Soyons sérieux, le mal est beaucoup plus profond !

Le président de la région des Hauts-de-France ne briguera pas la tête du parti Les Républicains en novembre et se dit prêt à soutenir Valerie Pécresse. Il déclare au JDD :

"Le vieux monde politique est par terre. Où sont passés ceux dont on disait qu’ils étaient les électeurs type de la droite? Les agriculteurs, les commerçants, les artisans… Sans parler des ouvriers, ou des chercheurs. La droite s’est coupée de la société, rétrécie. Au-delà de la défaite de François Fillon, c’est tout cela que nous payons. Depuis le débat sur l’identité et le discours de Grenoble, faute de résultats, et faute d’avoir fait les réformes complètement, nous n’avons eu de cesse de chercher à tout prix à regagner les électeurs partis au Front national… en courant après le FN.

Le problème remonte donc à Nicolas Sarkozy?

L’élection de Nicolas Sarkozy en 2007 a été une formidable promesse. La droite ne parlait plus seulement de sécurité mais aussi de pouvoir d’achat, d’espoir. Le début de son quinquennat a été impressionnant, mais après la crise de 2008 - qu’il a géré de main de maître -, nous n’avons pas fait les réformes sur la fiscalité, les 35 heures et même sur la sécurité. Les promesses n’ont pas été tenues. [...]

Et aujourd’hui on nous dit : "On a failli revenir à 65 députés, on est quasiment le double, on a sauvé les meubles." Soyons sérieux! Nous avons perdu en cinq ans deux élections présidentielles et cette fois, sans être au second tour! Nous sommes revenus avec moins de 100 députés et on veut nous faire croire qu’on est en capacité de rebondir? Ouvrons les yeux : nos électeurs nous ont quittés. Je ne parle pas seulement de ceux qui sont partis au FN. 20% des électeurs LR auraient voté Macron au premier tour de la présidentielle, 20% encore ont voté En Marche au premier tour des législatives, et 30% se sont abstenus. Et demain, on rebondirait naturellement grâce à l’élection du président des Républicains? Soyons sérieux, le mal est beaucoup plus profond : que veut dire aujourd’hui être de droite? Qu’est-ce que la droite et le centre proposent à une société nouvelle, avec une nouvelle donne politique?  Cela fait des années qu’on explique que le débat prioritaire c’est la France identitaire. Et si on apportait des réponses à la France inégalitaire? Avec les fractures sociales, territoriales. Nous ne nous posons plus ces questions parce qu’on est focalisé sur le FN, c’est devenu la boussole de beaucoup de dirigeants. Alors nous avons oublié d’être nous-mêmes, et au bout d’un moment, tout s’écroule. [...]

Mais ce n’est pas fini! Car se pose la question de la position des Républicains pour le deuxième tour de la présidentielle. Je pense, comme la plupart des responsables, qu’il ne faut pas transiger face à Le Pen. Hélas nous assistons à un débat invraisemblable et il n’y a pas d’unanimité entre les dirigeants sur une ligne commune et claire pour le second tour. Laurent Wauquiez donne une interview dans Le Figaro et on comprend qu’il ne votera pas Macron, et que son choix c’est l’abstention ou le vote blanc, ce qu’assumera aussi Eric Ciotti. Je rappelle que l’UMP a été fondée en 2002, au lendemain de l’élection de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen. C’est dans notre pacte fondateur, dans notre ADN, l’opposition au FN. Et quinze ans plus tard, nous ne sommes plus capables de dire tous ensemble que si nous ne voulons pas de Le Pen, nous votons donc Macron. C‘est une fracture terrible, qui reste ouverte. En réalité, il n’y a plus grand chose en commun entre nous. Nous continuons à vivre ensemble, mais ça fait bien longtemps qu’on ne s’aime plus. Et on a peut-être plus grand-chose à faire ensemble.

Etes-vous candidat à la présidence du parti?

Je ne serai pas candidat à l‘élection de novembre. [...]

Vous laissez donc le parti à Laurent Wauquiez?

Il y a d’autres candidatures possibles face à la ligne de Laurent Wauquiez, et qui ont toutes leurs chances.

Comme?

Valérie Pécresse serait une très bonne candidate. Je suis prêt à lui apporter mon soutien. Pour gagner, la droite et le centre doivent rassembler, et pas cliver, se réinventer, renouer avec la France populaire, parler à la fois à l’ouvrier et au chef d’entreprise, à l’infirmière et au chirurgien, à l’agriculteur et au fonctionnaire, au rural et à l’urbain. Courir après l‘extrême droite, comme certains en ont l’idée folle, c’est voué à l‘échec.

Vous voulez parler de Wauquiez?

Oui, il court après l’extrême droite. Il le dit lui-même et même Marion Maréchal Le Pen se dit prête à travailler avec lui ! Mais il n’y a pas que ça : il est le candidat de Sens commun. [...]"

Les leadeurs de Sens Commun, tels que Sébastien Pilard, l'ex président, ou Madeleine de Jessey, sa porte-parole, membre du bureau politique de LR, œuvrent pour accompagner Laurent Wauquiez dans la conquête de la présidence du parti LR. Avec en ligne de mire la reconstruction de la droite. Madeleine de Jessey explique :

« Depuis 2012 chez les Républicains, c'est l'unité de la droite qui prévaut. Le parti en a oublié de réfléchir sur sa doctrine ».

Wauquiez est donc prié d'intégrer des propositions telles que le retour des allocations familiales pour tous, la révision de la loi Taubira, une Europe « plus respectueuse de la volonté des peuples », avoir une conception de l'immigration « moins fataliste que celle de Macron » et une vision de l'identité nationale « attachée aux racines judéo-chrétiennes ». A défaut d'adhésion, Sens commun menace de « mettre un terme au CDD conclu en 2013 avec les Républicains ». Sans pour autant accepter de franchir la « ligne rouge » et de se rapprocher de la droite hors les murs. Laurent Wauquiez participera au meeting de rentrée de Sens commun le dernier week-end de septembre à Asnières (Hauts-de-Seine).

Pour rappel, il faut être inscrit Sens Commun ou LR au 30 juin pour voter à la présidence LR.

Source : Boulevard Voltaire