Les journalistes du Monde et de l’AFP sont des sortes d’explorateurs, qui aiment à partir en expédition dans le monde sauvage, à savoir en collège en ZEP. Tels des Mary Poppins bondissant avec joie dans un dessin de pastel griffonné sur le trottoir, ils s’imaginent en tout angélisme atterrir dans le monde merveilleux et idéal de la jeunesse, comme en témoigne cet article « enquête » paru à la rentrée : « Dans les smartphones des collégiens. »

Leur objectif est de passer du temps auprès de la jeunesse de France : direction donc Vaulx-en-Velin, archétype du village français. Passons tout d’abord sur le fait que les jeunes, cela s’observe aujourd’hui forcément en ZEP, ou Zone d’Education Prioritaire, comme si les ZEP étaient le seul prisme d’observation des adolescents de France, et qu’elles étaient nécessairement plus légitimes pour représenter notre jeunesse qu’un collège privé du centre de Besançon.

Voilà l’occasion pour nos journalistes de découvrir la réalité de ce monde dûment subventionné et porté aux nues par les médias de gauche qu’est la banlieue, censée être le lieu privilégié d’expression du multiculturalisme. En ZEP, ils découvrent – il n’est jamais trop tard – ce que nous dénonçons depuis tant d’années : la violence brute, les familles déstructurées, le langage en perdition, l’islam, qui est bien présent mais surtout jamais cité (« la plupart des élèves sont opposés au blasphème », ne me demandez pas pourquoi !). Comment, la vie rêvée de la diversité ne serait-pas aussi rose que la rose de feu le Parti socialiste ? La journaliste et sa comparse l’avouent tout de même avec un minimum d’honnêteté : elles se sont senties « démunies, en décalage » (sic). ll y a de quoi, lorsque l’on passe son temps à peindre, à longueur de colonnes, un monde qui n’existe pas, et que l’on se refuse à regarder la réalité cruelle et sans concession du terrain.

Mais le décalage persiste : nos journalistes ne sont pas comme André Gide, dont les yeux se sont décillés au retour de son voyage en URSS. Leur objectif reste de montrer une réalité partielle qui doit se rapprocher le plus possible de leur modèle idéologique. Ainsi, nous apprenons que sur les smartphones des adolescents – car ils ont tous un en poche ce précieux joujou, financé on ne sait comment – circulent beaucoup de vidéos. Des vidéos de la violence ordinaire, comme, évidemment et au hasard, celle d’une « femme voilée battue par un policier ». Les journalistes nous expliquent aussi que ces jeunes ont de nobles passions, comme la défense des droits de l’homme chez la minorité ouïghoure face aux autorités chinoises. Que c’est beau.

Ces adolescents ont mille et uns sujets passionnants de conversation, mais curieusement, dans leurs smartphones, on ne trouve jamais de pornographie. La pornographie est la jumelle de la théorie du genre : elle n’existe pas ! Le Monde n’est visiblement pas au courant de ce que la pornographie est devenue d’une effroyable banalité, avec des taux de visionnage chez les adolescents qui frisent les 100 % d’une génération. L’AFP n’a jamais entendu parler d’OnlyFans, le nouveau réseau social d’échange de vidéos pornographiques qui fait des ravages, ou du revenge porn qui détruit tant d’adolescents. Peut-être considèrent-ils tout simplement que la pornographie n’est pas un problème, et qu’elle ne mérite donc même pas d’être mentionnée ? Ce qui, soit dit en passant, contredit frontalement le discours de Macron, pour qui la pornographie est un véritable fléau (qu’il ne combattra pas, bien entendu). Quoi qu’il en soit, le degré d’aveuglement que l’on trouve chez ces journalistes sur le sujet nous prouve l’ampleur du travail à fournir pour accélérer la prise de conscience. Aveuglement ? Peut-être complaisance, tout simplement ! Ni aveugles, ni complaisants, nous sommes bien déterminés à continuer à mener cette bataille fondamentale !

François Billot de Lochner