Le bien commun, grand oublié des politiques immigrationnistes

[Source : Les 4 Vérités]

Comme beaucoup de lecteurs le savent, je suis un catholique pratiquant et je n’aime donc guère l’idée de critiquer un message pontifical.

Malheureusement, des raisons mo­rales graves m’obligent à m’opposer au message du Pape pour la 104e journée des migrants, publié le 15 août dernier.

Je note d’abord que cette publication (fort peu urgente, puisque ladite journée sera la 14 janvier prochain) a eu lieu dans le contexte de la vague d’attentats qui a frappé l’Espagne et l’Europe.
Beaucoup de lecteurs en ont déduit – à tort ou à raison, mais personne, à Rome, n’a fait le moindre effort pour nous convaincre que c’était à tort – que ce message était une réponse à ces attentats.

Or, le Pape déclare dans ce message : « Le principe de la centralité de la personne humaine, fermement affirmé par mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI, nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité nationale. »

La référence à Benoît XVI (Caritas in Veritate n° 47) ne dit pas ce que le Pape François y lit. Et c’est logique, car ce principe est tout bonnement monstrueux.

Évidemment, il est souhaitable que l’Église défende la dignité de la personne humaine. Mais prétendre que cette dignité « nous oblige à toujours faire passer la sécurité de la personne avant la sécurité nationale » est absurde. Si c’était vrai, il faudrait donc sacrifier des millions de personnes à une seule, puisque la sécurité nationale est fondamentalement la sécurité de toutes les personnes constituant une nation.

Ce principe est également gravissime, en ce qu’il détruit toute notion de bien commun.

Il est fondamental que l’Église puisse s’exprimer dans le débat public. C’est ainsi que la liberté et la conscience sont nées en Europe, dans la stimulante confrontation entre spirituel et temporel. Mais cette confrontation exige que les deux pouvoirs partagent un minimum de culture commune et d’amour commun pour leurs sujets.

Or, ce message, dans ce contexte, laisse supposer que le Pape se moque éperdument des Européens victimes du terrorisme.

L’État islamique, qui pouvait déjà compter sur la lâcheté des politiciens européens, semble avoir acquis un nouveau et imprévisible soutien, en la personne du Pape qui semble inviter à une submersion migratoire toujours plus forte, au moment même où, dans le dernier numéro de sa revue, l’EI rappelle que son but ultime reste le Vatican !

Ce soutien est pour moi incompréhensible. Et ce que j’en comprends me semble, en outre, moralement répréhensible.

 

Guillaume de Thieulloy