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L'écologie chrétienne n'est pas ce que vous croyez

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L'écologie chrétienne n'est pas ce que vous croyez
  • Auteur : Stanislas de Larminat
  • Editeur : Salvator
  • Année : 2014
  • Nombre de pages : 384
  • Prix : 23,00 €

On ne peut croire qu’en un seul Dieu, et Gaïa, la déesse de la Terre, est en trop. Tel est le propos de Stanislas de Larminat qui met en garde les chrétiens, dont il fait partie, contre un certain syncrétisme qui risque de s’infiltrer dans l’Église si les fidèles comprennent mal les enjeux véritables de l’écologie, mais aussi les fondements de leur foi.

Le modèle de société qui nous est imposé depuis les années 1990 blesse l’homme et la nature. Il s’agit de changer la nature humaine pour l’ajuster au système économique, afin d’élargir sans fin le champ de la consommation. Les « nouvelles mœurs » n’ont pas d’autre origine que ce mécanisme d’extension permanente. Comme le soulignaient en 2013 les auteurs du livre La Vie marchandise (La Tengo), la logique d’accumulation commerciale et financière « exige impérativement le renouvellement de la consommation ». Ainsi, pour le PDG de Goldman-Sachs, Lloyd Blankfein, le mariage gay « is good business »... Et dans le mensuel La Décroissance, on pouvait lire : « La néo-domestication de l’homme dont nous subissons les prémisses est portée par une spécialisation presque exclusive sur la technologie et l’économie » (mars 2013).

Comment sortir de cette dérive, à la fois culturelle, sociale et économique ? En créant un soulèvement de l’esprit, en nourrissant une prise de conscience, en mettant en lumière les causes de ce qui blesse l’humanité. L’écologie, comme retour au respect du réel, constitue une prise de conscience salutaire. Mais son absolutisation idéologique — l’écologie comme contre-système — peut être un remède pire que le mal, affirme Stanislas de Larminat.

C’est l’homme qu’il faut changer

Agronome, chef d’entreprise, son approche est à la fois scientifique, éthique et théologique (il est titulaire d’un troisième cycle de bioéthique, et il est diplômé du Collège des Bernardins). On ne peut croire qu’en un seul Créateur, et Gaïa, la déesse de la Terre, est en trop, dit-il. Et il met en garde les chrétiens contre un certain syncrétisme qui risque de s’infiltrer dans l’Église si les fidèles comprennent mal les enjeux véritables de l’écologie, mais aussi les fondements de leur foi.

Rappelons que chez les catholiques, depuis plusieurs années, des écologistes, des communautés de vie, des militants de l’économie sociale et solidaire, ont entrepris – sur la Toile, dans des livres, des revues, des groupes de réflexion, des débats publics – de montrer que le chrétien prenant au sérieux sa foi cherche un autre modèle économique... en s’attaquant à la racine des problèmes : les lois du réel resteront toujours les lois du réel, et c’est l’homme qu’il faut changer. Ainsi donc, ils ne séparent pas l’écologie humaine de la justice sociale.

C’est le message que le pape François a martelé depuis son élection, et que Benoît XVI a développé avec flamme dans l’encyclique Caritas in Veritate, en appelant à « une réflexion nouvelle et approfondie sur le sens de l’économie et de ses fins, ainsi qu’une révision profonde et clairvoyante du modèle de développement... C’est ce qu’exige l’état de santé écologique de la planète et surtout ce qu’on appelle la crise culturelle et morale de l’homme ». D’où la nécessité de comprendre que la crise de société que nous vivons est d’abord anthropologique (Evangelii gaudium) : pour aimer la Création et respecter la nature, il faut commencer par respecter la nature de l’homme. Les chrétiens ne peuvent donc, dit en préface Mgr Léonard, « rester muets devant le fait que, chaque année dans le monde, des dizaines et des dizaines de millions d’enfants passent à la poubelle ».

Ainsi, la légitime indignation devant l’instrumentalisation de la création tout entière, qui inspire le mouvement écologique, doit reposer sur une anthropologie positive : l’homme n’est pas un problème, mais une solution, et cette « culture du rebut » (pape François), qui rejette les inutiles, doit être combattue au premier chef par les écologistes. Or les présupposés fondateurs de l’écologisme, reposent sur une vision matérialiste de l’homme, pensé comme une partie du tout de la planète, et justifient souvent des mesures de type malthusien justifiant la loi de la jungle de l’ultralibéralisme marchand et du gauchisme libertaire, communiant tous deux dans l’élimination du plus faible. D’où l’effort auquel appelle Larminat : il y a une bonne et une mauvaise écologie, et nous serons jugés sur nos complicités avec l’écologisme injuste et faux qui frappe les plus démunis.

La question de son livre porte donc sur le compagnonnage des chrétiens, premiers inventeurs de l’écologie, avec la prise de conscience positive de l’écologie moderne. Comment être écologiste sans devenir les idiots utiles de ceux qui appellent les Églises à les soutenir, quand il s’agit de mettre en œuvre par exemple la politique démographique de l’ONU « pour sauver le climat » ?

Penser la Création dans le temps

Scientifique avant tout, l’auteur prend le parti de fonder son approche sur la Genèse, source de l’« écologie de l’homme » : « La nature est faite pour l’homme. » Mais prenons garde à ne pas « rêver d’un paradis perdu » (Jean-Paul II). Son propos est de penser le respect de la Création dans le temps, à la fois de l’homme et dans la dynamique du salut, autrement dit le temps de Dieu. Dans une perspective théologique, l’« écologie intégrale » ne peut être figée : « L’homme est fait pour Dieu. » Cette Terre Nouvelle que nous attendons, nous y sommes plongés depuis Pâques. Nos visions écologiques ne peuvent faire l’économie d’un regard vers cet « ordonnancement plus que parfait » qu’est le dessein divin ultime pour nous. Nos cités actuelles permettent « d’établir des liens de fraternité, de solidarité et d’universalité et réalisent aujourd’hui la Cité Sainte » (épiscopat latino-américain, cité par l’auteur).

Si l’écologisme peut nous éloigner de notre foi en un Dieu créateur, la seconde Création, celle de Pâques, s’avère indispensable pour se mettre dans la perspective de la Terre Nouvelle, de la nature déifiable de l’homme à laquelle nous sommes promis, et non dans ce vague regret de paradis perdu auquel l’écologisme, cette caricature idéologique de la véritable écologie, fait rêver en véhiculant un modèle alternatif matérialiste, panthéiste et malthusien.

L’essai de Stanislas de Larminat, parfois ardu, touffu, tente de fonder en raison les contours d’une véritable écologie chrétienne. Sa mise en garde sur les dérives idéologiques de l’écologisme, et les limites d’une « convergence des luttes » qui entretient les confusions ne plaira pas à tout le monde. Mais son travail, fruit de longues années d’expérience et de recherche, est plein d’espérance pour ceux qui croient à la vérité d’une écologie juste, sociale et profondément humaine. Et il rejoindra les écologistes chrétiens qui militent avec humilité pour un retour au réel, sans idéologie.

Georges Leroy
26 juin 2014

 

 

Ingénieur agronome INA, Stanislas de Larminat est ancien dirigeant dans un grand groupe agroalimentaire ; il a présidé la Semaine du Goût et a participé à des clubs de réflexion rassemblant les grands dirigeants agricoles français. Titulaire d’un troisième cycle de bioéthique, il a suivi la Formation des responsables du collège des Bernardins, et déjà publié chez Salvator Les Contrevérités de l’écologisme (mars 2011).

 

Pour en savoir plus :
Conférence-débat Liberté Politique de l'auteur à l'Espace Bernanos avec Gaultier Bès de Berc (Sans limites, l'écologie intégrale), le 18 juin, sur le thème : "Ecologie, impasse ou espérance ?"

Vente du livre sur place, et dédicace de l'auteur.
 L'Ecologie chrétienne n'est pas ce que vous croyez
 Préface de Mgr André-Joseph Léonard
 Salvator, mai 2014, 384 p., 21, 23 €