Une psy dénonce la méprise sur la santé et sur la vie

[Source : Le Figaro] Dans son cabinet, Marie-Estelle Dupont côtoie au quotidien le mal-être des Français. Cette psychologue clinicienne s'inquiète pour leur santé mentale à court et long terme.

Il y a eu les premières images. Puis le mot pandémie est réapparu dans notre vocabulaire. Le 16 mars. La fermeture des restaurants, le premier confinement la fleur au fusil, sans imaginer que ce qui devait durer quelques semaines durerait presque deux ans. Patatras!, le coronavirus nous a rappelés collectivement, tous azimuts : la mort, la finitude, la vulnérabilité, l'état de l’hôpital, l'inertie bureaucratique, l'incertitude, le risque, les limites, la façon dont la peur précipite souvent le danger. Et de rideaux baissés en municipales maintenues, de masques FFP2 en couvre-feu, d'état d'urgence en lieu et place de l'article 16, d'attestations en stratégie vaccinale, la déconfiture s'est muée en Berezina psychologique pour nombre d'entre nous.

Car si l'être humain est capable d'affronter les épreuves, il n'est pas fait pour l'injonction paradoxale.

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Au nom du principe de précaution et du bien ce qu’on appelle protéger revient souvent à imposer. Drôle d'éthique. Mais nous ne voulions pas dramatiser. Il s'agissait encore dans bien des cas de frustration, d’épreuve, d'adaptation limitée dans le temps, donc on espérait éviter le traumatisme. Septembre nous força à parler de deuxième vague psychiatrique. Toutes les situations commençaient à s’enflammer: les étudiants perdus, les enfants masqués, les restaurateurs et leurs confrères dépossédés de leur activité professionnelle, les petits commerçants exsangues et pris à la gorge par les alternances de confinement et de couvre-feu, les handicapés, les plus âgés, les artistes, les managers, les journalistes, les nouveaux salariés qui ne connaissent pas leurs collègues, les jeunes diplômés qui voient le processus de recrutement désarticulé. Ma synthèse, sombre et non exhaustive, veut simplement rappeler que l'installation dans le temps de mesures sanitaires a impacté plus que lourdement la santé physique et mentale de nous tous. Que le primum non nocere du serment des médecins semble avoir échappé, lui, au principe de précaution.

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Ce qui peut durer un mois devient un changement anthropologique, au bout de 10. Nos structures mentales et nos organismes ne sont pas adaptés à cette redéfinition de la santé comme simple courbe de circulation virale. Car si on doit parler d’éthique, de vie, de priorités et d'effets papillon, les salles d’attente de mes confrères répondront point par point à la définition de la santé humaine."

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