On ne combat pas l’islamisme avec le Coran

Source [Causeur] La déclaration d’Islamabad de 500 religieux musulmans au Pakistan est pleine de bonnes intentions. Elle se prononce, à peu près, contre le terrorisme et le meurtre d’infidèles à l’islam, et les médias français qui l’ont relayée l’ont prise pour argent comptant. L’ennui, c’est qu’elle entend rejeter l’islamisme en lui opposant le Coran, alors qu’il en est la source…

500 responsables religieux musulmans pakistanais ont signé, le 6 janvier, la déclaration d’Islamabad, appelant notamment à mettre fin aux meurtres pour raisons religieuses, et faisant explicitement référence au cas d’Asia Bibi dont ils demandent une résolution rapide. Il y aurait beaucoup à dire sur la manière imprécise et naïve dont la plupart des médias occidentaux ont relayé l’information, mais il serait injuste de la dédaigner.

Un pas en avant

Cette déclaration n’a rien d’anecdotique : dans le contexte qui est le leur, ses signataires ne manqueront pas de s’attirer la colère des islamistes les plus virulents, et ils le savent. Les forces de sécurité du Pakistan ne pouvant escorter autant de personnes en permanence, ils risquent donc consciemment leurs vies. Même si j’ai de fortes réserves envers leur propos, je salue leur courage.

Je crois les signataires de cette déclaration sincères dans leur volonté de paix, et je ne mésestime pas ce que représente pour des oulémas et des imams l’affirmation selon laquelle une religion polythéiste, en l’occurrence l’hindouisme, est légitime dans leur pays – le cas d’une relative tolérance envers le judaïsme et le christianisme étant nettement plus classique. Je ne néglige pas non plus les différences culturelles considérables entre nos deux cultures, qu’il est nécessaire de prendre en compte pour bien saisir la force de la démarche et le mérite de ses auteurs.

Ne lynchez pas les infidèles… sauf si c’est légal

Il serait cependant absurde de croire que ce texte appelle à la tolérance religieuse et à la liberté de conscience au sens où nous l’entendons en Occident. Sans analyser chaque détail, citons tout de même quelques éléments.

Si le point 1 de la déclaration condamne très clairement les mises à mort pour raisons religieuses, le point 3 se limite aux condamnations à mort illégales.

Le point 2 interdit à tout responsable religieux de critiquer les prophètes, les califes, Mohammed et les Ahl al-Bayt, c’est-à-dire les membres de sa famille plus ou moins élargie et leurs descendants. Bien sûr, l’objectif est surtout d’empêcher tel ou tel courant islamique de décréter que les autres seraient hérétiques, et ainsi de limiter les tensions sociales. Reste que sur le plan de la liberté d’expression et de pensée, on a vu mieux.

Le point 6 demande la protection des non-musulmans en se référant à la charia. En clair, il évoque pour eux le statut de « dhimmis », c’est-à-dire de citoyens de seconde zone dont les droits sont certes garantis, mais aussi considérablement limités.

La résolution 1 déclare que « le Pakistan a toujours joué un rôle efficace pour garantir la paix en Afghanistan ». Quand on sait que le nord du pays sert de base arrière aux Talibans, et qu’on connaît le rôle plus que trouble de certains de ses services…

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