Dieu a fait la France guérissable

Article rédigé par Yves de Lassus

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POLITIQUE S
DIEU A FAIT LA FRANCE GUÉRISSABLE

(1e
partie)
Plan général de l'étude
Introduction : le nécessaire diagnostic de la situation
I. L’état de la France sur le plan matériel
II. L’état de la France sur le plan religieux
Le nombre de catholiques
Le nombre de prêtres
Quel remède appliquer ?
III. Faire ou provoquer un miracle : mode d’emploi
Le miracle de Cana [fin de la 1e
partie]

La résurrection de Lazare
Ce que nous apprennent ces miracles : ora et labora
L’impérieuse nécessité d’agir sur les deux plans simultanément : le
plan spirituel ET le plan temporel
IV. Quelles actions sur le plan spirituel ?
Le message de Fatima, expression d’une volonté divine
La dévotion au Cœur Immaculé de Marie
Les victoires du rosaire
Les protections obtenues par la consécration au Cœur Immaculé de
Marie
V. Quelles actions sur le plan temporel ?
L’indispensable nécessité d’agir aussi sur le plan temporel
Le plan d’action défini par saint Pie X
Les actions pour la famille, l’école et la propriété privée
Les actions pour les institutions
VI. Le rétablissement des institutions
Origine et transmission du pouvoir
Les quatre façons de désigner un chef
Recréer de véritables corps intermédiaires
Les conseils de Notre-Dame à Fatima
Conclusion : le faux et le vrai combat politique

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INTRODUCTION : le nécessaire diagnostic de la
situation
Lorsque nous voyons le temps que passent certains de nos amis, en
particulier les grands adolescents ou jeunes adultes, pour des actions
conduites dans le champ de la politique "officielle", nous sommes
souvent très surpris. À les entendre, les espoirs seraient dans une
refondation de la droite, une moralisation de la vie politique, une
union des partis conservateurs, etc. Or nous n’allons pas attendre
encore quatre ans pour avoir, au bout du compte, un nouveau
président qui appliquera une politique pire que celle de ces
prédécesseurs !
Aussi, convient-il non seulement de les alerter sur les carences de ces
actions, mais aussi de les orienter vers les vraies actions. Travail de
Sisyphe, tant la politique attire, notamment chez les plus jeunes. Par
exemple, lorsque nous rappelons les conditions données par saint
Pie X pour s’engager en politique, il est fréquent de recevoir la
réponse suivante : « Mais alors on ne peut rien faire ? » ou encore
« Alors, que proposez-vous ? »
Ces réponses sont la marque sinon d’une indigence intellectuelle
avancée, au mieux d’un cruel manque d’imagination ou de réflexion.
Elles signifient que le système a tellement perverti la capacité de
penser de leur auteur qu’il en est devenu incapable de penser
autrement que dans le sens proposé par la "bien-pensance" actuelle.
Autrement dit : si on n’agit pas au sein du système, il est impossible
d’agir.
C’est une erreur sur laquelle nous voudrions éclairer nos lecteurs,
particulièrement les plus jeunes. Il est important de répondre à ces
questions, en particulier pour nos adolescents, pour les orienter vers
une action utile et efficace et leur éviter les désillusions de la
politique proposée par les partis.
Pour ce faire, il est indispensable de commencer par établir un
diagnostic complet et sans fard de la situation actuelle. Car il est
impossible de prescrire une bonne thérapie à partir d’un mauvais

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diagnostic. Certes, un bon diagnostic ne conduit pas nécessairement
à trouver la bonne thérapie. Mais un mauvais diagnostic l’interdit
carrément. Ou bien, si une bonne thérapie est prescrite suite à un
diagnostic erroné, c’est malgré elle et non à cause d’elle !
Ce diagnostic doit envisager l’être complet de la France, à savoir
aussi bien la partie temporelle que la partie spirituelle. Il est
important d’avoir une vue d’ensemble du mal. Se contenter des
aspects matériels (économiques, politiques, moraux ou autres) serait
une erreur. Concernant ces derniers, nous ne nous attarderons guère,
car nombreuses sont les personnalités qui font régulièrement l’objet
d’excellentes analyses dans ce domaine. Nous ne ferons donc que de
brefs rappels dans quelques-uns des principaux domaines.
Nous nous étendrons un peu plus sur le plan religieux, tant les
discours lénifiants des hommes d’Église cachent souvent la réalité
des faits et égarent de nombreux catholiques sur la gravité de la
situation.
Nous ne regarderons que la situation de la France. Certes, par charité,
il conviendrait aussi d’analyser la situation du monde. Mais cela
nous entraînerait trop loin et n’ajouterait pas grand-chose à notre
raisonnement, car la situation des autres pays n’est le plus souvent
guère différente de celle de la France. Aussi la situation du monde
n’est-elle sur bien des points qu’une reproduction à grande échelle de
ce qui se passe en France.
I. L’ÉTAT DE LA FRANCE SUR LE PLAN
MATÉRIEL
Sur ce point, la situation de notre pays est de plus en plus
préoccupante. Quel que soit le domaine envisagé, la France est au
bord de la catastrophe.
Sur le plan politique, l’État a été colonisé par des politiciens
fervents partisans de l’idéologie mondialiste et d’une mondialisation
à tout crin. Favorables à la suppression des frontières et
farouchement opposés à la survie de notre pays en tant qu’entité

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indépendante, ils souhaitent voir disparaître les Français « de
souche » au sein d’une communauté multi-ethnique.
De nombreuses prérogatives régaliennes, en particulier la monnaie,
ont été cédées à des organismes extra-nationaux, européens ou
autres. D’autres sont cannibalisées par les partis de gauche qui ne
conçoivent la France que comme un simple élément du "village
mondial". Quant à celles qu’il conserve réellement, l’État ne les
exerce pas ou les exerce mal en les retournant contre les vrais
Français. Par exemple, sur le plan de la sécurité, l’État ne joue plus
son rôle et l’insécurité croît de jour en jour. Le récent attentat de

Trèbes, près de Carcassonne, en est une triste illustra-
tion. Parallèlement, le "grand remplacement" devient de plus en plus

une réalité et le pire est que la hiérarchie religieuse actuelle pousse
dans ce sens.
Sur le plan financier, la dette du pays fait que l’État est au bord de
la faillite et qu’il n’est plus maître de ses finances : il est
complètement tributaire des banques et du système financier
international. N’importe quelle société qui aurait une situation
équivalente serait immédiatement contrainte de déposer son bilan. Et,
hélas, les actions de ceux qui sont actuellement au gouvernement ne
sont absolument pas susceptibles de redresser la situation. Au
contraire, les impôts supportés par les Français augmentent de plus
en plus, alors que les diverses allocations sont souvent distribuées à
des étrangers entrés illégalement sur notre territoire.
Sur le plan culturel, la France a perdu l’aura qu’elle avait encore il
y a quelques décennies. Sa langue est de moins en moins maîtrisée
par les jeunes générations. Les ministères de l’éducation nationale et
de la culture sont colonisés par les organisations de gauche.
L’illettrisme progresse à grande vitesse. Et régulièrement, nous
sommes agressés par des productions artistiques hideuses
lorsqu’elles ne sont pas carrément blasphématoires... à l’égard du
seul catholicisme, faut-il le préciser.
Sur le plan moral, il n’est guère besoin d’épiloguer : la situation se
dégrade là aussi à une vitesse vertigineuse : contraception, incitation
à la débauche dès le plus jeune âge, idéologie du genre, avortement,

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etc. Ce ne sont là que quelques exemples. Mais ils montrent que,
dans tous les domaines, la France est de moins en moins un pays
libre, et même de moins en moins un pays tout court. La France est
sinon morte, tout au moins atteinte d’une maladie mortelle.
Voilà le triste constat sur le plan temporel. Et hélas, sur le plan
spirituel, le constat n’est pas meilleur.
II. L’ÉTAT DE LA FRANCE SUR LE PLAN
RELIGIEUX
1. Le nombre de catholiques
Depuis quelques années, les sondages indiquent que les catholiques
pratiquants représentent à peine 4 % de la population, alors que ce
pourcentage était d’environ 95 % avant la Révolution française.
1.1. L'assistance à la messe
Ainsi, un sondage IFOP établi en 2010 indiquait que ceux qui vont à
la messe le dimanche (qu’il appelle les "messalisants") ne
représentent plus que 4,5% de la population depuis 2006.

Encore faut-il savoir ce que l’IFOP entend par "messalisants" : il
s’agit de ceux qui vont à la messe non pas tous les dimanches, mais

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« au moins une fois par mois ». Pourtant 65% des Français se disent
encore catholiques, mais parmi eux 93% ne vont pas ou que très
rarement à la messe. Or la messe dominicale est une obligation
sous peine de péché grave. Il n’est donc pas possible de classer
parmi les catholiques ceux qui ne vont à la messe qu’une fois par
mois. Le nombre de vrais catholiques est donc sûrement inférieur à
4%.
Et effectivement, un sondage de La Croix publié le 11.01.2018
affirme que ceux qui vont à la messe chaque dimanche ne
représentent que 1,8 % de la population française. Ce chiffre
concerne l’ensemble de la population française. Or cette proportion
est inégalement répartie entre les différentes tranches d’âge. Plus la
tranche est jeune, plus le pourcentage est faible. Ainsi pour ceux qui
ont moins de 35 ans (25% de ceux qui se disent catholiques), ce
pourcentage est inférieur à 1% !
1.2. La croyance en les dogmes
Mais ces chiffres ne prennent en compte que la participation à la
messe dominicale. Or il ne suffit pas d’aller à la messe tous les
dimanches pour être catholique : il faut également croire tous les
dogmes enseignés par l’Église. Le refus de croire à un seul dogme
suffit à faire perdre le caractère de catholique. Malheureusement,
depuis 1980, avec la diffusion de Pierres vivantes et des parcours
catéchétiques, de nombreuses vérités de foi ne sont plus enseignées ;
certaines sont même carrément niées.
Ainsi, il est fréquent de croiser des personnes se prétendant
résolument catholiques tout en n’adhérant pas à certains dogmes, par

exemple : la création (corps et âme) d’Adam et Ève par Dieu Lui-
même (il y a un couple unique à l’origine de l’humanité, lequel ne

peut être le fruit de l’évolution, puisque l’âme ne peut être le fruit de
l’évolution), le péché originel, l’enfer, l’existence des anges, la
présence réelle (combien ne croient plus en la présence réelle, mais
font seulement "mémoire" de la Passion lors du saint sacrifice de la
messe), l’Ascension, l’Assomption, l’Immaculée Conception, le salut
possible uniquement dans l’Église catholique (« En dehors de

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l’Église, point de salut »), etc. Nier une seule de ces vérités suffit
pour ne plus être catholique.
Ainsi, en ne comptant que les personnes ne manquant jamais la
messe le dimanche et croyant fermement à toutes les dogmes
enseignés par l’Église, le pourcentage de catholiques est sûrement
inférieur à 1 % aujourd’hui.
1.3. La pratique de la loi morale
Pourtant ces deux critères sont encore bien insuffisants : pour être
véritablement catholique, il convient aussi de respecter
scrupuleusement la loi morale. Or qui aujourd’hui respecte
intégralement les lois de l’Église concernant l’usage du mariage, lois
qu’elle tient de Notre Seigneur Lui-même ? La continence parfaite
avant le mariage et le refus de toute contraception après le mariage
est une condition sine qua non pour être catholique. Combien de
personnes vivant ensemble avant le mariage continuent à participer
aux activités paroissiales, à communier au vu et au su de tout le
monde, sans que le curé trouve à y redire ! Les bons confesseurs ne
cachent plus leur effarement devant la conduite de plus en plus
immorale de la jeunesse, même catholique.
C’est pourquoi, même en limitant les critères à la participation
inconditionnelle à la messe dominicale, l’adhésion complète et sans
restriction à l’ensemble des dogmes de la foi et le respect scrupuleux
des règles concernant la contraception et l’usage du mariage, le
pourcentage de catholiques en France est très nettement en
dessous de 1%, probablement inférieur même à 0,5% !
2. Le nombre de prêtres
2.1. Effectifs diocésains
De plus, et c’est un véritable drame, il y a de moins en moins de
prêtres pour enseigner la foi catholique et redresser cette situation.
Déjà en 2014 Mgr Podvin, alors porte-parole de la conférence des
évêques de France, constatait : « On manque de vocations... Quand

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on ordonne 100 prêtres par an et qu'il en meurt 800 par an pour le
territoire français, c'est évident. Le déficit il est là, il est criant. » Et
il est exact que, depuis plusieurs années, la diminution est régulière
et d’environ 500 prêtres par an. Voici la courbe publiée par la
conférence des évêques de France pour la période 1990-2012 :

Et depuis 2012, la tendance est restée la même : 12 798 en 2013,
12 363 en 2014, 11 908 en 2015.
En comparaison, en 1880, il y un peu plus d’un siècle, alors que la
population n’était que de 40 millions d’habitants (contre 66
aujourd’hui), le nombre de prêtres était de 213 000 ; et ils étaient
encore 178 000 en 1950 ! Il faut remonter aux premiers siècles de la
chrétienté pour retrouver un nombre de prêtres aussi faible que celui
d’aujourd’hui !
De plus, la moyenne d’âge est de 75 ans, c’est-à-dire qu’il y a à peine
5 000 prêtres diocésains âgés de moins de 75 ans, donc encore en
activité, les autres étant déclarés "en retraite".

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2.2. Ordinations
Ce phénomène est bien sûr fortement lié au nombre d'ordinations qui
ne cesse de baisser. Depuis 2012, le nombre d’ordinations de prêtres
diocésains est passé sous la barre des 100 ordinations par an (75 en
2014, 60 en 2015, 73 en 2016, 79 en 2017). En ajoutant les
ordinations de religieux et dans les fraternités, on arrive à peine à un
total de 150 ordinations par an.

Ordinations depuis 1945

Depuis 1970, le nombre est même inférieur à la pire des années de
guerre (1918 : 180 ordinations) et très en-dessous des chiffres des
débuts de la IIIe

république.

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Le phénomène semble donc irréversible. Et malheureusement, il ne
faut pas compter sur les évêques pour redresser la situation. À un
jeune prêtre venu lui rendre visite, un évêque disait récemment que la
situation actuelle de l’Église était la situation normale ; les situations
antérieures avec une population majoritairement catholique étaient
des situations exceptionnelles !
En outre, sous prétexte de laïcité, la France glisse dans un
anticatholicisme de plus en plus radical : les crèches de Noël sont
interdites ; les jours fériés sont contestés. Et nos gouvernants sont
franchement hostiles à la religion catholique. Ancien ministre de
l’Éducation nationale, Vincent Peillon est allé jusqu’à dire : « On ne
pourra jamais construire un pays de liberté avec la religion
catholique » !
3. Quel remède appliquer ?
Devant un tel constat, il n’est pas exagéré de dire que la France est
morte ou sur le point de l’être. Elle n’est déjà plus catholique ou si
peu. Ceux qui s’imaginent pouvoir redresser la situation par des
moyens purement humains, en particulier par les élections, se
trompent donc lourdement puisque la quasi-totalité des Français n’est
plus catholique. De plus, non seulement l’ennemi a des forces très

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supérieures aux nôtres, mais il n’hésite pas, à l’occasion, à faire
appel à des forces occultes. Alors, que faire ? Comment réagir ? Car
il faut faire quelque chose. Nous ne pouvons pas laisser les choses
continuer ainsi.
3.1. Obtenir une aide divine
Tous les jours, et même plusieurs fois par jour, nous disons : « Notre
Père qui êtes aux Cieux (...) que votre règne arrive sur la terre (...)
que votre volonté soit faite sur la terre. » Y croyons-nous ? Le Fils
de Dieu Lui-même nous a appris cette prière. En conséquence, Dieu
ne peut pas vouloir la situation actuelle. Il est impossible que Dieu
veuille nous laisser dans cette situation.
S’Il ne le veut pas, alors sa Miséricorde est sûrement prête à nous
donner les moyens de nous en sortir. Si Dieu ne le faisait pas, soit Il
ne serait pas miséricordieux, soit Il ne serait pas Tout-Puissant.
Aussi, il est certain qu’Il souhaite mettre fin à la situation actuelle.
Mais Il respecte la liberté humaine. C’est pourquoi, si nous
n’arrivons pas à redresser la situation, ce n’est pas parce que Dieu
n’agit pas, c’est parce que nous ne connaissons pas ou ne voulons
pas utiliser les moyens qu’Il nous donne.
3.2. Or que voulons-nous ?
Retrouver une France avec une foi et une pratique religieuse
semblable à celles d’avant l’assaut des forces révolutionnaires
(Réforme, Franc-maçonnerie, Révolution dite "française",
laïcisme...), pour que nos enfants et nos proches vivent dans un
environnement leur procurant les conditions favorables pour faire
leur salut. Or Pie XII disait le 11.06.1941 dans son discours pour le
50e
anniversaire de Rerum Novarum :
De la forme donnée à la société conforme ou non aux lois
divines, dépend et découle le bien ou le mal des âmes, c'est-à-dire
le fait que les hommes, appelés tous à être vivifiés par la grâce du
Christ, respirent, dans les contingences terrestres du cours de la
vie, l'air sain et vivifiant de la vérité et des vertus morales ou, au
contraire, le microbe morbide et souvent mortel de l'erreur et de la
dépravation...

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Nous voulons une France catholique, fille aînée de l’Église,
modèle pour les nations. Nous le voulons tout de suite, car notre salut
éternel et celui de nos enfants en dépend. Mais direz-vous, c’est
impossible à un horizon de quelques années, voire de quelques
générations. On dit qu’il faut dix fois plus de temps pour construire
que pour détruire. Or la Révolution détruit la France depuis plus de
deux siècles !
Pourtant, pas question d’attendre une ou deux générations, ni même
quelques années. Nous persistons à croire que Dieu veut le
rétablissement de la chrétienté, non pas uniquement en France mais
dans le monde entier, non pas dans deux ou trois générations, mais le
plus vite possible. C’est impossible, maintiendrez-vous, ou alors il
faudrait un véritable miracle, miracle encore plus grand que celui de
Jeanne d’Arc.
3.3. Il faut un miracle !
Alors là, nous sommes absolument d’accord : voilà le remède ! Et
quand nous parlons de miracle, l’espoir, ou plutôt une grande
espérance renaît. Car nous savons parfaitement comment provoquer
un miracle de la part de Dieu. Ou plutôt, nous devrions le savoir,
mais peu semblent s’en rappeler.
III. FAIRE OU PROVOQUER UN MIRACLE :
MODE D’EMPLOI
Effectivement, il faut reconnaître qu’il faudrait un véritable miracle
pour redresser la situation en peu de temps. Ce remède redonne une
ferme espérance, car nous savons comment s’opèrent les miracles : il
suffit pour cela d’ouvrir l’Évangile. Une rapide analyse montre que
tous les miracles de Jésus se sont réalisés à peu près selon le même
schéma.
Analysons-en quelques-uns.

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1. Le miracle de Cana
Commençons par le tout premier miracle rapporté par les
évangélistes. Il fut fait à Cana, un peu à l’improviste d’ailleurs !
L’épisode étant bien connu de nos lecteurs, nous ne leur ferons pas
l’injure de rappeler les faits. Constatons simplement que ce miracle
peut se décomposer en cinq étapes.
La première étape est une demande adressée à Notre Seigneur. La
véritable identité de Jésus n’étant encore connue que de la Sainte
Vierge, elle seule pouvait ici exprimer cette demande. Elle dit à son
divin Fils : « Ils n’ont plus de vin. » Demande simple, claire, qui
exprime le désarroi devant une situation qu’on ne maîtrise plus, une
situation dont nous sommes responsables. Peu importe qui est le
véritable responsable d’ailleurs : ce qui compte, c’est que la situation
est sans issue. Donc première étape : reconnaître humblement notre
responsabilité et notre incapacité à contrôler la situation.
La deuxième étape est un acte de foi dans la puissance de Dieu à
redresser une catastrophe initiée par les hommes. Notre-Dame dit
aux serviteurs : « Faites tout ce qu’Il vous dira. » Nous avons là un
acte de foi d’une perfection sublime. Car Jésus vient de dire à sa
mère : « Femme, qu’y a-t-il entre vous et moi ? Mon heure n’est pas
encore venue. » L’heure de Jésus, fixée de toute éternité par son
Père, n’est pas encore venue. Jésus si profondément uni à son Père ne
peut qu’obéir à ses décrets éternels, quand bien même sa propre mère
lui demanderait de les transgresser. Marie sait tout cela. Et pourtant
elle n’hésite pas à dire aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous
dira. » La Sainte Vierge connaît comme personne d’autre son Jésus.
Elle a été la première à être informée par l’Ange Gabriel sur la
véritable personne de ce fils qu’elle allait mettre au monde. Elle l’a
porté en son sein pendant neuf mois. Puis elle a vécu avec Lui
pendant 30 ans. Elle sait toute l’affection que lui porte son Fils. C’est
pourquoi elle sait que son Fils ne résistera pas à une de ses
demandes. Sublime acte de foi que seule Notre-Dame pouvait faire !
Mais acte de foi que nous devons imiter, en particulier dans les
situations dramatiques comme celle que nous vivons aujourd’hui.

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La troisième étape est une action concrète qui n’a absolument aucun
rapport avec la demande, au moins en apparence. Jésus dit aux
serviteurs : « Remplissez d’eau ces jarres. » Mettons-nous un instant
à la place de ces serviteurs : ils ont dû prendre Jésus pour un fou. On
cherche du vin et il fait remplir d’eau des jarres. De plus ces jarres
étaient destinées à recueillir l’eau ayant servi à laver les pieds et les
mains des invités. Elles étaient donc déjà en partie pleines d’une eau
souillée. À quoi peut servir de remplir d’eau les jarres quand on
cherche du vin ? Imaginez ce que vous auriez pensé à leur place.
Certains ont dû discuter, disant qu’il était inutile de se fatiguer à aller
puiser de l’eau et d’en remplir des jarres, car jamais personne n’avait
vu de l’eau se transformer en vin. Que s’est-il passé ? Est-ce la
dignité et la majesté de Notre-Dame en disant : « Faites tout ce qu’Il
vous dira » ? Est-ce le regard empli à la fois de bonté et d’assurance
de Notre Seigneur disant : « Remplissez d’eau ces jarres » ?
Toujours est-il que les serviteurs, tous peut-être pas, mais certains
allèrent chercher de l’eau et en remplirent les jarres.
La quatrième étape est l’action divine proprement dite. Dans ce
premier miracle, elle est cachée, car l’heure de Jésus n’étant pas
encore venue, Il agit discrètement. Plus tard, dans les miracles qu’il
fera au cours de sa vie publique, lorsque son heure sera venue, cette
étape sera alors parfaitement visible. Ici, elle est cachée mais
parfaitement réelle. Cette étape est la part de Dieu dans le miracle, la
part que seul un Dieu peut faire, une part qui n’est pas à la portée des
hommes. Étape indispensable, essentielle, cruciale, mais qui pourtant
n’est que la quatrième dans le processus !
Enfin, il est une cinquième étape dans laquelle Jésus redonne
l’action aux hommes : « Puisez et servez le maître de maison. » Car
la suite n’est pas du ressort de l’action divine. Ce que les hommes
peuvent faire, Dieu les laisse toujours faire. C’est pourquoi Jésus dit
aux serviteurs : « Puisez et servez le maître de maison. » Il dut y
avoir, n’en doutons pas, quelques serviteurs goguenards, riant dans
leur barbe, en pensant à la tête du maître du repas lorsqu’ils lui
diraient : « Maître, voici le vin que propose un de vos invités ! »
Hommes de peu de foi ! Ils furent bien attrapés. Mais ils comprirent
vite car, dit l’Évangile, ils « savaient, eux qui avaient puisé l’eau ».

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Voici donc la façon de provoquer un miracle. Si nous voulons que
Dieu nous aide pour redresser la situation, nous devons suivre ce
schéma. Car Dieu ne change pas : s’Il a agi ainsi il y a vingt siècles,
Il agit encore ainsi de nos jours.
Vous n’êtes pas complètement convaincu ? Alors analysons un
deuxième miracle.

(À suivre)
Yves de Lassus

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investi et qui est garanti par la valeur de l'appartement lui-même.
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sont pris en charge par l'AFS de manière à ce que cela ne soit pas
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Le prix de la part a été porté à 330 € en décembre 2017.