Nous poursuivons notre campagne d’information sur les débats de la présidentielle et nous ouvrons cette semaine un dossier difficile voire tabou, celui de l’immigration. La France et l’Europe dans les décennies qui viennent vont changer de nature simplement parce qu’elles vont changer de peuple. Affirmation provocante, peut-être. Mais cette mutation est d’ores et déjà inscrite dans les chiffres. Personne ne peut plus rien y changer. Nous pouvons seulement faire que cela se passe le moins mal et le moins douloureusement possible.

Historiquement c’est un fait sans aucun précédent. Les discours sur l’Europe terre d’immigration, lieu de passage, civilisation multiculturelle sont de gentils propos de salon comparé au phénomène qui s’est enclenché sous nos yeux en à peine plus d’une génération. La génétique le prouve les européens de souche ont le même ADN depuis des milliers d’années. Mais celui-ci va changer.

Pas de « bon plan »

L’immigration appelle l’immigration et dans tous les pays d’Europe la masse critique est atteinte. Ceux qui espèrent que le phénomène est réversible rêvent eux aussi. Quand un enfant sur deux nait d’une mère étrangère et la plupart du temps musulmane il n’y a plus de bon plan pour inverser la tendance.

Encore une génération, deux au plus. Un peuple élevé dans les valeurs et la foi de l’Islam peut remplacer un peuple de baptisés devenus agnostiques et inféconds.

Beaucoup n’y croient pas, certains s’en réjouissent, beaucoup ont peur, quelques-uns proposent la manière forte. Aucune de ces attitudes évidemment n’est bonne. Il convient d’abord d’être lucide et ne pas croire qu’il est trop tard pour agir. C’est-à-dire pour préparer le nouvel avenir. Celui qui sortira de la transition ultra rapide en cours.

THB

La confrontation de l’ancien peuple d’origine chrétienne et du nouveau a commencé de se produire. Elle reste pour l’heure limitée à quelques quartiers chauds et à des escarmouches sur des questions encore secondaires. Le dialogue demeure possible en apparence pour quelque temps encore. Mais quel dialogue avec qui, et pour combien de temps ? Pour dialoguer il faut être deux. Or, nonobstant la volonté d’ouverture de certains musulmans, l’islam en tant que tel ne dialogue pas. Ce n’est pas dans sa culture, et à la différence de l’Eglise ou des églises chrétiennes qui ont une structure hiérarchique claire, la communauté musulmane est légion.

Dans ces conditions, multiplier les appels à l’ouverture, à l’accueil, à la tolérance ne sert pas à grand-chose. En revanche devant se raz de marée une affirmation paisible et forte de notre identité chrétienne, des fondamentaux de notre culture serait plus que jamais nécessaire. Faute de cette affirmation les appels unilatéraux à la fraternité universelle ne servent qu’à endormir des populations qui ne demandent qu’à vieillir et à mourir confortablement, sans autre espérance. C’est ainsi que les musulmans se sont installés dans l’Afrique latine et chrétienne rongé par les hérésies au VIIème siècle. Il y avait avant le VIIème siècle plus de quatre-vingts diocèses en Afrique du nord. L’islam s’y est installée facilement car le christianisme était rongé par la tiédeur et divisé par les hérésies. L’islam ne conquiert que les peuples endormis dans la tiédeur et les querelles byzantines.

Qui prendra l’ascendant

Chacun sait qu’un système social tolérant et relativiste confronté à une communauté portée par une culture religieuse forte et une religion qui ne doute pas d’elle-même n’a pas d’avenir. Espérer faire de l’islam une mixture religieuse à la française sans consistance religieuse est totalement utopique. Aucun signe à ce jour ne permet de le penser. Dans tous les pays d’Europe la culture d’origine chrétienne qui inspire nos systèmes sociaux, notre culture et nos démocraties recule. Nous n’intégrerons ni n’assimilerons la communauté islamique. Ou nous la convertirons ou elle nous convertira.

La question n’est pas de savoir si tous les musulmans seront baptisés. Mais si nous serons assez forts pour affirmer les principes qui animent notre culture. La question est de savoir qui prendra pacifiquement l’ascendant sur l’autre. Les musulmans admirent et respectent les chrétiens quand ils sont chrétiens (cf L'intégration : un problème religieux de Jean François Chemain). Ils les méprisent quand ils ne le sont plus. Qui peut le leur reprocher ?

Il suffirait que nous soyons fidèles à nous mêmes, à nos racines et capable de témoigner de la prééminence des valeurs transmises par nos ancêtres : le respect de la femme, le respect de la liberté de conscience, un sens de la vie ouvert à une relation personnelle avec un Dieu à la fois transcendant et intime. Si nous n’en sommes pas suffisamment capables l’Islam nous imposera ses coutumes et son système social et juridique et dans un sens ce sera justice.

Ce devoir s’adresse à chacun. Il a aussi une dimension politique. Le temps de la laïcité tel que nous l’avons connu est révolu. Le temps de l’agnosticisme ou de l’athéisme d’état est dépassé. Il n’a pas tenu ses promesses, sa recette du bonheur n’est pas la bonne, il n’a affranchi personne de l’angoisse du lendemain bien au contraire et il est incapable d’affronter une communauté comme l’islam soudé par une culture enracinée, confiante en elle avec une volonté forte de convertir les autres peuples à sa foi.

Rompre le silence

Nous avons donc décidé de rompre le silence, de sortir des sentiers battus, du culturellement correct. La campagne présidentielle nous en donne une première occasion. Sauf Marine Le Pen dont les propositions et le discours - que nous présentons – sont largement décalés par rapport à la situation, tous les autres candidats, s’en tiennent aux généralités superficielles. Mais nous poursuivrons cette réflexion. Le sujet est trop grave. Il ne s’agit pas d’un simple problème social d’une question politique parmi d’autres, d’une crise de plus. Ce qui est en jeu c’est la survie de la culture européenne.

L’islam est une religion qui a suscité une culture brillante et même généreuse. Les musulmans sont aussi nos frères. Mais l’islam n’est en aucune façon la culture de l’Europe. Cette cohabitation inévitable exigera des marqueurs politiques clairs de notre identité dans le respect de chacun. La loi du nombre, la loi de l’opinion qui est la loi de la force ne pourra à l’avenir être le seul juge des décisions à prendre. Nous avons besoin de réenraciner la politique et l’ordre public dans des valeurs éthiques qui transcendent les clivages et les rapports de force entre deux groupes culturels aussi différents. Ce n’est pas ce que l’on entend aujourd’hui. Mais peut-être demain… ? Nous allons y travailler. 

Thierry Boutet

 

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