L'enseignement catholique, qui scolarise près de 2 millions d'élèves, a lancé le 12 décembre l'opération " Réussir la mixité ", avec l'organisation de débats dans les écoles et l'envoi de hors-série de magazines du groupe Bayard (Okapi, Phosphore).

" La mixité existe depuis plus de trente ans, on se rend compte maintenant que tout ne va pas de soi ", explique Paul Malartre, secrétaire général de l'enseignement catholique. De la violence aux inégalités de résultats entre filles et garçons, la cohabitation n'est pas si simple.

" En mélangeant les garçons et les filles sans aucune réflexion préalable, nous avons créé un être hybride et asexué, une sorte de troisième sexe : l'élève, " explique Tony Anatrella (La Différence interdite, Flammarion). S'il va de soi que le social est mixte par fondation et qu'il faut respecter cette mixité le plus possible, il apparaît cependant que la mixité scolaire généralisée compte pour beaucoup dans l'échec éducatif.

On peut penser que la mixité est bien vécue en bas âge — certains psychologues notent pourtant un clivage agressif entre garçons et filles de 4 à 7 ans — et au lycée. On est sûr en revanche de sa nocivité en fin de cycle primaire et au collège pour une raison qui sautait aux yeux de nos anciens, tout soudain niée par les pédagogistes disciples de Rousseau et de la pensée soixante-huit, qui ont fait de l'érotisme un nouveau principe d'éducation. Cette première évidente raison réside, on a honte de le rappeler..., dans la différence et la complémentarité des genres masculin et féminin qui se traduit dans la croissance des jeunes par un développement asynchrone.

Les premiers à tirer la sonnette d'alarme sont les professeurs de biologie et de sport : l'éducation du corps, en théorie comme en pratique, impose de respecter des différences qui s'inscrivent autant dans les possibilités physiques des uns et des autres que dans les centres d'intérêt. Mais ils sont la face visible de l'iceberg : car en toutes matières, à l'âge critique de la puberté, il est nécessaire de confirmer le jeune garçon ou la jeune fille dans sa quête d'identité. Le choix des thèmes traités dans les matières littéraires y contribue largement ; là aussi les centres d'intérêts divergent tant que les capacités d'abstraction ne sont pas parvenues à maturité. En histoire, par exemple, les garçons se passionnent facilement pour l'histoire diplomatique et militaire quand les filles préféreront des sujets d'histoire sociale ou culturelle.

Les thèmes choisis en littérature ou en langues anciennes et vivantes doivent procéder d'une même approche pédagogique selon que l'on privilégie la formation féminine ou la formation virile. Il ne s'agit pas de priver le jeune garçon d'une réflexion sur la femme amante et mère ni de cultiver la jeune fille dans l'ignorance des vertus chevaleresques, mais d'une simple question d'accent rendu impossible par l'enseignement unisexe.

La mixité généralisée est l'un des éléments de la subversion éducative de l'après-soixante-huit. Ce qu'elle nie, on le constate maintenant, c'est la paternité et l'autorité. Toutes les dérives de la pédagogie fusionnelle moderne s'inscrivent dans ce déni qui a pour effet la fragilisation de l'identité masculine.

Le sexe faible n'est pas celui qu'on pense lorsqu'on pratique à la puberté une pédagogie indifférenciée. Le jeune garçon entretenu dans une sentimentalité immature en est la victime principale. La violence scolaire est souvent sa protestation muette devant la domination intellectuelle et affective des filles aggravée par la féminisation du corps professoral. C'est pourquoi il est vital qu'existent des tiers-lieux éducatifs comme le scoutisme où la virilité du jeune garçon puisse s'exprimer et se développer hors des regards féminins.

Quart au discours de l'institution - " c'est à chacun de former son comportement sexuel hors des images stéréotypées de la masculinité et de la féminité " selon le rapport De la mixité à l'égalité (Jean Hébrard, Bulletin officiel de l'Education nationale, mars 2002) - il montre à l'évidence la confusion érigée en système qui est le fond de son idéologie. On comprend dès lors que le retour au bon sens nous enseignera, comme le dit Paul Malartre, que " la mixité ne va pas de soi " et qu'il est nécessaire, au moment où s'effondrent la " pensée soixante-huit " (L. Ferry) et ses avatars éducatifs, d'exercer là comme ailleurs un droit d'inventaire.

Ajoutons pour conclure que la mixité scolaire favorise dans la société politique ce " pouvoir immense et tutélaire " de la démocratie selon Tocqueville : " Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l'âge viril. Mais il ne cherche au contraire qu'à les fixer dans l'enfance. " Face à la démocratie fusionnelle, il faut rendre à la République la figure du père. Le problème éducatif est politique, toute politique est éducation.

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