PMA pour toutes : « L'enfant est devenu un objet de consommation »

Source [Le Point] Auteur d'un livre intitulé « Made in Labo », le professeur de philosophie Dominique Folscheid analyse les risques de l'ouverture de la PMA à toutes les femmes.

Mercredi, lors de son discours de politique générale devant l'Assemblée nationaleEdouard Philippe a annoncé que le projet de loi de bioéthique,qui doit intégrer l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes, serait présenté en juillet en conseil des ministres et examiné fin septembre devant les députés.

La réforme, politiquement explosive, provoquerait un bouleversement du Code civil et poserait question en matière de filiation. Afin de mieux comprendre les enjeux suscités par cette ouverture de la PMA pour toutes – promesse de campagne d'Emmanuel Macron –, Dominique Folscheid*, professeur émérite de philosophie morale et politique à l'université Paris-Est et codirecteur du département de recherche éthique biomédicale au collège des Bernardins, répond à nos questions.

Le Point : La PMA est-elle bien identifiée des Français ou se dirige-t-on vers une situation aussi radioactive qu'en 2013 avec la Manif pour tous  ?

Dominique Folscheid : Depuis 2013, le temps a passé, les Français ont digéré l'affaire du mariage pour tous et ils sentent d'intuition qu'avec cette loi ils avaient affaire à un package bien emballé, qui contenait la suite. Avec le mariage pour tous – qui a pour nouveau fondement l'indifférence à la différence des sexes –, il était évident qu'on allait accorder à tous les effets du mariage, dont la liberté d'avoir des enfants.

L'emballage, c'est aussi le « pour tous ». De la part des soutiens du projet de loi, qui nous avaient déjà vendu la loi de 2013, il n'y avait aucune raison de changer une formule qui gagne parce qu'elle flatte le tempérament égalitariste des Français. Pour les politiques concernés, dont nous savons pourtant qu'ils n'ont pas vraiment compris dans quelle galère ils embarquaient, cela suffit à les conforter dans la conviction qu'ils font partie du bon camp, celui des « progressistes ». Et qu'ils le sont à deux titres : d'un point de vue sociétal, bien sûr, mais aussi d'un point de vue techno-scientifique.

Par ailleurs, si le public préfère parler de PMA, la loi en vigueur a opté pour l'acronyme AMP, qui signifie « assistance médicale à la procréation », ce qui contribue à créer de la confusion. Sur le fond, techniquement parlant, il n'y a aucune différence entre les deux. La différence se situe au niveau de la hiérarchisation des termes. Avec « PMA », on place la « procréation » en tête ; avec « AMP », c'est l'assistance fournie par la médecine qui est mise à l'honneur. Mais, si l'on veut pousser plus loin l'analyse, on se rend vite compte qu'aucun de ces sigles ne correspond vraiment à la réalité parce qu'il est permis de douter qu'il s'agisse vraiment de médecine.

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