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Éloge de l’action politique

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Éloge de l’action politique
  • Auteur : Fr. Thierry-Dominique Humbrecht, op
  • Editeur : Parole et Silence
  • Année : 2015
  • Nombre de pages : 206
  • Prix : 18,00 €

Le vigoureux dominicain Thierry-Dominique Humbrecht poursuit son œuvre de « guide du chrétien au pays des postmodernes » (cf. son dernier essai, L’Évangélisation impertinente, 2015), en affrontant ce que le pape Ratzinger appelait la responsabilité politique de la foi.

Deux questions majeures se posent au catholique égaré dans le monde de la culture de la mort (Jean Paul II), du relativisme (Benoît XVI) et du déchet (François), où l’Église militante est devenue archi-minoritaire : en quoi l’annonce de l’Évangile passe par l’engagement politique ? Et comment agir dans ce monde de fous, en panne de Dieu, et qui passe son temps à s’inventer des idoles (l’argent, le sexe, la technique, le pouvoir précisément) et des fausses religions (l’État laïque, l’écologisme) ?

Deux questions en une seule : n’est-il pas plus juste de cultiver son jardin, autrement dit nourrir sa relation personnelle à Dieu sans mélanger les genres, repeindre les sacristies, distribuer la communion le dimanche, courir les pèlerinages et, le cas échéant, obéir aux motions épiscopales pour protester plus ou moins fort quand la loi déraille ? Le chrétien n’échappe pas au monde, répond le théologien. « L’action dont il s’agit ici de vanter les mérites désigne à la fois l’influence de tous sur la société et la participation de quelques-uns à la vie politique. » D’où une trépidante réflexion sous forme d’analyses, de démonstrations et de dialogues sur la nécessité de la politique, ses exigences et la responsabilité de chacun, homme ou femme, jeune ou pas, intellectuel ou non.

Pleinement chrétiens, pleinement compétents

Il ne suffit pas de vouloir changer le monde (on découvre une passionnante méditation sur l’ambition), encore faut-il être compétent. C’est l’un des messages centraux de cet Éloge. Quant à cette compétence, si elle suppose travail et formation rigoureuse, elle est à la portée de tous, quand chacun fait le bien à sa place (« de belles actions », dit l’auteur citant Aristote), car toute place dans la société est politique. Pour autant, le frère croit que certaines places sont plus politiques que d’autres, et pas forcément celles des élus, mais celles des « métiers de transmission, des métiers d’idées » (enseignants, journalistes…) qui « portent le socle de la vie politique ». Dans une société de dictature culturelle, ce ne sont pas les « métiers muets » qui feront la différence.

Il reste que c’est la politique elle-même qui est malade aujourd’hui : culte du court-terme, de l’invasion de l’éthique, de l’enfumage idéologique, de l’électoralisme, de la démagogie, de la résignation. Non seulement les chrétiens doivent être eux-mêmes dans la société, mais ils peuvent sauver la politique de ses dérives, la ramener à la raison, au réel et au sens du bien commun. À condition d’être pleinement, justement chrétiens, témoins d’un ordre métaphysique qui seul libère l’homme de ses servitudes volontaires : « La perte de Dieu est un mauvais calcul politique. »

 

Philippe de Saint-Germain

 

 

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