Chaque semaine, nous continuons de recevoir des témoignages de parents ou d'enfants victimes d'atteintes à leur liberté de conscience. Voici l'un de ces témoignages. Il s'agit d'un échange de mail entre un père et sa fille à propos de l'enquête lancée par la Fondation de Service politique (les noms et prénoms ont été changés).

Des propos hélas plus vrais que nature ! Les atteintes à la liberté de conscience passent aussi par le manque de respect de l'opinion des élèves en cours d'instruction religieuse ou d'histoires des religions. Nous remercions cette famille et tous ceux qui nous ont écrit. Leur témoignage est précieux et nous n'en resterons pas là.

 

Mail de Caroline

Papa chéri,

Je ne sais pas si c'est trop tard, mais dans l'un de tes mails, tu demandais à tous les trois de te dire ce que les profs de catéchisme à l'école nous disaient de faux. M. H. il y a déjà quelques cours, nous a fait une interro sur les Dix Commandements.
Il a dit que Tu ne commettras pas d'impureté n'était pas un commandement ! Alors avec mes amies, Sabine, Catherine, Irène et Maryse nous avons protesté! Nous avons dit que c'étais un commandement et puis point barre (façon de parler) ! Alors j'en ai parlé au Père S. Il était tout étonné ! Il nous a conseillé d'amener le Catéchisme de l'Église catholique à l'école et de le montrer innocemment à M. H. !
Je t'embrasse très affectueusement
Caroline qui t'aime très très très fort.

 

Réponse du père

Chers enfants,
Avez-vous d'autres faits ? Pouvez-vous me détailler quelques unes de vos aventures en particulier au catéchisme ? Merci d'avance. Cela me servira pour écrire à la direction de l'école et pour répondre aux questions posées par la Fondation de Service politique. Soyez aussi précis que possible et surtout n'inventez rien, car tout mensonge desservirait d'une manière ou d'une autre cette juste cause.
Gros bisous. Papa

 

Nouvelle réponse de Caroline

Cher papa,
Voici quelques exemples, comme tu les as demandés.
Notre remplaçante de religion était musulmane. Elle enseignait précédemment dans une école privée. Elle nous a enseigné l'islam (c'est dans notre programme), et en a fait toute une promo. En plus elle disait que ça n'était pas du tout comme on le voyait à la télé, mais que c'était une religion de l'amour, de tolérance. Quand on protestait en parlant de la guerre sainte en 622 par Mahomet, elle disait que c'était juste pour se défendre contre des attaquants extérieurs, alors que ce n'est pas du tout ce qu'on a vu en histoire.
De même pour la condition de la femme, si on disait qu'elle était soumise entièrement à son mari, elle expliquait que c'était seulement chez des extrémistes, qu'on voyait cela mais que ce n'était pas vrai. Elle expliquait aussi que le Coran était LE livre, qui reprenait et corrigeait les erreurs commises par les hommes lors de l'écriture de la Bible (Jésus n'est pas Dieu, il n'est pas vraiment mort....), mais sans tout rejeter. Mais il faut quand même dire qu'elle était très ouverte à nos réflexions et engageait volontiers le débat, tout en disant qu'elle respectait tout à fait nos idées.
M. H., lui, explique ce qu'il pense, mais en imposant complètement ses idées. On n'a même pas le droit de protester et quand on essaye, il nous remballe en disant que de toute manière il a raison, mais sans se justifier. Par exemple, il a dit en cours que c'était n'importe quoi que les femmes ne puissent pas devenir prêtre ou que les prêtres ne puissent pas se marier.
Après le cours, je suis allé le voir avec Pascaline C. pour protester et expliquer que si les femmes n'étaient pas prêtres, c'était parce que les apôtres choisis par Jésus étaient seulement des hommes. Il est resté à fond dans son idée, répétant toujours la même chose, nous empêchant même de parler, sans nous écouter.
En latin, on étudiait une image représentant une patène. M. C. avait d'abord demandé ce que c'était à toute la classe, et quand Alice a dit que c'était une patène, il a dit que c'était faux, et que cela n'était pas quelque chose de sacré, mais un instrument profane, qui ne servait pas du tout à porter le corps du Christ. Il disait aussi que plus personne ne se met à genoux pendant la messe, que c'est du passé, que les prie-Dieu sont considérés comme des meubles... Quand on sait que c'est un catho qui dit cela et qu'il communie, on peut quand même se poser des questions !
Je crois que c'est à peu près tout. Je t'embrasse,
Caroline.

 

Lettre des parents de Caroline à la Fondation de Service politique


Cher Monsieur,
Nos enfants sont scolarisés depuis plus de deux ans dans un établissement de l'Enseignement catholique héritier de la vieille tradition d'un des nombreux ordres enseignants qui ont aidé une multitude d'enfants de familles croyantes à avoir une cohérence entre l'éducation reçue à la maison et l'enseignement à l'école.
Je voudrais juste vous dire à quel point cette tradition est aujourd'hui dénaturée dans cet établissement. L'enseignement religieux n'a rien à voir avec la doctrine catholique : c'est un mélange de relativisme et de réflexions personnelles teintées de bonne conscience, de bons sentiments et de politiquement/religieusement correct. On interprète la Parole de Dieu, quand on ne la réécrit pas (même les Dix commandements, qui pourraient apparaître comme immuables, sont revus et corrigés).
Tout cela n'est pas si grave pour l'instant. Le problème est qu'une pression insidieuse puis ouverte s'exerce sur les enfants, qui s'aventureraient à contredire/contrarier les enseignants. Ces adultes qui utilisent alors le poids de leur âge et de leur statut, clouent facilement le bec aux impertinents, voire les ridiculisent.
Quand aux célébrations religieuses, nul ne s'étonne plus de voir les enfants musulmans communier, et tant pis pour ces enfants qui reviennent choqués et pleins de questionnements sur la longue préparation qu'ils ont eue avant d'avoir le grand honneur de goûter à l'Eucharistie.
Enfin, quand des parents viennent expliquer que le fait d'avoir un voyage de classe programmé la Semaine sainte leur pose un problème, un monologue s'installe sur la possibilité de l'enfant concerné d'animer des veillées de prière avec ses camarades de classe et sur son devoir d'évangélisation. Dès lors que les parents ont décidé que vivre la Semaine sainte en famille était prioritaire, la famille est définitivement catégorisée comme dangereusement fanatique et mise au ban de l'école.
En deux mots, dans une école qui fait de la tolérance son principe fondamental, une seule catégorie n'a pas son mot à dire: la nôtre. Précisons que nous tentons d'enseigner à nos enfants la vraie ouverture....
Habitués à nous engager dans les écoles sous contrat fréquentées par nos enfants (OGEC, APEL), nous nous demandons bien sûr ce qu'il vaut mieux maintenant pour eux et leur foi : une école publique respectueuse du sentiment religieux ou bien une école dite catholique qui a perverti la vérité du message évangélique.
Bravo pour tout ce que vous faites. "La Joie de l'âme est dans l'Action !"
Vincent et Nathalie