Retraites : le marché français est-il réellement une «boîte de Smarties» pour le géant financier BlackRock ?

Tandis que BlackRock est englué dans la polémique, la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher a comparé le marché français à «une boite de Smarties» pour le géant financier, qui n'aurait «pas grand-chose» à gagner dans la réforme.  Vraiment ?

La réforme des retraites, officiellement présentée par le gouvernement le 11 décembre 2019, aurait-elle été influencée, comme l'affirment certains observateurs, par le plus grand gestionnaire d'actifs au monde, la société d'investissement américaine BlackRock ? Si le géant financier le dément formellement, la polémique continue d'enfler ces derniers jours.

Aux relations entre la multinationale et Emmanuel Macron, parfois pointées du doigt, est venu s'ajouter un second élément soulevé par les opposants à la réforme : la promotion de Jean-François Cirelli, président de BlackRock France, au rang d'«officier» de la Légion d'honneur. Tandis que le mouvement de grève contre la réforme des retraites entame son 29e jour de mobilisation, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances, a tenté de couper court à la controverse ce 2 janvier sur BFM-TV et RMC.

Répondant aux questions de Jean-Jacques Bourdin, Agnès Pannier-Runacher a d’abord assuré que BlackRock ne faisait pas de lobbying sur les membres de la classe politique française à propos de la réforme des retraites. La raison ? «Ils n’ont pas grand-chose à y gagner», selon elle. La secrétaire d’Etat a ensuite estimé que les retraites par capitalisation des Français ne représentaient «rien par rapport à [la] gestion d’actifs [de BlackRock]», rappelant que la multinationale américaine gérait près de 7 000 milliards de dollars «et notamment des dollars qui viennent des Etats-Unis et d’Asie».

Par ailleurs, Agnès Pannier-Runacher s’est livrée à une comparaison quelque peu hasardeuse : «C’est une boîte de Smarties le marché français [...] Arrêtons de croire que nous sommes au centre du monde.» Une ligne de défense également reprise par Jean-François Cirelli. «A plusieurs reprises, nous nous sommes exprimés pour dire que nous n'avions pas cherché à influencer le gouvernement ni sur la réforme actuelle des retraites, ni sur la loi Pacte», a ainsi assuré le patron de la filiale française du groupe financier à l'AFP, regrettant d'être «pris à partie dans une polémique infondée».

Pourtant, une publication accessible sur le site de BlackRock vient fragiliser cette défense. En effet, l’entreprise américaine a publié sur son site en juin 2019 ses propres «recommandations», dont elle précise qu'elles sont adressées «au gouvernement français et à d'autres acteurs». BlackRock présente ainsi les «dispositifs indispensables pour réussir la réforme de l’épargne-retraite», et les «mesures complémentaires envisageables pour améliorer la qualité du dispositif et lui permettre de dépasser ses objectifs», sans manquer de se réjouir des dispositifs présents dans la loi Pacte, promulguée en mai 2019. Un intérêt à réformer qui est donc tout sauf caché.
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