La trahison des élites sur l'immigration

Source [Causeur] Dans Le Grand abandon, les élites françaises et l’islamisme, le journaliste Yves Mamou dresse un constat implacable : nos élites ont trahi en ouvrant la France à l’immigration incontrôlée et à l’islamisme. Encore inaudible il y a quinze ans, lors de la publication des Territoires perdus de la République, ce discours gagne de plus en plus de terrain. Entretien. 

Daoud Boughezala. Sous la direction des journalistes Gérald Davet et Fabrice Lhomme, Le Monde a dirigé une enquête d’un an sur l’islamisation de la Seine-Saint-Denis, aujourd’hui objet d’un livre intitulé Inch’Allah. Par ailleurs, Martine Aubry et Gérard Collomb ont souligné le risque de guerre de tous contre tous dans les « territoires perdus de la République ». Après des années de déni, les élites ouvrent-elles enfin les yeux ?

Yves Mamou. Le déni est une politique d’Etat. Les prises de conscience – tardives – de certains n’y changeront rien. Cette politique du déni s’est progressivement installée au fur et à mesure de l’islamisation d’une frange importante des Français musulmans. Elle se traduit par exemple, par le fait que le procureur Molins, autrefois chargé de la lutte antiterroriste, ne caractérisait jamais les tueurs comme des terroristes islamistes mais comme des « déséquilibrés ». La psychiatrisation de la violence islamiste est un déni. Et ce déni a eu pour corollaire une répression de la liberté d’expression. Tout journaliste ou intellectuel qui tentait de replacer le débat de l’islam ou de l’immigration sur le terrain politique était taxé de racisme et envoyé devant un juge.

Cela dit, que deux journalistes du Monde regardent soudain la réalité en face me procure un grand soulagement personnel.

Grâce au Monde, dans les dîners en ville, il sera possible d’émettre une pensée hérétique sur l’immigration ou l’islam sans être traité de raciste.

Dans le meilleur des cas, les actions des deux ministres s’annuleront l’une l’autre.

C’est déjà un progrès ! Pour rester dans l’actualité, que vous inspire la nomination du tandem Castaner – Nunez au ministère de l’Intérieur ? L’ancien directeur de la DGSI n’est-il pas un gage d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme ?

Le tandem Castaner – Nunez est l’absurde illustration de ce déni dont nous parlions. L’ancien directeur de la DGSI luttera contre l’islamisme hard tandis que Castaner pratiquera des accommodements déraisonnables avec l’islamisme soft. Gouverner ainsi, c’est refuser de voir que le terrorisme islamiste et l’entrisme islamiste sont deux volets d’une même stratégie. Dans le meilleur des cas, les actions des deux ministres s’annuleront l’une l’autre. Dans le pire des cas, ce « en même temps » sécuritaire sera générateur de catastrophes.

Une « préférence islamique » a conquis progressivement toutes les sphères du pouvoir.

Votre ouvrage Le Grand abandon, les élites françaises et l’islamisme met en cause la politique d’immigration. Pensez-vous que les attentats de janvier (Charlie, Hyper casher) et novembre 2015 (Bataclan, Stade de France) ne se seraient pas produits sans quarante ans d’immigration massive ?

Le Grand abandon part d’une question simple : comment l’islamisme a-t-il pu générer autant d’idiots utiles en France ? Le nombre d’intellectuels, d’experts, de femmes et hommes politiques qui ont trouvé intérêt à relativiser, défendre, voire justifier les méfaits d’une idéologie politico-religieuse rétrograde, meurtrière, liberticide, intolérante, misogyne et antisémite m’a interloqué. Après Charlie Hebdo et l’Hypercacher, j’ai donc entrepris de faire la liste des « amis » de l’islamisme en France. Au terme de mon inventaire, je me suis aperçu que j’avais reconstitué le bottin du Pouvoir. Partis politiques, grands corps de l’Etat, Justice, Université, Experts, Artistes, People, Médias… tous, en majorité, ânonnent une idéologie victimaire qui fait le jeu des islamistes. Même la politique droit-de-l’hommiste de l’Eglise catholique fait le jeu des islamistes.

A l’évidence, une « préférence islamique » a conquis progressivement toutes les sphères du pouvoir. Cette préférence islamique a légitimé et accompagné le puissant courant migratoire en provenance des pays d’Afrique du Nord et d’Afrique sub-saharienne qui a commencé à la fin de la guerre d’Algérie et qui prévaut encore aujourd’hui. L’hypothèse que je formule dans Le Grand Abandon est qu’avec la mondialisation, la préférence islamique et la politique d’immigration se sont progressivement structurés en choix idéologiques et politiques cohérents. Des chefs d’entreprise ont cherché à faire baisser le coût du travail de la main d’œuvre nationale et ont demandé aux partis politique d’ouvrir les frontières ; les politiques ont rapidement compris que ces millions de travailleurs étrangers pouvaient représenter un réservoir de voix automatique favorable à leur réélection. Parallèlement, les associations antiracistes ont été subventionnées pour lutter contre l’émergence d’une éventuelle « islamophobie ». Quant aux milieux de la culture, en panne d’idéologie, ils ont adopté sans hésiter le mythe de la victimisation musulmane… Bref, par emboîtement de logiques différentes, les tenants de la mondialisation et des droits de l’homme se sont unis pour encourager une immigration musulmane de masse en France.

Retrouvez l’intégralité de l’interview sur :

https://www.causeur.fr/castaner-islam-mamou-immigration-155511