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Europe et Constitution, DES CATHOLIQUES S'INTERROGENT

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Europe et Constitution, DES CATHOLIQUES S'INTERROGENT
  • N° de parution : 29
  • Saison : Printemps 2005

L'Église demande aux catholiques de mettre leurs choix politiques dans une perspective éthique. Cela a été rappelé d'une manière particulièrement rigoureuse dans la Note doctrinale signée le 24 novembre 2002 par le cardinal Joseph Ratzinger, le futur Benoît XVI, à la demande et avec l'approbation de Jean Paul II.


Sommaire :


La question européenne est donc de savoir pour eux si le projet de Constitution soumis à leur vote respecte l'unité de la mémoire européenne, autrement dit l'identité dans laquelle l'Europe peut donner le meilleur d'elle-même.

Les catholiques ne s'opposent pas aux partisans du oui ou du non, mais aux constructivistes qui soutiennent que l'Europe doit être un projet purement volontariste, bâti ex nihilo. Certains estimeront que le oui au référendum est un choix positif du point de vue de l'identité de l'Europe. Beaucoup penseront le contraire et voteront non.

Ceux qui s'expriment dans ce numéro de Liberté politique sont convaincus que l'avenir de l'Europe procédera de la détermination des chrétiens à se faire entendre. "Une grande confrontation spirituelle est en cours, écrivait Jean Paul II dans "Mémoire et Identité", son dernier livre. De son résultat, dépendra le visage de l'Europe en cours de formation."

THIERRY BOUTET

 

Refonder l'Europe

 

Le projet de Constitution présente trois risques majeurs : le refus d'assumer l'identité de l'Europe, une définition des droits fondamentaux à géométrie variable et une architecture institutionnelle déséquilibrée, contraire au principe de subsidiarité.

 

 

L'EUROPE-PUISSANCE, ENTRE MYTHE ET REALITE

 

L'Europe qui se défait. Le processus en cours est aveuglé par l'illusion d'une forme politique post-nationale. L'effacement de la politique elle-même dénature le lien qui unit les hommes et par conséquent le projet européen.

La question turque est liée au traité constitutionnel.
Quelle est l'identité constitutive de l'Europe ? Si le débat de principe sur l'adhésion de la Turquie n'a pas lieu maintenant, il pèsera plus lourdement qu'on le dit sur la ratification du projet de Constitution.

 

 

LES CONDITIONS DE LA DEMOCRATIE EUROPEENNE

 

La géographie culturelle du Vieux Continent.
Comme la lecture des cartes le montre depuis des siècles, l'Europe est un objet géographique ; mais est-elle un objet géographique identifié ? Si parmi les différents champs de la géographie, la géographie physique ou la géographie politique ne permettent pas de répondre positivement à cette question, la géographie culturelle offre un éclairage fondamental.

L'Union sans politique, par construction. Ce qui caractérise la construction européenne est son parti pris de neutralité, cette volonté de chercher non pas un contenu commun, mais des principes généraux aptes à réguler la cohabitation et la concurrence de réalités différentes, qu'elles soient économiques ou politiques. En regard les réalités positives sont considérées comme d'ordre inférieur, et éventuellement comme des obstacles.

Une entreprise légitime menacée par l'idéologie. Ambitions légitimes, tentation idéologique : dans la construction européenne, comme souvent dans toute entreprise humaine à des degrés variables, se conjuguent ainsi ces deux dimensions. Mais que faire lorsque l'idée ne conduit plus le réel, mais le charcute pour le soumettre à ses fins ?

 

 

UNE EUROPE CONSTITUTIONNELLE, POURQUOI FAIRE ?

 

Constitution européenne : les projets politiques sous-jacents. La campagne référendaire du oui est handicapée par la difficulté de présenter un projet clair, et montrant ce que sera l'Europe dans vingt ou trente ans si l'on suit le texte constitutionnel. Pour présenter un tel projet, il aurait fallu clarifier la place future des souverainetés nationales, et celle de la Turquie, ce que personne ne se hasarde à faire. C'est que l'eurocentrisme a laissé la place au mondialisme.

Les équivoques d'une pseudo-Constitution. Le projet de traité européen soumis au vote des Français recèle un grand nombre d'équivoques qui sont autant de pièges, insoupçonnés des électeurs confrontés à une double tromperie : tromperie sur la nature du texte et sur son contenu.

L'heure est au choix radical. Les clivages entre Europe-puissance et Europe-espace, souverainistes et fédéralistes sont dépassés : désormais s'affrontent l'Europe " essentialiste " (disent ses adversaires) et l'Europe " existentialiste ", pensée ex nihilo comme une " intermédiation universelle ". La démocratie a-t-elle un avenir dès lors que la communauté politique ignore et refuse toute identité commune ?

 


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