Le salut des musulmans de France, une œuvre de salut public

Le problème posé par la place de l’islam dans la société ne doit pas occulter une réalité significative : l’islam souffre d’une crise profonde, et ils sont toujours plus nombreux à prendre le chemin de la conversion au christianisme, dans le silence et au péril de leur vie. Les encourager, c’est nous sauver nous-mêmes.

Il ne faut pas se mentir : parmi les nombreux problèmes qui accablent la France, on ne saurait sous-estimer ceux que pose l’islam, et plus exactement ceux que pose le développement d’une très importante minorité musulmane, principalement d’origine étrangère. Les leçons de l’histoire sont univoques - il n’est que de considérer les précédents du Liban, des Balkans, du Kosovo : plus les minorités musulmanes sont nombreuses, plus elles se conçoivent elles-mêmes comme constituant une communauté musulmane, plus l’être collectif de l’islam se fait sentir. L’islam est en effet une religion de pratique individuelle ET de pratique collective, ce dernier élément étant souvent incompris ou ignoré par les Occidentaux biberonnés à l’individualisme et à la religion du quant à soi.

Le jihad est ainsi théoriquement (selon la charia) une obligation religieuse collective : il faut que la communauté le soutienne ou y participe d’une manière ou d’une autre. Tout comme l’obligation de se doter de chefs et de juges musulmans pour que la communauté vive selon la loi musulmane (et à terme que les non-musulmans s’y soumettent aussi) : il faut que la communauté travaille d’une manière ou d’une autre à cet objectif. Et de ce fait, plus la minorité grandit et se constitue en communauté, plus il devient alors difficile aux Français musulmans d’échapper à la logique centripète de la communauté musulmane, et au langage religieux (coran, tradition, charia) qui la justifie, lequel langage ne faisant que traduire des ressorts psychologiques qui remuent au plus profond la conscience des croyants (suprématisme, esprit de corps, victimisation et paranoïa de persécution, réaction au scandale de l’empire du mal, messianisme politique, etc.). Et ce d’autant plus que ces ressorts psychologiques sont maniés avec habileté par des militants chevronnés, comme l’a montré par exemple la récente manifestation contre l’islamophobie du 10 novembre 2019, petit bijou de subversion politico-religieuse. Existe-t-il en effet un pays musulman où les musulmans seraient plus libres qu’en France, ou qu’en Europe ? Islam en France et islam dans le monde Ainsi, les inquiétudes grandissent-elles, à raison. Mais pour beaucoup, elles empêchent de voir quelle est la situation réelle de l’islam au niveau mondial. Certes, par bien des aspects, il y a de quoi nourrir aussi ces inquiétudes : 97 % environ des musulmans dans le monde – c’est-à-dire tous les musulmans des pays musulmans – sont gouvernés par des régimes islamistes, ou que la doxa 47 Le salut des musulmans de France, une œuvre de salut public française qualifierait d’islamistes.

Tous ces pays, fédérés au sein de l’OCI (Organisation de la Coopération Islamique), développent des stratégies communes d’islamisation du monde non musulman, particulièrement de l’Europe, et des stratégies de ré-islamisation et de sur-islamisation de leurs populations, très influencées par le mouvement de réforme et de mise à jour de l’islam opéré par les Frères Musulmans. Les institutions et autorités du monde islamique sont ainsi aux mains de musulmans « durs », et il y a bien peu à attendre d’elles pour faire évoluer les choses dans le bon sens. Pourtant, cela bouge énormément dans les pays musulmans. Il se produit en effet dans les sociétés civiles elles-mêmes un grand mouvement de mise en cause de l’islam qui conduit à une forme de polarisation entre tenants d’une critique fondamentale, jusqu’à l’abandon de l’islam, et partisans d’un islam de plus en plus dur, de plus en plus « radical ». C’est un phénomène dont on a très peu conscience en Occident, qu’on peine à voir tant on y est englué dans nos problèmes, dans notre vision d’un islam limité aux seuls musulmans locaux, et particulièrement aux plus remuants d’entre eux. De plus, ce vacillement de l’islam dans les pays musulmans eux-mêmes n’est bien évidemment pas mis en avant par les autorités musulmanes…

La critique fondamentale de l’islam conduit en effet nombre de musulmans à l’apostasie – secrète ou assumée – et même à la conversion au christianisme. Ce phénomène absolument inédit dans l’histoire est le fruit de la révolution du savoir ouverte avec celle d’Internet et des technologies de 5 Voir par exemple le travail réalisé par Jean-Frédéric Poisson de mise en lumière de la « Stratégie de l’action culturelle islamique à l’extérieur du monde islamique », poursuivie depuis 20 ans par tous les pays musul- mans (L’Islam à la conquête de l’Occident : la stratégie dévoilée, Éditions du Rocher, 2018) Liberté politique n° 83 48 communication (télésatellite notamment). Elle permet aux musulmans, pour la première fois, d’accéder à la connaissance par eux-mêmes et non plus par la médiation de leurs clercs. Ils ont désormais accès par eux-mêmes à leurs propres textes – Coran, hadiths, vie du Prophète, traditions, etc. Ils ont désormais accès par eux-mêmes à l’histoire de l’islam, et aux agissements de certains musulmans – notamment les exactions des jihadistes, opérées à l’imitation de celles du Prophète ou de ses compagnons et dont ils peuvent vérifier l’islamité par eux-mêmes. Ils ont accès par eux-mêmes à la recherche critique sur les origines de l’islam, laquelle se révèle impitoyable pour la tradition musulmane en montrant que son schéma fondamental est faux : l’islam ne vient pas de la prédication de Mahomet à des bédouins incultes entre La Mecque et Médine. L’islam est la reconstruction par les califes de Damas et de Bagdad d’une idéologie politico-religieuse de légitimation de leur pouvoir total et de leurs prétentions à conquérir le monde.

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