en deux, et Obama va pousser à cette division en intégrant l'Ukraine, la Pologne et une poussière d'États manipulés dans le camp occidental contre l'Europe continentale qui va de l'Atlantique à l'Oural.
Brzezinski est beaucoup plus compétent que les néocons pour gêner la construction grand-continentale, comme dit Jean Parvulesco, et l'intégration de la Russie qu'il hait pour des raisons peut-être personnelles (réfugié polonais). Il est clair que l'Europe unie politiquement gêne des intérêts supérieurs, notamment ceux de la Trilatérale dont il était l'un des architectes, qui vise tout simplement à  créer un mondialisme de supermarché, que je vois d'ailleurs s'édifier sans effort en Amérique du sud comme jadis en Asie du sud-est. En Europe c'est plus compliqué, et cela ne plaît pas en haut lieu.
L'Empire du milieu et l'empire de la dette
Pour contourner la construction euro-russe il est vraisemblable que Brzezinski s'appuiera sur la Chine. L'union de l'Empire du milieu et celui de l'empire de la dette, comme dit Bill Bonner, est très proche. La Chine ne peut laisser périr son débiteur sans crever elle-même. Cette union était annoncée par un grand auteur oublié, Cordwainer Smith, et par d'autres. Et elle pourrait contrebalancer une montée de la puissance euro-russe.
Mais il y a un autre hic : l'affaire des Grands Balkans, comme dit le maître lui-même, en évoquant l'Asie du sud. Les attentats de Mumbai ne sont pas innocents. Ils vont bien au-delà de l'islamisme imbécile auquel on va les attribuer, et qui commence, celui-là, à n'avoir que trop servi (il fait penser au Goldstein de 1984, livre le moins lu du siècle dernier)...On ne sait pas quels services ou sévices secrets ont pu les mettre au point avec tant d'efficacité. Ils peuvent déclencher une guerre nucléaire entre les deux frères ennemis de cette partie du monde et modifier la géopolitique à venir. Accuser le Pakistan, victime collatérale des sottises de l'Otan en Afghanistan depuis vingt ans et privé de son Cachemire bien-aimé, ne fera qu'envenimer la situation. C'est bien ce que veulent certains. Une dernière guerre suivant une dernière crise ?
C'est pourquoi, il faut en revenir encore à la France et à Nicolas Sarkozy. Est-il conscient des choix à venir pour l'Europe ? Un microbe désintégré ou une puissance continentale ? La préparation des élections européennes nous en dira davantage (cf. l'article de François de Lacoste Laremymondie dans cette édition). Il a face à lui des stratèges autrement plus doués que les néocons de l'époque Bush déjà révolue. Mais que Brzezinki et Obama se méfient : les stratégies trop fines finissent souvent en catastrophe.
 
 
>>> Retour au sommaire